jeudi 25 avril 2019

Dévoilement par le Rien


On entre dans le steppe insondable du pachynihil quand on cesse de croire comprendre : « La compréhension, dit Musil, fait place à un étonnement inépuisable, la moindre expérience (ce flacon de taupicide...) devient incomparable, unique au monde. » C'est cela que dévoile l'idée du Rien : un terrain devenu invisible tant nous l'avons recouvert de pathétiques et dérisoires décors.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 24 avril 2019

Caractère funeste du « Suisse »


« Quant à l'excrément, je crois que le démon ne pourrait pas susciter un hérésiarque plus funeste que ce pontife. » (Rosemonde Gérard, Méditations poétiques)

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Page de journal


12 mai. — Démocrite fait de la terre un large disque creusé dans son milieu.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

       Faites comme l'odieux Mitrand !
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Alternative au langage philosophique


Impropre à exprimer le « sentiment de la vie », le langage philosophique, étant nécessairement conceptuel donc abstrait, s'est de plus en plus écarté de l'existence concrète, de l'expérience vécue. Incapable de se dire, de s'exposer, la « vie intérieure » alors s'efface, devient aussi inconsistante que celle d'un « ouaouaron féru de l'apostrophe hurluberlue » (Jutique), ou bien elle explose en ces « balbutiements sacrés » que produit le revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe. — L'homicide de soi-même ! Existe-t-il langage plus expressif et contondant ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Opiniâtreté nihilique


Les dérisoires manigances du viscère n'entameront pas notre détermination : nous n'accomplirons rien.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Manque d'imagination


11 mai. — Selon Esquirol, les désespérés ont tendance à employer, pour exécuter leur funeste dessein, l'instrument qui leur est le plus familier : les militaires et les chasseurs se brûlent la cervelle ; les perruquiers se coupent la gorge avec le rasoir ; les cordonniers s'ouvrent le ventre avec le tranchet, les graveurs avec le burin ; les blanchisseuses s'empoisonnent avec la potasse et le bleu de Prusse, ou s'asphyxient avec le charbon, et cetera, et cetera.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

mardi 23 avril 2019

Interlude

Jeune fille lisant la Nostalgie de l'infundibuliforme de Robert Férillet

Bas les masques


La « raison pure » prétend nous protéger de la présence inquiétante, sauvage du Rien : « Nous avons figé, épaissi les notions abstraites et les avons finalement confondu avec l'insaisissable réel », affirme Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain. Embrasser le pachynihil consiste à enlever ce masque, à rejeter cette réalité familière, mais mensongère, et à nous mettre en présence des « choses mêmes » (pour parler comme Husserl). C'est là un geste spécifiquement métaphysique ! L'idée du Rien s'impose alors comme un regard neuf (ou un retour à un très ancien regard) qui, au lieu d'éloigner, rapproche — de l'infini infundibuliforme.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Règle numéro 15


Être contondant.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Phycis


10 mai. — Guillaume Morel écrit que « le phycis de Pline est un poisson de mer que nous nommons mole, et les Vénitiens lepo ».

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant Prière d'incinérer. Dégoût de Luc Pulflop

Incomplétude et glomérulosité du réel


« Étrange réalité ! Quelque chose semble manquer en elle... » (Erwin Schrödinger, L'esprit et la matière, p. 191) — Ce jugement est confirmé par Gragerfis qui précise dans son Journal qu'« il a toujours trouvé à la réalité empirique quelque chose de louche et même de gloméruleux ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 22 avril 2019

Inferno


L'enfer, ce sont les gros viscères anonymes de la matière.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Une abominable gastronomie


9 mai. — Malinowski raconte qu'aux îles Trobriand (dans le Pacifique), les enfants d'un homme « décédé » le déterrent après plusieurs semaines, ouvrent sa jambe en décomposition et sucent la moëlle du tibia.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant l'Océanographie du Rien de Raymond Doppelchor

Étonnement


À chaque instant, l'étonnement rajeunit le regard : « rester là comme un enfant à m'étonner et me réjouir en silence quand je suis dehors sur la plus proche colline » : telle est pour Hölderlin l'attitude du poëte. Et de même l'homme du nihil :

      « n'importe quoi me surprend : une touffe d'herbe sous des
      arbres, l'ombre, la couleur pâle, presque surnaturelle, du
      pachynihil, la temporalité du temps, la mortalité de
      l'être mortel, l'haeccéité... »


Eh oui, cher homme du nihil. L'idée du Rien a le pouvoir de nous faire redevenir des enfants émerveillés et joyeux. Mais il arrive que s'y mêle le sentiment du mystère, et même la sorte de crainte qu'inspire toute rencontre authentique avec l'« absolu ténébreux ». Alors... achtung bicyclette !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Cœnure


Au dire de Gragerfis, le cœnure serait la larve d'une espèce de ténia vivant dans le cerveau des moutons et dans la cavité viscérale des lapins.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Garum


8 mai. — Rondelet (De piscibus marinis, p. 141) parle d'une espèce de garum que l'on préparait de son temps, en laissant fondre des picarels dans la saumure, et dont il avait goûté d'excellent chez le célèbre évêque de Montpellier, Guillaume Pélicier ; mais on n'en trouve pas mention dans les auteurs plus modernes, et il ne semble pas que l'usage s'en soit conservé.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

dimanche 21 avril 2019

Interlude

Jeune fille lisant les Pensées rancies et cramoisies de J. Zimmerschmühl

Questions de granit


La constatation du Rien (Claudel l'a dit en termes inoubliables) est en relation avec une certaine réalité démesurée, non mesurable, qui échappe aux « mouches molles du savoir » (Jutique). Toute révélation du pachynihil naît de la rencontre avec une démesure qui déchire le Dasein et l'ouvre à l'« infini infundibuliforme » (Banquine) ; elle naît de l'étonnement et de l'incertitude. C'est pourquoi la « philosophie » de l'homme du nihil est toute pleine de points d'interrogation, de ces questions à la fois frivoles et pondéreuses — que Gragerfis appelle des « questions de granit » — celles que posent à la fois les fous et les métaphysiciens et auxquelles il n'y a de réponse qu'ailleurs.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Fatalitas !


Le boyau culier est comme une antichambre de l'inéluctable.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Page de journal


7 mai. — Sous Psamménit, fils d'Amasis et son successeur, le cruel Cambyse, roi de Perse, envahit l'Égypte, tua le roi et les principaux citoyens, exerça partout une égale fureur et y mit le comble par le meurtre sacrilège du bœuf Apis.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant Georges Sim et le Dasein de Maurice Cucq

     Dans cet opus, le pénétrant Maurice Cucq éclaire d’un
     radical quinquet la passion que nourrissait Simenon pour
     la philosophie, et tout particulièrement pour l’infernale
     créature heideggérienne, le fameux « Dasein ».

          En vente ici au prix de 6 €.

     « A real page-turner ! » (The New York Review of Books)


Une idée vivifiante


L'idée du Rien n'est pas un jeu, un divertissement en marge de la vie : elle nous est indispensable ; elle nous ranime en débrouillant nos relations avec la « réalité empirique ». Bref, elle nous rend à nous-mêmes en même temps qu'elle nous ramène à notre vraie patrie : le pachynihil.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Bouffonnerie de l'ipséité


Être ceci ou cela, quel grotesque !

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Un « roi de la déconne »


6 mai. — Xénophane croit que, par ses parties inférieures, la terre a jeté des racines à une profondeur infinie, et qu'elle est un composé d'air et de feu.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

samedi 20 avril 2019

Interlude

Jeune femme lisant le Monocle du colonel Sponsz de Hermann von Trobben

    Avez-vous jamais eu l'impression que « rien n'a de sens » ?
    Vous en trouverez confirmation en lisant Le Monocle du
    colonel Sponsz de Hermann von Trobben !

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    Un livre JEUNE !


Phares


Les suicidés philosophiques sont les médiateurs du « lointain » ; ils ont, comme disait Vigny, le « regard tourné vers l'horizon [du Rien] » ; ils nous entraînent ainsi au-delà de nous-mêmes. Leurs œuvres fulgurantes et brutales sont « de petites lanternes où brille le reflet du pachynihil » (Gragerfis), lumière qui nous attire, nous appelle parce qu'elle est accordée à ce qu'il y a en nous de plus secret. C'est pourquoi « tout homicide de soi-même s'ouvre comme une porte, comme une fenêtre », nous aidant à respirer mieux.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)