« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 15 août 2018
Zinzolin moucheté
Dans les Carnets de Malte Laurids Brigge, le narrateur se remémore le moment où un lugubre morticole perfora avec une aiguille le cœur de son père défunt. Ce dernier, qui ne craignait rien tant qu'être enterré vivant, avait, peu avant sa mort, conjuré son fils de faire pratiquer cette opération.
Mais l'homme du nihil, lui, c'est à chaque instant qu'il se voit transpercé par le poinçon empoisonné de l'haeccéité. Et ce transpercement continuel fait de lui un « cadavre vivant » qui tente de dissimuler sa putréfaction dans les plis d'un habit zinzolin moucheté — qu'il a emprunté, faut-il croire, au Tchitchikov de Gogol.
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
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