dimanche 18 juin 2023

Du beau ! Du sublime !

 

Le pire qu'il puisse arriver à un écrivain, c'est d'être lu. Surtout par des pochetées qui s'amusent à lui saper le moral en lui disant que ce qu'il écrit est « très beau et très fort », « d'une beauté transcendante », ou encore « lucide, sublime et bouleversant ». S'il n'arrête pas d'écrire après ça, c'est qu'il en tient une bonne couche.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un volucre superlatif

 

Plus véloce qu'un pouillot, plus fascié — et plus pupulant ! — qu'une huppe, plus proyer qu'un bruant, plus à gorge blanche qu'un rougequeue, le nihilique est la quintessence des oiseaux de nos campagnes. Dans ses rêveries d'un promeneur solitaire, tout au moins.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

samedi 17 juin 2023

Mieux que le jus de pruneau

 

Avec l'homicide de soi-même, finis les problèmes de constipation (conceptuelle et autre).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Vie machinale

 

Il faudrait pouvoir vivre machinalement. Sans y penser. Comme Henri Michaux dans ses bons jours. Mais lui était belge. Quand on est de Bezons, c'est une autre histoire.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Ce cher visage du passé

 

Que reste-t-il des billets doux ? Hein ? Et des mois d'avril ? Et des rendez-vous ? Quand on est un « vieux jeton » ? C'est simple : il en reste peau de révérence parler zob. L'impression malaisante d'avoir été pris pour un couillon. C'est tout.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Les polyèdres

 

En société, il faut faire très attention, on a vite fait de passer pour un original — ou pis ! — si on ne surveille pas ses paroles. Mais heureusement, dans le secret de son « conscient intérieur », on peut faire l'andouille tout son saoul, on peut proclamer que le réel est zingibéracé, l'infini infundibuliforme, etc. Pourtant, il y a des gens, on mettrait sa tête à couper qu'ils ne font jamais les andouilles, même intérieurement. Ça fait un peu peur, des gens comme ça.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

vendredi 16 juin 2023

Ponérologie

 

« Dans le vocabulaire de la théologie, le terme ponérologie désigne l'étude du mal. Et surtout de la genèse du mal.
— Sans blague ? Et ça se fait comment, cette étude ?
— Ça consiste surtout à observer les personnes du sexe. Elles sont toujours à tramer quelque chose, tu vois.
— Ah.
— Ouais »
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Tentation d'exister

 

Le nihilique, c'est bien simple : moins il existe, plus l'existence le fait chier. D'ici à ce qu'il décide de changer son fusil d'épaule et succombe à la « tentation d'exister », comme Mimile... Mais non.... Il ne faut quand même pas pousser grand-mère dans les orties... Il ne va pas se mettre à écrire des aphorismes. C'est déjà assez gênant.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Littérature bovine

 

Albert Cohen n'est pas tellement fameux comme écrivain, mais il a traité Marguerite Yourcenar de grosse vache, et ça, c'est quand même quelque chose. « Comment une pareille grosse vache, et aussi moche, peut-elle écrire ? » a-t-il dit, exprimant tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Corinne ou l'Italie

 

N'est-ce pas Madame de Staël qui a dit : « Aux sites de Bologne, je préfère les mines de Pompéi » ? — Finalement non, ce n'est pas Madame de Staël. Mais ç'aurait pu. Car elle était assez portée sur la chose, paraît-il.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

jeudi 15 juin 2023

Pauvre Leopardi

 

Le moins qu'on puisse dire, c'est que la vie n'a pas été tendre avec le poëte Leopardi. Il était bossu, souffreteux, et personne n'en avait rien à foutre de ses poëmes. Souventes fois, il était complètement découragé et il disait qu'il était « mûr pour la mort ». Ce qu'il lui aurait fallu pour supporter tout ça, il n'y a pas de doute, c'est un petit coup de « vermouth des intrépides », mais dans la maison familiale de Recanati, il n'y avait pas plus de Vulcani que de beurre au prose. Le poëte a quand même réussi à tenir jusqu'à trente-huit ans, on se demande comment. Sombre amant de la mort, pauvre Leopardi !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Le recours aux Mahatmas

 

Perclus de solitude, incapable de « trouver le joint » avec ses congénères qui tous croient dur comme fer au « quelque chose » —, le nihilique fait comme Madame Blavatsky : il entretient des communications avec des Mahatmas plus ou moins invisibles.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Une pensée familière

 

Deux ou trois fois par semaine, l'idée de l'homicide de soi-même, sympathique et fraîche comme une barrique de muscadet, surgit dans notre « conscient intérieur ». Au début on est un peu décontenancé, puis on s'y fait, puis on l'attend comme une vieille amie.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un odoriférant cachot

 

Au dire du Dante, la deuxième bolge de l'enfer se signalait par une odeur excrémement désagréable car les adulateurs et les flatteurs y étaient plongés dans un fleuve de révérence parler merde.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mercredi 14 juin 2023

Un Pessoa de Ploubezre

 

La vie du nihilique avait été si terne, si étriquée, si dépourvue d'événements, qu'il se croyait en droit de dire « avoir commis tous les crimes, hormis celui d'exister ».
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Effondrement inopiné du Grandiloque

 

Le « Grandiloque des Carpates » Émile Cioran paraissait infatigable dans la négation. Il décochait ses flèches avec la vigueur d'un chaman hurluberlu de Lambayeque. Son ami Ionesco vantait ses qualités de « finisseur » et chacun s'attendait à le voir clouer le bec à l'être une bonne fois pour toutes. Hélas ! Vaincu par la démence sénile, il ne put « terminer en costaud » !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un salop capable de tout

 

Il arrive au nihilique d'envier « l'homme de la Nature et de la Vérité ». Ce dernier, c'est évident, se sent dans le réel comme un poisson dans l'eau. Il s'y déplace sans encombre et sans angoisse. Il est même capable de conduire un break !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

L'intelligence des électriciens

 

Dans sa chanson Gelato al limon, le chanteur Paolo Conte parle d'une femme qui entre dans sa vie « avec une valise de perplexité » (con una valigia di perplessita). Ému par sa détresse, il se propose de lui offrir « l'intelligence des électriciens » (l'intelligenza degli elettricisti). On comprend qu'il veut lui enseigner la loi d'Ohm et les lois de Kirchhoff, mais la connaissance de ces lois suffira-t-elle à tirer la malheureuse de l'angoisse quasi kierkegaardienne où elle est plongée ? Et n'oubliera-t-elle pas de « mettre à la terre » ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mardi 13 juin 2023

Un personnage du genre collant

 

Dans Crime et châtiment, Semion Zakharovitch Marmeladov est un petit fonctionnaire dont l'alcoolisme entraîne sa famille dans la misère. Comble de déchéance, il passe par les trous de la tartine ! Ces trous, avec du beurre, Raskolnikov parvient à les boucher, mais ça ne sert à rien, c'est un leurre. Car l'infortuné Marmeladov coule par les côtés !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Coup de foudre

 

Georges Hegel marchait au bord de la piscine tandis que le concept sommeillait dans un transat. Ils se sont vus, ils se sont souri, il n'a rien fallu de plus.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Ornithologie

 

Disciple de William Henry Hudson, le nihilique parcourt à cheval la « réalité empirique » pour observer les oiseaux. Il s'est muni d'une lunette, d'une gourde et d'un carnet, mais tout ce qu'il voit, c'est de la merde ! Il avait déjà échoué avec l'intelligentsia viennoise, et maintenant les oiseaux ! Il y a de quoi être furax. N'y a-t-il donc rien d'autre à voir que de la merde, dans cette « réalité empirique » ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Diable de Papini

 

Il est de bon ton de prétendre que la femme est un être humain comme vous et moi, mais en réalité, tout le monde le sait, c'est un diable — un diable de Papini.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

lundi 12 juin 2023

Au trou

 

Il n'y a pas que Silvio Pellico, le nihilique aussi a ses prisons : le Moi, le temps, le vocable reginglette... Mais n'est-ce pas le cas de tout homme ? Qui pense et qui sent ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Répudiation du dernier Nietzsche

 

Le 17 novembre 1969, le « négateur universel » Émile Cioran décida qu'il n'aimait plus le dernier Nietzsche (sauf Ecce Homo). La mégalomanie, ça allait cinq minutes, mais trop c'était trop. Aux doubles-vécés, le dernier Nietzsche (sauf Ecce Homo) ! Cependant, hésitant comme à son ordinaire, le Grandiloque se demanda s'il n'était pas en train de « déconner ». Il sollicita donc l'avis d'Ionesco. Celui-ci, qui était en train de manger une côtelette de veau — toujours son goût de l'absurde ! —, le rassura. Lui non plus ne pouvait pas piffrer le dernier Nietzsche. Tout allait bien. La vie pouvait continuer.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Séduction impossible

 

Pour séduire une personne du sexe, il faut faire « jore » qu'on s'intéresse à sa « personnalité ». Mais c'est justement ce qui est impossible !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Sale coup

 

Comme Marcel Duhaut, le nihilique sent qu'il a été promis — mais par qui ? le pape François ? la reine d'Angleterre ? — à l'amertume de vivre.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

dimanche 11 juin 2023

Pyrotechnie pétalière

 

En mai, quand les branches des pommiers sont couvertes de fleurs, c'est un véritable feu d'artifice de pétaux.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un virtuose du triclarynthe

 

Par excellence, le triclarynthe est l'instrument du Rien. On en tire des sons déchirants. Le nihilique l'emploie pour accompagner ses mélopées qui, quant au lugubre, rivalisent avec celles de la fille Gréco.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Alles in Ordnung ?

 

L'être humain fait « jore » que tout va bien, mais il vieillit, il perd ses cheveux et ses dents, et il finit même par clamecer (sans parler des cruels panaris qu'il a pu attraper le long du chemin). C'est ça, « tout va bien » ? Eh ben moïeux !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)