mercredi 27 février 2019

Ail


4 février. — « Outre les usages dont l'ail est dans les cuisines, il en a encore de médicinaux. On le regarde comme maturatif, antihystérique, diurétique, vermifuge. Il excite la transpiration ; il est recommandé dans l'hydropisie de poitrine, dans l'ascite occasionnée par les boissons spiritueuses, dans l'asthme pituiteux, la toux catarrhale, la diarrhée par foiblesse d'estomac ; dans les coliques occasionnées par les vers et les coliques venteuses. On l'appelle la thériaque des paysans, surtout dans les pays chauds, où ils en mangent avant d'aller au travail, pour se garantir, disent-ils, du mauvais air. Si on en croit certaines personnes, l'ail est une panacée universelle, qui prévient ou guérit tous les maux. » (Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, Paris, Deterville, 1816)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

mardi 26 février 2019

Interlude

Jeune femme lisant les Scènes de la vie de Heidegger de Jean-René Vif

Un habitacle de mélancolie


Dans les « goguenots », la solitude est totale, le solipsisme irréversible, et la proximité de ses semblables — s'il s'agit d'une rangée de cabines contiguës comme dans un aéroport — ne peut qu'aggraver la tragédie de l'être.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Mycologie pachynihilique


L'apothécie est la fructification des discomycètes en forme de coupe garnie intérieurement d'un hyménium nu constitué d'asques et de paraphyses.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Poëme en uste


9 février. — Aduste, ajuste, arbuste, auguste, Auguste, buste, déguste, fruste, incruste, injuste, juste, locuste, Locuste, Procuste, robuste, Salluste... — Salluste !

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant la Mathématique du néant de Włodzisław Szczur

Pureté


Est pur ce dont l'essence n'est mêlée de rien qui l'altère et qui l'avilisse : pur, le vin qui n'est pas mélangé d'eau, le métal fin qui ne contient pas de métal grossier, pur l'homme qui ne s'est pas uni à la femme, pur enfin le pachynihil que les grossiers viscères de la matière s'efforcent en vain de corrompre ou d'occulter.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Sans importance


Selon Gragerfis, il importerait peu d'exister.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Varèse


6 février. — Né en 1883 à Paris, mort en 1965 à New York, Varèse a traversé son siècle comme un marginal et un solitaire, selon le mot de Pierre Boulez.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

lundi 25 février 2019

Interlude

Femme au faciès chevalin lisant la Mélancolie bourboulienne de Léon Glapusz

Un dangereux pharmakon


C'est du jus de pruneau, ou à défaut de la rhubarbe, que le constipé attend tout secours et toute réussite. Le respect qu'il témoigne au purgatif est fait à la fois de terreur et de confiance. De terreur, car sous sa forme élémentaire, il représente avant tout une énergie dangereuse, incompréhensible, malaisément maniable. Pour qui décide d'y avoir recours, le problème consiste à capter sa puissance et à l'utiliser au mieux de ses intérêts, tout en se protégeant des risques inhérents à l'emploi d'une force si difficile à maîtriser. Un organisme non préparé ne peut supporter un tel transfert d'énergie : le corps du patient enfle, ses articulations se raidissent, se retournent, se brisent, sa chair se décompose, il meurt bientôt de langueur ou de convulsions.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Action délétère du pachynihil


Ma férocité, mes contorsions, mon esseulement, viennent des vibrations concertantes du Rien en mon intérieur frit.

(Lucc Puflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Page de journal


5 février. — « Ô superbe sauvagerie de l'incurable hypocondrie ! »

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant Forcipressure d'Étienne-Marcel Dussap

Désacrement du « cas »


Déféquer, c'est replacer l'excrément dans la communauté profane, en le débarrassant de son caractère sacré, en le désacrant, comme le remarquait déjà Joseph de Maistre.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Plus fort que Siméon


Périlleux stylite, je siège au sommet du néant.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Onguent de Lémery


25 juillet. — « Onguent de Lémery pour la brûlure. Émier quatre onces de pelotes de fiente de cheval récemment faites ; les mêler avec douze onces de graisse de porc dans une poêle, fricasser le mélange sur un feu modéré pendant environ un quart d'heure, remuant toujours la matière avec une spatule, puis la couler toute chaude, l'exprimant fortement au travers d'une forte toile, laisser refroidir la colature, et l'onguent est fait.
 

Nota. Si on n'a point de graisse de porc, faire cuire, comme il est dit ci-dessus, la fiente de cheval fraîche, avec égal poids d'huile de noix ; et faire le reste comme dessus; cette huile ainsi préparée est aussi bonne que l'onguent. »

(Dictionnaire botanique et pharmaceutique, Paris, J.-F. Bastien, 1802)


(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

dimanche 24 février 2019

Interlude

Jeune femme lisant l'Appel du nihil de Martial Pollosson

Esthétisme fécal


« Je me persuade que voici l'une des consignes fondamentales de toute pratique défécatoire tant soit peu ambitieuse : du banal, tirer l'inimitable. Au reste, il n'est pas de tâche plus malaisée. » (Edmond Chassagnol, Théorie du trop-plein)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Difficulté de dire le Rien


Comment débusquer les gouleyants phonèmes propres à dire le coulis essentiel du pachynihil ?

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Un quadrupède salace


26 juillet. — « Le bouc est le plus salace des quadrupèdes, et le plus porté à la reproduction. En effet, il s'accouple avec les femelles de tous les quadrupèdes, si on le laisse faire, et même avec les volatiles, comme je l'ai vu faire à un petit bouc du Cap. La dinde qu'il vouloit saillir ne se refusoit pas à ses caresses. » (Gian Rinaldo Carli, Lettres américaines, Paris, Buisson, 1788)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

Déréliction


Nul mieux que Sophocle n'a peint l'expérience de la solitude absolue : elle s'incarne dans le personnage du « Suisse » abandonné par Ajax sur le rivage désert de Salamine, après que le héros a laissé sa compagne Tecmesse pour aller — selon ses dires — « se purifier » derrière un buisson.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 23 février 2019

Computation


La computation est, comme le suicide, une méthode de supputation du temps.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Almanach


29 juillet. — Le dix-septième jour de la lune est très heureux pour planter la vigne et pour dompter les bœufs.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant la Nostalgie de l'infundibuliforme de Robert Férillet

Projet de roman


Au terme de son cheminement douloureux dans le « désert de Gobi de l'existence », l'homme du nihil ne trouve que solitude, déréliction et angoisse. Son ultime rencontre avec Irène, loin de marquer, comme pour Violaine et Jacques, la détente heureuse dans la confidence d'un amour sacrifié mais toujours vivace, porte au paroxysme de la cruauté le sacrifice qu'il s'impose sans le consommer jamais totalement.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Pyrrhonisme exacerbé


Je ne puis croire à l'existence de ce prosateur lyrique qu'on nomme Luc Pulflop.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Zorra


28 juillet. — On admet communément sur les côtes des Asturies que les vagues se succèdent dans un ordre invariable et l'on croit dans plusieurs ports que la dixième est plus impétueuse que les autres. À Colunga c'est la neuvième et on la nomme Zorra.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)