mercredi 6 avril 2022

Un placement sûr

 

Être vivant, c'est toujours se trouver dans une situation fausse. Tandis qu'être mort... il n'y a pas position plus solide. La mort est ce que les cambistes appellent une « valeur refuge » (avec elle, on est certain de ne pas « se retrouver en slip »).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Cri du cœur

 

Les dernières paroles de l'homme du nihil : « Me faire ça, à moi ?! » — À tort ou à raison, il s'est toujours pris pour quelqu'un de spécial — et il est indéniable que la mort manque parfois de tact.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 5 avril 2022

Pied de nez

 

Mourir, c'est une façon de montrer son révérence parler cul au reste de l'humanité (à tous ces affreux qui persévèrent dans l'être).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Au secours

 

Le vocable reginglette — et parfois, dans une moindre mesure, celui zingibéracé — joue pour l'homme du nihil le rôle que Simone Boué a joué pour Cioran : celui d'un instrument de sauvetage. Quand la pensée de se détruire siffle et souffle dans la mâture, on se raccroche à ce qu'on peut.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Titre alléchant


Un livre à lire : L'Art de ne pas naître, de Mosagre Vuntic, un contemporain de Théasar du Jin.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Mots interdits

 

« Si j'étais président de la République, j'interdirais sous peine de mort de proférer le mot luminaire. Quant à l'énonciation du vocable batracien, elle serait punie d'emprisonnement à perpétuité. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 4 avril 2022

Exercice d'exécration

 

Pour se sentir vivant, rien de tel que de haïr. Alors parfois, histoire de se donner un bon coup de fouet, l'homme du nihil s'oblige à penser à l'odieux Michel Serres. Celui-ci représente pour lui tout le haïssable du monde (un peu comme le Moi pour Pascal, mais en pire).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Commotion

 

« Ouvrant au hasard un dictionnaire, je tombe sur le mot vivre (au sens d'exister). Je referme aussitôt le volume et retourne me coucher. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Résolution

 

Décider fermement de vaincre l'aboulie... et puis finalement non.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Ennemi juré

 

Comme Cioran, l'homme du nihil est persécuté par Lucien Goldmann.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Lire Camus

 

Pourquoi les gens font-ils semblant de trouver l'existence tolérable ? Comment se fait-il que, malgré l'évidence de l'absurdité du « réel », ils ne se mettent pas à hurler en pleine rue, à se rouler par terre, à s'arracher les cheveux ? Ils n'ont pas lu Camus, ces salops ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 3 avril 2022

Vengeance morpholexicale

 

À l'instar de Cioran, l'homme du nihil méprise et exècre le « saltimbanque » Cocteau. Il n'a jamais pu souffrir les gens qui font des astuces. Hélas ! Il est impossible d'infliger à cet horripilant personnage le châtiment qu'il mérite puisqu'il est, comme on dit, « décédé ». Alors pour se venger quand même, l'homme du nihil orthographie son nom Coqueteau ou même Coquetier.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Un sadiste

 

L'histoire de l'humanité se résume à un immense bain de sang. Et Dieu contemple le spectacle, affalé sur son canapé Poltrone sofa, grignotant des chips et sirotant un tequila sunrise ou un « lait de poule ». Ça l'amuse, on dirait. Ça le délasse. — Salop, va ! Détraqué ! Grosse loche ! Sadiste !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Ahurissement


L'absurdité du monde, son inquiétante étrangeté provoquent en l'homme du nihil un effarement qui a fini par se graver sur ses traits. S'il y eut jamais une « espèce d'ahuri », c'est bien lui. Aussi, quand il entend ces mots dans la rue ou dans l'autobus, il se retourne instinctivement. — Mais non, ce n'était pas pour lui. Pas encore. Patience, escalier...

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Règle et exception

 

Tout ce qui émane du « monstre bipède » est profondément, désespérément bête — à l'exception peut-être de l'homicide de soi-même, qui possède malgré tout une certaine noblesse (même si le spectacle en est généralement peu ragoûtant).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 2 avril 2022

Conjectures

 

Quand Descartes dit que l'homme est un mélange de pensée pure et d'étendue géométrique, il est probable qu'il a en vue — pour ce qui est de l'étendue géométrique — les « grosses dondons ». Pour la pensée pure, c'est moins clair : peut-être Marsile Ficin ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Déréliction

 

Faut-il être désespéré, pour en être réduit à trouver quelque consolation dans le vocable jabiru ! Et pourtant...

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Flatus vocis

 

Toute œuvre littéraire devrait s'intituler Syllabes.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 1 avril 2022

Comprendre

 

L'homme ne peut que constater, mais quant à comprendre, cela est hors de sa portée. On ne devrait jamais utiliser ce verbe. Comprend-on un bigaradier, un porcus singularis ou une biscotte confiturée ? Allons, mes amis !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Une belle mort

 

Mourir en lisant Poteaux d'angle, foudroyé par l'optimisme de Michaux.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Pensée étranglée

 

« La vie n'est rien autre chose que — (... le téléphone ayant sonné, je ne sais plus ce que je voulais dire.) » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 31 mars 2022

Silence noético-noématique

 

S'il faut en croire Gragerfis, Jean-Paul Sartre resta pendant trois ans — de 1980 à 1983 — sans prononcer une parole. Dans son Journal, Gragerfis explique cette débauche de silence par le fait que le philosophe était, comme on dit, « décédé ». Et il en conclut que le « décès » a parfois du bon.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Misanthropie

 

« Je hais les gens qui usent en public du vocable bouillabaisse, et je ne hais pas moins ceux qui s'abstiennent de le faire. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 30 mars 2022

René et le parfait

 

Dans ses Méditations, Descartes entreprend de démontrer l'existence de Dieu à l'aide de la « preuve par l'idée de parfait ». Il imagine un parfait au chocolat et... — Oh, assez de ces bêtises !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Bien dit

 

« Rien ne console, parce que rien ne remplace. » (Marie Lenérouge)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 29 mars 2022

Absence de frisson désespéré

 

« Hier, enveloppé dans la brume sur un chemin qui domine la Seine, je me suis répété ce mot de Luc Pulflop : “les falaises d'Étretat et l'évidence de n'être rien”, sans en éprouver aucun frisson désespéré. Une grande assurance au contraire, le sentiment d'une certitude sans faille. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 28 mars 2022

Frisson désespéré

 

« Je pense à ce mot de Valéry : “le sentiment d'être tout et l'évidence de n'être rien”, et je me dis que pour une fois, ce couillon a eu le nez creux. Mais je ne sais que faire de ce mot. À tout hasard et faute de mieux, j'en retire un frisson désespéré. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 27 mars 2022

Haeccéité

 

Ce n'est pas que le Moi n'existe pas (là-dessus, les bouddhistes japonais de la secte Kousha se trompent). Non, le problème c'est qu'il est grotesquement ridicule à force d'être « comme ci et comme ça ». S'il n'était pas « comme ci et comme ça », ça pourrait encore aller (peut-être).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 26 mars 2022

Nouveauté

 

« A rollicking good time! Fernand Delaunay is known for his razor-sharp wit, and Glomérules is no exception. Hilarious and thought-provoking, this book had me laughing out loud from beginning to end. An absolute delight, compulsively readable. I can't wait to see what Fernand Delaunay does next. » 
 
(The Alaska Quarterly Review)