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jeudi 28 juillet 2022

Voir les choses

 

Un jour qu'il était « gonflé à bloc », le philosophe Arthur Schopenhauer nota dans le calepin qui ne le quittait jamais : « Il est sans doute beau de voir les choses, mais il n'est nullement beau de faire partie des choses. » Il n'avait que partiellement raison. Car en réalité, il n'est pas beau de voir les choses. C'est même assez répugnant.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 28 juin 2022

Intrusion plutonique

 

« Rien n'est » est un âcre constat qui n'est pas sans parenté avec la laccolite, cette masse lenticulaire de roches magmatiques mises au jour par l'érosion (ici, non de l'écorce terrestre, mais du « vouloir-vivre » schopenhauerien).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 7 mai 2022

Règle de sagesse

 

Tous les grands sages, de Siddhartha Gautama à André Comte-Sponville en passant par Pyrrhon et Schopenhauer, ont souligné l'importance de ne compter que sur soi-même et de se contenter de ce qu'on a, même si « ça ne casse pas des briques ». On peut synthétiser leurs réflexions dans la règle suivante : « Ne cherche pas dans les autres ce que tu ne trouves pas en toi-même — fût-ce une “mijole” ou des “biberons Robert”. Il t'en cuirait — et pas qu'un peu, même. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 25 avril 2022

Misanthropes en peau de lapin

 

Il est indéniable que Schopenhauer et son moderne épigone Cioran ont eu quelques puissantes intuitions quant au Rien qui forme la trame de l'existence humaine. Mais, à l'estime de l'homme du nihil, ils font preuve d'une mansuétude coupable à l'endroit de l'autrui du philosophe Levinas. Ils ne l'appellent même pas franchement un « salop » ou un « entchoulé mondain ». Tu parles de misanthropes !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 18 avril 2022

Le monde comme volonté etc.

 

Tout le monde « veut », autant dire que tout le monde est dérangé. La seule chose qu'on peut légitimement « vouloir », c'est que tout ça s'arrête — et le plus tôt sera le mieux.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 31 août 2021

Sisyphe et le taupicide

 

Pour imaginer Sisyphe heureux (au sens schopenhaurien du terme), il faut d'abord se le représenter commettant l'homicide de soi-même par ingestion de taupicide. Adieu rocher ! Adieu gravelle et rhumatismes ! Adieu Bourboule aimée, dont la tête hardie défie les hauteurs des cieux ! Adieu philosophie marcellienne !
 
(Fernand Delaunay, Glomérules) 

jeudi 22 juillet 2021

Schopenhauerisme exacerbé

 

« La vie n'est qu'une sorte de moisissure apparue incongrûment sur la croûte minérale du globe. La conscience, la douleur, le plaisir ne servent à rien. Et d'ailleurs, tout l'univers ne sert à rien. » (L'homme du nihil à Gragerfis qui lui demandait si ça « boumait »)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 9 décembre 2019

Du beau


Comparée à celles de Kant, de Hegel et de Schopenhauer, l'esthétique de l'homme du nihil possède au moins le mérite de la concision : « Est beau, affirme-t-il, ce qui nous rappelle une (belle) femme nue. » — Tout n'est-il pas dit, et en peu de mots ?

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

vendredi 15 novembre 2019

Le désamour (Larry Brown)


J'étais avec Sheena Baby, la fille que j'aimais, et nous marchions. C'était le soir, tard. Tous les nuages s'étaient accumulés en gros champignons, en marshmallows, et on n'aurait pas pu souhaiter plus belle soirée sauf que notre voiture était restée à quelques kilomètres derrière nous avec deux pneus crevés et que nous ne savions pas où nous étions ni à qui nous adresser. En plus de ce cas d'urgence majeure, je savais que les choses n'allaient pas. Nous étions sur le point de nous entretuer.
Sheena Baby, c'était l'amour, la déesse féline du sexe. Je l'aimais depuis longtemps, depuis que j'avais lu la Métaphysique de l'amour, où Schopenhauer définit l'amour comme un simple instinct sexuel et dit que le besoin sexuel est le plus violent de nos appétits, le désir de tous nos désirs. Ça m'avait drôlement excité. Seulement voilà, Sheena Baby ne souffrait pas pour moi comme moi pour elle. Je le savais. La seule personne qu'elle semblait aimer, c'était le philosophe Henri Bergson, avec sa « pensée », son « mouvant », et ses « deux sources de la morale et de la religion » (l'enfoiré !)
J'avais pensé à la flinguer d'abord et à me flinguer ensuite, mais ça ne nous aurait rien fait de bien. Ça n'aurait donné qu'un petit article dans un journal, un article que des inconnus liraient en secouant la tête avant de passer au sport.
Si on avait eu des pneus gonflés, j'aurais pu emmener Sheena Baby quelque part dans les bois, lui lire un peu de Bergson et lui expliquer comment on pouvait arranger les choses. J'aurais pu lui dire non seulement d'être ma petite mais d'être mon unique petite. Plus tard, dans l'obscurité, nous aurions pu opérer un vrai rapprochement fondé sur l'intuition, la durée, et la multiplicité des états de conscience. Mais elle ne m'aimait pas, et finalement j'ai pu m'en rendre compte. Alors j'ai décidé d'être très dur avec elle.
J'ai dit : « Tu veux jamais écouter personne, sauf ton bon Dieu de Bergson. »
Elle a dit : « J'en ai assez, de ta grande gueule.
— Ferme la tienne, j'ai dit.
— Lèche-moi le cul.
— Si tu baisses ta culotte. », j'ai dit, en espérant qu'elle le ferait. Mais elle ne l'a pas fait et nous sommes partis dans des directions opposées.
Je me demandais pourquoi un truc qui avait commencé par tant de bonnes sensations devait se terminer par tant de mauvaises. En tout cas, Schopenhauer avait raison : la femme est un animal à cheveux longs et à idées courtes. Et surtout : le seul bonheur est de ne pas naître.


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

vendredi 5 avril 2019

Question schopenhauerienne


Sur quoi fonder la certitude du pire, si ce n'est sur l'existence de vocables tels que reginglette et gloméruleux ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 1 février 2019

Rien n'arrive (sauf la mort)


Heureux celui qui, comme Schopenhauer, pense que seul le pire arrive. En fait, rien n'arrive : c'est toujours l'ennui, le vide, la léthargie, à perte de vue...

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

jeudi 13 décembre 2018

Porc-épic


On prétend — mais cela est-il vrai ? — que le porc-épic est un mammifère rongeur au corps armé de piquants. Selon Gragerfis, les porcs-épics vivent dans le sud de l'Europe, en Asie et en Afrique. Ils sont inoffensifs, nocturnes, et se nourrissent de racines et de fruits. Schopenhauer eût apprécié ce trait.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

vendredi 7 décembre 2018

Océanographie du Rien


« Le mérou est une foutaise », disait le commandant Cousteau, lequel avait terminé ses études de biologie marine en s'adonnant au billard à trois bandes et à la lecture de Schopenhauer et de Raymond Doppelchor.

(Edmond Chassagnol, Théorie du trop-plein)

vendredi 26 octobre 2018

Peausserie


Un chasseur digne de ce nom porte toujours sur lui des morceaux de bêtes qu'il a exterminées, et aime se parer de leur fourrure et de leur cuir. C'est ainsi que dans les bagages du suicidé philosophique, on peut remarquer un nécessaire de voyage en peau de vouloir-vivre schopenhauerien, peau qu'il a lui-même tannée pour en faire un cuir velouté, décoré de graines de plumes, grosses comme une noisette, en plaques régulières.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 5 septembre 2018

Sursaut


Au contact du « rébarbatif et fétide réel », le suicidé philosophique, hypersensible à l'idée du Rien,  devient de plus en plus intransigeant. S'enfermant dans la solitude, il ne trouve bientôt plus de consolation que dans la lecture de Schopenhauer, la musique de Schumann, et les promenades solitaires dans la nature. Et puis, brutalement, il renaît à lui-même. Le sentiment de déréliction, l'angoisse du vide et le dégoût de l'haeccéité cèdent la place à l'exaltation. Son inépuisable énergie lui donne alors la puissance de créer un monument immortel, socle granitique de toute métaphysique future : l'homicide de soi-même. Son destin est accompli.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

dimanche 29 juillet 2018

Un malotru


Les coolies népalais sont une véritable plaie pour le promeneur solitaire. Il y a d'abord celui, coiffé d'un genre de fez, à l'air passablement ahuri, qui met son balancier dans l'œil du capitaine Haddock. Mais surtout, il y a cet odieux personnage laid comme un ouaouaron, vêtu d'un slip kangourou beaucoup trop grand pour lui, et qui porte sur son dos un énorme ballot retenu par une courroie qui lui scie le front. Il percute de plein fouet le pauvre capitaine et l'« engueule comme du poisson pourri » tout en grimaçant comme un diantre.

Comme le « monstre bipède » est pénible, et comme Schopenhauer avait raison de nous mettre en garde comme l'imbuvable « autrui » !

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

mercredi 25 juillet 2018

Initiative citoyenne à Bar-le-Duc


« Récupérer les plats de cantine non consommés et les offrir aux plus démunis, une idée citoyenne qui fait son chemin dans la Meuse.

À Bar-le-Duc, le lycée Émile-Zola, plutôt que de les mettre à la poubelle, offre ces plats au Secours Populaire qui vient les collecter deux fois par semaine avant de les offrir à ceux qui en ont besoin.

Les plats sont triés, rangés, transportés et stockés en respectant scrupuleusement les normes sanitaires, notamment en ce qui concerne le respect de la proverbiale "chaîne du froid". Il ne reste alors plus au Secours Populaire qu'à les offrir aux bénéficiaires, chaque année plus nombreux.

"Puissent-ils s'étouffer avec", aurait sans doute dit le philosophe Schopenhauer dont la pensée transpire, comme on sait, la misanthropie et la négativité. Heureusement, plus personne ne lit ce vieux grincheux, auteur d'une œuvre assez indigeste où l'on chercherait en vain la moindre idée citoyenne ! » (France Info, 7 février 2015)


(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)

lundi 23 juillet 2018

Schopenhauerisme débridé


« Le parquet des mineurs de Verdun a retenu hier la thèse de l'acte prémédité contre un adolescent de 17 ans, soupçonné d'avoir tué, lundi à Bar-le-Duc, deux de ses frères, âgés de 14 et 9 ans, avec un couteau, un hachoir et un marteau.

L'adolescent "a préparé son coup et avait formulé son projet de tuer ses frères. Il n'a pas provoqué l'absence de ses parents, mais il a profité de leur départ pour passer à l'acte", a indiqué le procureur, Thierry Villardo. "L'adolescent a expliqué qu'il avait tué ses deux petits frères car il n'a pas eu le courage de se suicider. En agissant ainsi, il a dit avoir voulu se suicider socialement", a-t-il ajouté.

Selon les premiers éléments de l'enquête, Rémy et Yoanne ont été tués avec une violence extrême et un acharnement extraordinaire. Après le meurtre, l'adolescent, qui s'était blessé à la main avec le couteau, accidentellement semble-t-il, s'est rendu chez le psychiatre qui le suivait depuis plusieurs mois. C'est ce dernier qui a téléphoné aux policiers.


Selon Aurélien, un des camarades de l'adolescent, "c'était un grand pessimiste, excellent élève dans les matières littéraires et bon dans les disciplines scientifiques".

Les premières investigations ont montré que l'adolescent en était venu à envisager le monde comme une représentation du sujet connaissant, ce dernier ne se connaissant lui-même que comme volonté. C'est cette vision du monde profondément viciée qui, selon les enquêteurs, pourrait expliquer son geste insensé. En outre, au plan moral, il s'opposait à l'eudémonisme de Baruch Spinoza.

Le jeune garçon a été mis en examen pour "assassinats sur mineurs de moins de quinze ans" et écroué dans la soirée. » (Le Télégramme, 10 juillet 1996)

(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

jeudi 28 juin 2018

Erreur de raisonnement


Du drame survenu dans la nuit de mardi à mercredi, vers 3 h 45, il ne subsiste que des traces au marqueur sur la chaussée. « C'est d'ailleurs comme cela que j'ai compris qu'il s'était passé quelque chose », relate, interloquée, une commerçante de la rue Grande, à deux pas de la place de la République. En pleine nuit, une automobiliste de 27 ans a tué un Bellifontain de 51 ans, en lui roulant dessus, en plein centre-ville de Fontainebleau. Elle est ensuite rentrée directement chez elle.

Interpellée mercredi midi à son domicile de Vernou-la-Celle-sur-Seine, la jeune femme a nié avoir voulu fuir. « Elle a cru avoir heurté le trottoir, rapporte le procureur de la République de Fontainebleau, Guillaume Lescaux. La voiture s'est d'ailleurs arrêtée un peu plus tard au feu rouge avant de redémarrer au vert ».

En ce qui concerne la victime, la thèse du suicide semble privilégiée. « Sur les images de vidéosurveillance, on le voit s'installer sur la chaussée très calmement, sur le passage piéton, juste à côté du trottoir donnant sur la place de la République », détaille le magistrat.

Il s'agirait d'un homme dépressif, enfermé dans la solitude, qui, d'après ses voisins interrogés par les enquêteurs, ne trouvait plus de consolation que dans la lecture de Schopenhauer, la musique de Schumann, et les promenades solitaires dans la nature. Selon le médecin légiste, ce suicide serait un cas typique de « quête infructueuse et vaine d'un savoir sur la mort ». « Le suicide, précise-t-il, peut en effet être considéré comme une expérience, une question que l'homme pose à la Nature en essayant de la forcer à répondre, mais c'est une expérience maladroite, car elle implique la destruction même de la conscience qui pose la question et attend la réponse. » Le désespéré paraît donc avoir été victime d'une incroyable erreur de raisonnement. (Le Parisien, 11 janvier 2018)


(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)

mercredi 20 juin 2018

Alles muss verschwinden


Une des plus belles phrases de la langue française est, dans son laconisme véridique, celle qu'affichent régulièrement tels mercantis schopenhaueriens aux devantures de leurs magasins : « Tout doit disparaître ». Toute la doctrine nihilique y est resserrée avec une force et un bonheur d'expression suprêmes. Oui, en vérité, tout doit disparaître.

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)