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mercredi 30 mai 2018

Pourquoi le suicide


De nombreux auteurs, anciens et modernes, ont cru trouver le point de départ de l'homicide de soi-même dans le sentiment d'inconfort, d'« intranquillité », qui naît de la lecture des œuvres de Georges Perec.

Si vraiment cette explication est la bonne, ne serait-il pas urgent de tenter d'entraver la propagation de cette « littérature » et, par ce moyen, l'apparition des phénomènes morbides auxquels elle donne naissance ?


(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

jeudi 24 mai 2018

Un gymnosophiste en manchettes


Quel étrange personnage que le majordome Nestor ! Est-il un antiphysique refoulé ? Un adepte de la macération qui se complaît dans un état humiliant ? Est-il atteint de démence précoce ?

Selon les psychiatres, le principal symptôme de la démence précoce est le désintérêt. Or Nestor semble justement n'avoir aucune préoccupation d'avenir individuel ou social, il paraît complètement indifférent à sa situation. Les études l'ennuient, les jeux, le sport ne le passionnent pas, la nature à ses yeux est terne et grise, et il accueille les grands événements avec froideur, comme s'ils appartenaient à l'histoire ancienne. Quand son service le contraint à adresser la parole au capitaine Haddock ou à Tintin, on a l'impression qu'il se dit : « Nous parlons ensemble, mais cela me semble irréel, je suis en dehors de toute pensée humaine. Ma pensée est illusoire ; elle me reste étrangère, etc. ».

En un mot, il a tout l'air d'avoir été intoxiqué par l'hindouisme ou par les romans de Georges Perec. Dans tous les cas, il n'est certainement pas « franc du collier ».


(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

dimanche 20 mai 2018

Un homme qui dort


À Constance, Martin Heidegger est malheureux. Le séminaire est une ruine, la ville est sinistre ; quand il ne pleut pas, on est dévoré par les aoûtas, et les religieux sont de patibulaires canailles.

L'ennui le dévore, il ne digère plus, il ne dort plus, il ne respire qu'avec peine, et la vie est pour lui un supplice. Par chance, il tombe sur un roman de Georges Perec, Un homme qui dort, et ce portrait d'une solitude urbaine, autant inspiré par Kafka que par le Bartleby de Melville, l'aide à tenir le coup. Il développe une véritable passion pour le « chantre de l'absence douloureuse » et dévore tous ses ouvrages dès leur parution, ce qui accroît encore cette susceptibilité nerveuse qui s'était annoncée dès sa première enfance. À quatorze ans, il a déjà conçu une forte haine de la fastidieuse « réalité empirique » qui forme l'arrière-plan de l'existence humaine, et une inclination non moins forte pour l'ontologie critique.

En 1906, ses parents, horrifiés de sa taciturnité, de sa morosité, de son aversion pour la société, le font transférer au petit séminaire de Fribourg.


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)

Un être hircin


« Les grandes cornes qui surmontent la tête du bouc, et la longue barbe qui est suspendue à son menton, lui donnent un air bizarre et équivoque qui n'est pas sans rappeler celui de l'écrivain Georges Perec. Le bouc a cependant ceci de supérieur sur le "chantre de l'absence douloureuse", c'est qu'il ne compose pas d'indigestes et puérils lipogrammes. » (Georges-Louis Leclerc de Buffon, Œuvres complètes, tome 3, Furne & Cie, Paris, 1842, page 602)

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

vendredi 11 mai 2018

Conseils à un hypocondriaque


Vous êtes jeune, en relativement bonne santé, mais l'ennui vous dévore, votre intelligence s'affaiblit, vous ne digérez plus, vous ne dormez plus, et la vie est pour vous un supplice. Vous voulez, dites-vous, quitter la ville, vous soupirez après la campagne, mais vos habitudes paresseuses vous retiennent dans votre « cagibi rienesque ». 

Pour dissiper cet état d'inertie, vous appelez en vain à votre secours le café, l'alcool, les romans de Georges Perec. Ces excitants vous réveillent un moment, puis vous jettent dans une stupeur léthargique. 


Pitoyable mollusque ! Protiste tératogène ! c'est votre vie entière qu'il faut réformer. Certes, ce n'est ni sur les quais de la Seine, ni au jardin du Luxembourg que vous trouverez un remède à vos maux. Mais ce n'est pas non plus dans l'air raréfié des montagnes, ni dans la riante campagne où le vent fait plier les moissons, où les jolis chemins sont bordés de pommiers, et où les petits liserons montrent leur corolle d'un rose si doux. Non, aux doubles-vécés tout cela ! C'est dans l'homicide de soi-même, cher ami, que vous trouverez enfin le repos 1.


1. Dix grammes de taupicide, en une seule prise.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

mercredi 9 mai 2018

Lipogramme fatal


Ce lundi matin vers 5 heures, une dame âgée de 80 ans est morte après être passée sous les roues d'un poids lourd, rue des Tulipes, à Hautmont. Comme la procédure le veut, le chauffeur a été placé en garde à vue. Il en est ressorti en milieu d'après-midi, sans faire l'objet de poursuites.

Le scénario commence à se dessiner. La victime, qui habite le quartier, a voulu mettre fin à ses jours. « Il n'y a pas de doute là-dessus, elle nous a laissé un mot où elle demande pardon. Elle était en dépression suite à la lecture d'un roman de Georges Perec », racontent ses proches. Le lit médicalisé sur lequel se trouvait la dame était situé en face d'une fenêtre d'où l'on pouvait voir le camion. Avec sa couverture, la victime est sortie pour se placer elle-même sous les roues du poids lourd. (La Voix du Nord, 19 septembre 2017)


(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)