« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 18 juillet 2018
Mer de la tranquillité
Le phénoménologue Eugen Fink, après avoir tenté longtemps de percer le caractère secret du Dasein — qui selon lui possède « la forme d'un labyrinthe avec une multitude de relations contradictoires » —, finit par jeter l'éponge pour se consacrer plutôt à la mort, avec son cortège de mouches bleues de la viande (Calliphora vomitoria) et de mouches grises (Sarcophaga carnaria).
Pour Fink comme pour l'homme du nihil, la mort est le phénomène fondamental. Mais contrairement à Heidegger qui ne pense la mort que par rapport à l'existence individuelle, Fink la voit comme un retour à une unité primordiale : « La mort dénoue les fils de l'haeccéité, elle casse la prison étroite de l'encapsulement dans le Moi : elle devient un sauveur, non pas parce qu'elle nous libère de la souffrance terrestre, de l'angoisse et du souci, mais parce qu'elle brise notre "finitude", et laisse entrer notre existence dans la mer de l'unité totale ».
C'est bien ainsi que l'envisage l'homme du nihil qui, plus hardi que Fink, ose nommer cette « mer de l'unité totale » : il s'agit selon lui... du Rien. Mais oui !
(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)
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