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jeudi 20 octobre 2022

Un être kafkaïen

 

C'est effrayant, quand on y pense, toutes les choses que le nihilique a en commun avec le pauvre Grégoire Samsa : lorsqu'il s'exprime, personne ne le comprend et il semble avoir « une voix d'animal » ; ses pattes produisent un liquide semblable à de la colle ; on lui lance des pommes ; la « réalité empirique » l'attaque et le ronge de l'intérieur, le laissant « tout plat et sec ». Et cætera, et cætera.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 13 octobre 2022

Bon esprit

 

Kafka se doutait sûrement que son ami Max Brod n'allait pas brûler les manuscrits qu'il lui avait confiés. Mais il lui a tout de même demandé de le faire et cela plaide en sa faveur — cela témoigne d'un « bon esprit ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 12 octobre 2022

Drilles

 

Kafka était un drille ; Cioran était un drille ; Thomas Bernhard, lui aussi un drille... Que des drilles ! — Terrible déception.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 11 octobre 2022

Navigation

 

Le yawl du nihilique est mû par la même force que la barque du chasseur Gracchus : le vent qui souffle dans les plus profondes régions de la mort. Comme ce vent est très instable, le zélateur du Rien utilise, pour équilibrer la poussée vélique, un tapecul dont l'écoute est fixée sur une queue de malet.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 4 octobre 2022

Épuisement du réel

 

Bien que la réalité empirique soit assez vaste, on finit par en faire le tour. L'impression qu'on en retire est que rien ne tient le coup. On est dégoûté de ce bazar et on voudrait tout envoyer au diable : les divinités pisciformes, les intestins purulents et jusqu'aux fastidieuses paraboles de Kafka.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

vendredi 13 mai 2022

Lieux de culture

 

L'homme du nihil ne fréquente pas les « lieux de culture ». Il n'a jamais aimé les « lieux de culture ». Il va même jusqu'à dire qu'il se les colle au prose, les « lieux de culture ». Jusqu'ici, la culture ne lui a apporté que des ennuis. Il aurait de beaucoup préféré être un « homme préhistorique » (comme les ancêtres de l'écrivain pragois Franz Kafka).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 11 mai 2022

Aïeux embarrassants

 

Aussi incroyable que cela puisse paraître, et quelque effort qu'il ait fait pour le dissimuler, l'écrivain pragois Franz Kafka avait dans sa lignée d'ancêtres des hommes préhistoriques !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 7 juillet 2021

La métamorphose


Un matin, au sortir d'un rêve agité, Grégoire Samsa s'éveilla au côté d'une mégère présentant un gonflement symétrique du visage qui lui donnait un faciès d'hippopotame pour le moins surprenant. Il lui fallut une bonne minute pour réaliser qu'il s'agissait de la « jeune fille en fleur » qu'il avait, dans sa fatidique insouciance, épousé vingt ans plus tôt.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 11 janvier 2019

Kafka et le « Suisse »


Les circonvolutions de l'excrément rappellent assez les étranges labyrinthes du Procès et du Château. Comme les récits de Kafka, le « cas » apparaît déroutant et inexplicable : c'est suffisant pour le destiner à faire fonction d'oracle. Par son obscurité même, il se prête aisément à l'exégèse et l'on croit deviner en lui l'allégorie incertaine, polyvalente, de secrets insaisissables et odoriférants.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 6 décembre 2018

Incipit sans suite


« Un matin, au sortir d'un rêve agité, Grégoire Samsa rencontra un sien labadens. »

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

vendredi 19 octobre 2018

Esprit de contradiction


Le suicidé philosophique est comme ce prisonnier qui, voyant que l'on dresse un gibet dans la cour, croit que c'est à lui qu'on le destine, s'évade la nuit de son cachot, pénètre dans la cour et se fracasse la tête contre la muraille après s'être gargarisé, en guise de poison mortel, du vocable « reginglette ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 5 juillet 2018

Un beau roman


Le roman remarquable que constitue la vie de l'homme du nihil rappelle l'univers de Sadegh Hedayat : la folie, la déchéance physique et morale ainsi que l'horreur de l'haeccéité sont en effet des thèmes clefs de l'existence nihilique.
Par ailleurs, la solitude du héros et son travail répétitif dans une banque font de lui une sorte de cousin du Joseph K. de Kafka. Mais dans son cas à lui, ce sont des crises de panique existentielle consécutives à la lecture de Heidegger qui précipitent sa descente aux enfers.

Comment ne pas recommander, et très chaudement, ce roman injustement méconnu, à l'atmosphère intensément bourboulienne — au sens que donnait à ce mot le philosophe Max Scheler (Le phénomène du tragique, 1915) ?


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

dimanche 24 juin 2018

Malaise dans la civilisation


Il existe, on le sait, une grande variété de techniques pour se nettoyer le fondement, une fois accompli le « Grand Œuvre » : papier, pierres suffisamment lisses, feuilles, épis de maïs, boules de terre, branches, etc. Depuis l'aube des temps, l'homme, saisi d'on ne sait quel sentiment de culpabilité, étouffe sans bruit les traces de l'excrément, de la même façon que, dans la Colonie pénitentiaire de Kafka, le tampon de feutre placé sur la machine à tuer doit étouffer les derniers râles du condamné.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

dimanche 20 mai 2018

Un homme qui dort


À Constance, Martin Heidegger est malheureux. Le séminaire est une ruine, la ville est sinistre ; quand il ne pleut pas, on est dévoré par les aoûtas, et les religieux sont de patibulaires canailles.

L'ennui le dévore, il ne digère plus, il ne dort plus, il ne respire qu'avec peine, et la vie est pour lui un supplice. Par chance, il tombe sur un roman de Georges Perec, Un homme qui dort, et ce portrait d'une solitude urbaine, autant inspiré par Kafka que par le Bartleby de Melville, l'aide à tenir le coup. Il développe une véritable passion pour le « chantre de l'absence douloureuse » et dévore tous ses ouvrages dès leur parution, ce qui accroît encore cette susceptibilité nerveuse qui s'était annoncée dès sa première enfance. À quatorze ans, il a déjà conçu une forte haine de la fastidieuse « réalité empirique » qui forme l'arrière-plan de l'existence humaine, et une inclination non moins forte pour l'ontologie critique.

En 1906, ses parents, horrifiés de sa taciturnité, de sa morosité, de son aversion pour la société, le font transférer au petit séminaire de Fribourg.


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)

vendredi 11 mai 2018

Preuve du pudding


« Car comment pourrait-on, fût-ce même en qualité de rien, se donner en toute conscience au rien, et non seulement à un rien vide, mais à un rien bouillonnant dont la nullité consiste uniquement en ce qu'il est incompréhensible ? » — Et pourtant on le peut, cher ami. On le peut, grâce, par exemple, à un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe, ou à une simple corde de violoncelle. Mais oui !

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)