jeudi 14 février 2019

Poëme en ocle


29 décembre. — Agatocle, binocle, Empédocle, Locle, girofle (Thur. 251), gérofle, Parthénople, Patrocle, socle, sinople.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

Dédain de la durée


Contrairement à l'artiste de l'âge classique, le sujet déféquant renonce expressément à la qualité, et par conséquent à la durée. Ce sacrifice lui coûte peu, car il désire justement que son œuvre soit actuelle et qu'elle réponde aux besoins — pressants ! — de l'heure. L'excrément n'a pas pour modèle le buste qui survit à la cité. Son créateur ne fait rien pour le sauver du désastre qui le guette. Il n'essaie même pas de lui assurer la longévité des palais et des temples. On dirait qu'il se contente de la plus fragile demeure : baraque de planches ou cabane de roseau.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Salop de cogito !


La pensée est infâme en tant qu'elle attise l'illusion d'exister.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Incisives


28 décembre. — « Les singes, les sapajous, les sagouins, la roussette, l'hippopotame, etc. ont comme l'homme quatre dents incisives à chaque mâchoire, mais la forme et la position de celles de l'hippopotame sont bien différentes de celles de l'homme ; les inférieures du quadrupède sont cylindriques, fort larges, surtout celles du milieu ; elles sont dirigées en avant et ne touchent aux supérieures que par les côtés ; le pécari et plusieurs espèces de chauve-souris, telles que l'oreillard, la pipistrelle, la noctule, etc. ont quatre dents incisives à la mâchoire de dessus, et dix à celle de dessous : les incisives dans ces animaux sont festonnées en deux, trois ou quatre lobes ; deux des incisives supérieures de l'oreillard sont fourchues ; les phoques ont, au contraire de ces animaux, six incisives à la mâchoire supérieure et quatre à l'inférieure ; les quatre du milieu de la mâchoire supérieure du phoque des Indes ont chacune deux branches comme celles de l'oreillard. » (Pierre Marie Auguste Broussonet, « Considérations sur les dents en général et sur les organes qui en tiennent lieu », in Mémoires de l'Académie royale des Sciences, Paris, Imprimerie royale, 1789)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

mercredi 13 février 2019

Interlude

Jeune femme posant devant les œuvres complètes de Robert Férillet

Critique littéraire


« Ausculter l'idée du Rien, étudier sa façon d'investir peu à peu la pachyméninge jusqu'à la soumettre entièrement ; décrire les cruautés de l'haeccéité ; raconter les souffrances de l'homme du nihil embouqué en d'usuelles asphyxies, et le soulagement fugace que lui procure le vocable reginglette ; peindre l'insolence du Moi, la vilenie du monstre bipède... Le plan était séduisant, majestueux et des plus instructifs ; mais Doppelchor n'avait-il pas trop présumé de ses forces en essayant de reproduire un tableau qui, pour être dignement exécuté, aurait exigé dans le même écrivain l'érudition de Denys d'Halicarnasse et de Plutarque, la sagacité et le coup d'œil de Polybe, la pompe de Tite-Live, la vigueur de Salluste, la vue perçante de Tacite et l'inimitable énergie de son mâle pinceau ? » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Biture express


Je bois de l'alambic consciental au goulot.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Tuf de Pausilippe


26 décembre. — « Le tuf de Pausilippe provient presque entièrement du trachyte ; il se compose en général d'une matière pulvérulente et de fragments de grosseur diverse, consistant en pierre ponce pour la plupart, et en galets de trachyte, de roches anciennes et de calcaire gris ; la matière pulvérulente, rarement en couches isolées, sert presque toujours de pâte aux fragments, et elle est identique par sa composition chimique à la pierre ponce. Enfin on rencontre dans le tuf des huîtres, des cardiums, des buccins, des patelles, fossiles dont les analogues vivent encore dans la Méditerranée. Le tuf de Pausilippe est remarquable par la régularité de ses couches horizontales près de la mer, et par une inclinaison de 12 à 14° qu'il affecte dans des couches qui constituent plusieurs des collines des champs Phlégréens. » (M. Dufrénoy, « Mémoire sur les terrains volcaniques des environs de Naples », in Journal des Savants, Paris, Imprimerie Royale, 1839)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant Prière d'incinérer. Dégoût de Luc Pulflop

Ni dieu ni diable


Les constipés rapportent tout au sentiment de l'infini, qui les obsède. Ils supportent mal les bornes de la condition humaine et d'un même mouvement se dressent contre le Créateur, la création et les créatures. Renonçant à émouvoir le ciel, ils cherchent à mettre en branle les puissances de l'abîme. Mais c'est en vain : « quand ça ne veut pas, ça ne veut pas »... En désespoir de cause, ils doivent faire appel au médiateur du « cas » par excellence : le jus de pruneau.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 12 février 2019

Aventures de mer


À la barre d'un dogre postiche, glisser sur la surface molle du pachynihil, loin des récifs coupants de l'idée.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Luzerne


22 juillet. — Selon Théophraste, la luzerne est originaire de Médie.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant l'Océanographie du Rien de Raymond Doppelchor

Un lâche reniement


Au fond du monde ignoble des viscères, parmi une foisonnante et trouble fermentation, lentement mûrit l'excrément. Exegi monumentum ære perennius ! pourrait s'exclamer le « boyau culier » au moment du pousser. Hélas ! Sitôt projeté dans l'Ouvert rilkien, ce fruit d'une divine ardeur, anxieux de s'exhausser à l'impérissable, se hâte de renier son origine immonde ! — Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Das Dasein liquidieren, ja ?


Comme j'aimerais à révolvériser l'exécrable Dasein pour parfaire enfin mon incomplète solitude !

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Congre


25 septembre. — « La pêche du congre commence immédiatement après celle du maquereau et dure jusqu'en novembre. Ce poisson est très abondant sur toute la côte. Il n'est pas très recherché, aussi le prix en est peu élevé sur les marchés de Bretagne. » (Benjamin Jollivet, Les Côtes-du-Nord, Histoire et géographie de toutes les villes et communes du département, Guingamp, B. Jollivet, 1854)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

lundi 11 février 2019

Interlude

Jeune femme lisant les Pensées rancies et cramoisies de J. Zimmerschmühl

La glorieuse incertitude du « faire »


La défécation est une aventure où, jusqu'au dernier instant, demeure une incertitude périlleuse et salutaire. De la machine, l'objet sort impeccable mais toujours identique ; et de la graine, au temps voulu, la même tige, la même fleur, avec la même splendeur. Tandis que du « boyau culier » !...

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Proème


Ce pistolet grenu et mafflu est l'exorde d'un discours, le préambule d'un chant : un simple proème.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Page de journal


25 juillet. — Au dire de Pline, Polygnote de Thase, Arcésilas de Paros, Aristide (l'élève de Polyclète), Pamphile (maître d'Apelle), Lysippe et Pausias de Sicyone, peignirent sur émail ou sur verre.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant Georges Sim et le Dasein de Maurice Cucq

dimanche 10 février 2019

Morphologie du « cas »


Pourquoi les choses — si véritablement « choses » il y a — sont-elles comme elles sont ? Pourquoi tel excrément a-t-il la forme d'une tourte, quand tel autre mérite bien le surnom de « cigare japonais » que lui attribue le vulgum pecus ? Parmi les spécialistes, plusieurs théories s'affrontent, chacune privilégiant une influence particulière parmi celles qu'inévitablement subit le sujet déféquant. L'un croit que dans l'économie réside la cause dernière de la conformation du « cas » : il invoque la distribution des richesses, le régime de la propriété, la baisse des salaires, la lutte des marchés... Un autre, cependant, aperçoit la raison d'être de toute chose dans un ensemble de conflits psychologiques dont l'énergie sexuelle est le ressort principal, sinon unique. Pourquoi pas ? Mais ces théories, à se concentrer sur l'artiste, oublient trop le chef-d'œuvre sur lequel il s'agissait au départ d'apporter des lumières. Ne peut-on regarder cette réussite de l'art comme un signe qui se suffit à soi-même, témoignage absolu et comme anonyme, qu'il faudrait tenir comme tombé du ciel, qui seul enfin est digne d'attention et non celui qui l'a fait ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Vernichtung !


Le suicide compulsif ne suffit pas. Ce qu'il faut, c'est détruire la tourbe polychrome du réel !

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Apothécie eulécanorine


25 décembre. — « Si l'on fait abstraction de quelques apothécies eulécanorines cupulées inférieures, ces hyphes sont empruntées au système fastigié radial que nous avons reconnu dans l'excipulum proprium des apothécies des discolichens. » (R. Dughi, « Un problème de lichénologie non résolu : l'origine et la signification de l'apothécie eulécanorine », in Revue bryologique et lichénologique, Ann. Fac. Se. Marseille, sér. II, 21, fasc. 3, 219-241, 1954)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant le Monocle du colonel Sponsz de Hermann von Trobben

Art pour l'art


Platon, Lucrèce et Dante avaient des ambitions plus étendues que l'homme-sur-le-trône — le fameux « étant déféquant » des existentialistes. Philosophie, physique, théologie, rien ne les effrayait. Un vaste dessein les tenait, et non celui de ciseler quelque bibelot exquis, d'un travail irréprochable, mais dont l'utilité demeure mince, même si on ne le réduit pas à n'être qu'ornement.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Archives


Je conserve dans un bocal mes fièvres passées.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Du « vuide »


18 juillet. — « Ce qui estant ainsi, il est très-faux de dire que la nature abhorre le Vuide, puisqu'elle ne pourroit pas subsister sans le Vuide susdit. Que si elle n'en a point d'horreur, voire mesme qu'elle s'y délecte, pourquoy auroit-elle peine à souffrir un Vuide un peu plus grand et tout continu, comme dans un boisseau, dans un muid, ou dans une chambre ? Pour moy, ie ne le comprends pas. Car le Vuide absolu n'est rien ; le rien ne peut détruire ce qui est réel. » (Charles-Augustin Bourgoing, La Vérité du Vuide contre le Vuide de la Vérité, Paris, Jean Hénault, 1664) 

— Oh ! Oh ! Comme tu y vas, mon ami !

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)