mercredi 18 juillet 2018

La liberté chez Duns Scot


« Un retraité d'Amiens, âgé de 74 ans, soupçonné d'avoir mortellement blessé sa compagne de 87 ans en la poussant dans un escalier, a été mis en examen et incarcéré. Le suspect a expliqué, durant sa garde à vue, que le fait qu'il eût une maîtresse avait été à l'origine de la dispute qui l'a finalement conduit à commettre son geste fatal. Il en avait "soupé" de ces reproches incessants, dit-il, et voulait simplement "retrouver sa liberté".

Heidegger a montré à propos de Kant que le problème de la liberté pouvait suivre deux chemins : celui d'une interrogation sur le mode de causalité de la volonté libre, et celui de la liberté morale, ou pratique, qui oriente la question de la liberté vers celle de la dignité humaine.

Mais ces deux chemins, c'est en réalité Duns Scot qui les a ouverts. D'une part, Duns Scot a vu dans la volonté "une puissance des contraires" agissant par mode de contingence ; d'autre part, il a reconnu dans la volonté un pouvoir de se donner au bien, ce qui définissait ultimement à ses yeux la volonté comme puissance libre. Avec Duns Scot, l'essence de l'homme n'est plus la raison mais la liberté — et c'est bien ainsi que l'entend également, semble-t-il, le retraité amiennois. » (Le Télégramme, 23 février 2011)

(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

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