dimanche 15 novembre 2020

Un terrible destin

 

L'état du nihilique ressemble à celui d'un ver qu'on écrase. Réduit à la condition des morts, il est enfermé dans la « réalité empirique » comme dans un tombeau. Dans son Journal d'un cénobite mondain, Gragerfis dit qu'il est « semblable au vil lambeau d'une ceinture pourrie » (d'autres auteurs le comparent à un tas d'ossements desséchés). Son malheur est sans ressource et sa plaie incurable, car malgré ses efforts pour adhérer à quelque chose, il n'est pas fichu de sortir de l'idée que rien n'est.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 1 novembre 2020

Haeccéité

 

« Si j'ai la sensation d'être pourvu de caractéristiques, matérielles et immatérielles, qui font de moi une chose particulière, me voilà renfrogné, malplaisant et inaccessible. » (Montaigne, Lettre à Étienne de La Boétie)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 30 octobre 2020

Déréliction

 

L'homme du nihil définit notre époque « le temps de la déréliction » : Dieu s'est détourné de nous et nous laisse à notre destin, celui de créatures du pachynihil. Il ajoute que la prétendue « réalité empirique » n'est qu'un attrape-nigaud et que « tout pue ». Cependant, « malgré mon pessimisme bien connu, je ne suis pas désespéré », affirme-t-il. Mais d'après Gragerfis, il bluffe.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 26 octobre 2020

Extrémité d'affliction

 

Dans la violence de la douleur que nous inflige la cauchemardesque « réalité empirique », à qui pouvons-nous avoir recours, si ce n'est à la puissante et invincible protectrice des personnes affligées, l'idée du Rien ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 24 octobre 2020

samedi 17 octobre 2020

Leçon de ténèbres


La vie de l'homme du nihil est une leçon de ténèbres que la jeunesse insouciante serait bien inspirée de méditer (et même — si ce n'est pas trop demander — de réciter à chaque nocturne des matines).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 16 octobre 2020

Radical


Pessimiste, comme Hobbes, sur la nature humaine, l'homme du nihil prône le taupicide comme remède à la méchanceté naturelle des hommes (au lieu d'un « contrat social » générateur de droits et de lois). — Dix grammes, en une seule prise.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 14 octobre 2020

Propos de comptoir


« Mimile, j'ai idée que la vie est un genre de boustrophédon.
— Ouais. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 12 octobre 2020

Un terrible constat

 

D'après le naturaliste Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse — qui savait de quoi il parlait pour avoir méthodiquement observé les mammifères et les oiseaux dans le département de la Haute-Garonne —, « la femme se distingue des autres êtres organisés par une acariâtreté et une mauvaise foi qui défient l'imagination. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 5 octobre 2020

Lichen

 

L'idée du Rien a des rapports avec l'hypne prolifère, mais elle est plus élégante et plus filiciforme. Au surplus, elle conduit plus souvent que ce végétal — cette « mousse cosmopolite » — à envisager l'homicide de soi-même comme un remède à l'amertume d'exister.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 30 septembre 2020

Méchanceté gratuite

 

Comme celle de la « réalité empirique », la méchanceté de la femme est mesquine, froide et, ce qui est plus effroyable encore, gratuite.
 
(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 27 septembre 2020

Triste engeance


Chez la femme se trouve toujours un trait de vilenie — comme dans les portraits de Goya (au dire de Théodore Hetzer).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 9 septembre 2020

lundi 7 septembre 2020

Courroux

 

La bêtise compacte qui caractérise son époque fait de l'homme du nihil un être constamment courroucé. Et quand il rencontre des vocables tels que racisé, intersectionnel ou non-genré, son courroux dépasserait même, au dire de Gragerfis, celui qui s'empara de Philippe VI quand il apprit que les Anglais avaient traversé la Somme !

(Fernand Delaunay,
Glomérules)

samedi 18 juillet 2020

L'illusion du viscère


L'homme qui va de médecin en médecin car il se sent malade oublie qu'il est lui-même son meilleur thérapeute — à condition d'avoir compris que rien n'est — et en particulier l'odieux viscère.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

dimanche 12 juillet 2020

Conseil malvenu


Un jour, alors qu'il promenait son chien, l'homme du nihil apostropha un « jogger » en ces termes : « Arrête ! Où cours-tu donc — quand le Rien est en toi ? En le cherchant ailleurs, tu le manques à coup sûr. » — Mais tout ce qu'il récolta fut un regard noir et une « épithète disconvenable ».

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

jeudi 2 juillet 2020

Didactisme nihilique


Le mérite de l'homme du nihil ne tient pas simplement en ce qu'il a placé aux propylées de son acropole l'effigie grandiose du pachynihil. Par un procédé toujours identique de scissiparité des images — margouillis exophtalmique, clafoutis de hasard, zérumbet zététique, etc. — et des concepts — taupicide, monstre bipède, reginglette, etc. —, il a réussi à imposer une représentation du Rien centrée essentiellement autour des notions énergétiques et dynamiques.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 27 juin 2020

Énergies ignées vs. pachynihil


Un jour que Gragerfis évoquait devant lui l'importance des « énergies ignées » dans ce qu'il est convenu d'appeler le « monde moderne », l'homme du nihil lui répliqua vertement : « Les énergies ignées peuvent bien englober le monde, le pachynihil le pénètre librement jusqu'en ses rouages les plus subtils. »

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

vendredi 19 juin 2020

Couteau de Lichtenberg


Un aphorisme fameux de Lichtenberg mentionne « un couteau sans lame auquel manque le manche ». Si on l'étudie avec attention, on constate que cette formule contient un paradoxe, car un couteau ne saurait se composer d'autre chose que d'une lame et d'un manche. Nous sommes donc en présence d'une métaphore du pachynihil.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

Interlude


Jeune femme lisant la Mathématique du néant de Włodzisław Szczur

lundi 15 juin 2020

Circularité du Rien


« Le Rien est rond comme la roue d'une berouette » écrit l'homme du nihil à André Salmon. Et il ajoute : « Rien mieux que le cercle ne peut abriter cette polysémie énergétique qui caractérise le pachynihil. Enfin, n'est-il pas évident que le Rien forme un tout, à l'instar d'une roue ? D'une part, il enferme en lui-même, comme une circonférence, tout sans restriction ; il transcende tout, personne ne peut le fragmenter, ni le compléter. D'autre part, il tourne sur lui-même, comme une roue, car il opère sans cesse à l'intérieur de la sphère de sa propre révélation. »

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

vendredi 12 juin 2020

Genèse


« Or le pachynihil vit qu'il y avait, du côté de l'Aquilon, une place vide et qui ne servait à rien, et il voulut y installer le siège de sa puissance pour opérer une création plus abondante que celle de Dieu, sans connaître la volonté qu'avait celui-ci de créer toutes les autres créatures. Et c'est ainsi que du néant fut tiré le fameux "autrui" du philosophe Levinas, autrement dit le monstre bipède. »

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

jeudi 4 juin 2020

Astrologie nihilique


L'une des « idées » de l'homme du nihil vient tout droit des astrologues de l'Antiquité, par le relais de Bède le Vénérable : il s'agit de déterminer la probabilité qu'un individu en arrive — par désespoir ! — à prendre du taupicide, d'après le quantième de son jour de naissance dans le cycle lunaire !

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

Interlude


Jeune femme lisant la Mélancolie bourboulienne de Léon Glapusz

jeudi 28 mai 2020

Paradoxe du crocodile


Un crocodile s'empare d'un bébé et dit à la mère : « Si tu devines ce que je vais faire, je te rends le bébé, sinon je le dévore. » En supposant que le reptile soit digne de confiance, que doit dire la mère pour qu'il lui rende l'enfant ? La réponse usuelle fournie par les individus de tendance « nihilique » est : « rien n'est ». Le crocodile se trouve alors dans l'impossibilité de dévorer quoi que ce soit — puisque lui-même n'est pas. Mais une réponse plus subtile est : « reginglette ». Le saurien, complètement dérouté, perd ses moyens et prend ses jambes à son cou.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

jeudi 21 mai 2020

Vivant


L'homme se croit « vivant » parce qu'il parle, écrit, crée des concepts, manie la brouette, charroie des cailloux et fait des plates-bandes... Mais un tel mode d'existence est larvaire car terriblement limité. Ce n'est qu'après qu'il a vu le pachynihil que les énergies transfiguratrices qu'il porte en lui jaillissent et deviennent opérantes. De nouveaux sens se forment ainsi que des organes subtils. L'homme retrouve son unité primordiale et s'équilibre dans son corps, son âme et son esprit. Le voici, grâce à l'idée du Rien, affranchi de la morsure des événements provenant de la « réalité empirique », qui auparavant le rendaient comparable à une épave ballottée par les flots.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)