vendredi 13 juillet 2018

Effet lénitif du stoïcisme et de l'idéalisme fichtéen


Il est 19 h 35 hier dimanche, quand des automobilistes appellent la police pour signaler qu'une femme déambule de manière inquiétante sur le viaduc de l'Anguienne, à Soyaux. À l'arrivée de la patrouille, la femme, âgée de 51 ans, est assise de l'autre côté de la rambarde, les pieds dans le vide, et s'apprête à sauter.

Un agent s'est alors approché d'elle et a commencé à lui parler pour la calmer, n'hésitant pas à passer lui aussi de l'autre côté du garde-fou.

Pour rassurer la quinquagénaire en détresse, il s'est mis en devoir de lui réciter des aphorismes de Marc Aurèle, d'Épictète et de Sénèque, ainsi que des extraits des Principes de la doctrine de la science de Fichte, ce qui a permis à deux de ses collègues de se poster derrière la désespérée. Mais celle-ci, qui commençait à trouver un peu louche tout ce stoïcisme mêlé d'idéalisme fichtéen, s'est soudain laissée glisser vers le vide. Le policier l'a alors retenue par le bras, permettant à ses collègues d'empoigner la maniaque et de la ramener de l'autre côté de la rambarde.

Saine et sauve, la quinquagénaire a été conduite au centre hospitalier de Girac. (Charente Libre, 4 mai 2015)


(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire