dimanche 10 juillet 2022

Un « père tape dur »

 

Non, le Rien n'est pas un paternel censeur. Quand il vous colle — quand son idée s'empare de vous —, c'est pour de bon. Il est exact, par contre, qu'il est « pur et maximalement éthéré » — mais c'est une médiocre consolation pour le « collé ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Pissat bovin

 

Le temps coule entre nos mains comme de l'urine de vache. Pensée renouvelée de Virgile.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 9 juillet 2022

Luxueuse besace

 

L'être est une luxueuse besace, mais qui ne contient que d'affreux bibelots sans valeur : maroquinerie, verrerie, porcelaine, coupons d'un drap mordoré... On s'en lasse plus vite que des murmures dansants, cosmiques et immarcescibles du pachynihil — cette « chair première ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Fiole sensible

 

De l'homme, et plus spécialement du nihilique, le réel se paie la fiole sensible (l'âme, comme cela s'appelle).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

vendredi 8 juillet 2022

Ostioles

 

En mycologie, ostiole est le nom donné à l'ouverture du péridium d'un gastéromycète par où s'échappent les basidiospores. Fait peu connu, l'esprit humain est lui aussi pourvu d'ostioles — des ostioles blanches, s'il faut tout dire — mais n'en sort que le jus insolent du cynisme. Pourquoi ? Pour la simple raison que, à la différence du champignon, l'homme doit faire face au tragique de la vie.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Héroïsme moderne

 

La lutte elle-même vers les pics enneigés du Rien suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Émile Cioran heureux.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 7 juillet 2022

Prisme

 

Pour pénétrer quelqu'un, pour le connaître vraiment, il faut lui demander ce qu'il entend par prisme. Entend-il le Grand Rien, la source déflagrante de la vie, le nerf philosophal du dénouement final, la conscience en un mot ? Sinon, inutile de continuer.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Métalepse

 

On a longtemps cru que le mot femme servait à désigner l'être qui, dans l'espèce humaine, appartient au sexe féminin. Mais les savants d'aujourd'hui estiment plutôt que ce vocable est une simple métalepse du vacuum.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 6 juillet 2022

Subjectile cutané

 

La femme est recouverte d'un subjectile cutané qui empêche de voir sa machinerie interne. Sinon, il y aurait de quoi dire (mais il y a déjà de quoi dire). Si l'on pouvait revêtir ce subjectile de cendres thérapeutiques (à défaut d'être salvatrices), peut-être les choses iraient-elles mieux ?

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Le bonheur, c'est pour les caves

 

Les gens « heureux » mériteraient d'être fessés. On n'a pas idée d'être si con.
 
(louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 5 juillet 2022

Biologie

 

Le cytoplasme, les mitochondries, la membrane plasmique, les villosités, l'appareil de Golgi... Peut-être vaut-il mieux ignorer ce qui déambule sous l'os. On risquerait, comme le Grandiloque, d'y perdre le sommeil et de devenir à son tour un « négateur universel ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Caractère orbicole du kantisme

 

Contrairement à l'idée du Rien qui a besoin, pour se développer, d'un climat mental adéquat, les prolégomènes de la raison pure sont capables de s'acclimater dans les cervelles les plus obtuses. C'est pourquoi ils prospèrent en tout point du globe (ils sont orbicoles).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 4 juillet 2022

Briques tristes

 

L'esprit en proie à la nostalgie du non-être ressemble à un glacier qui croule : il entraîne avec lui une cohorte de moraines ridées et de briques tristes, des mots tels que zingibéracé, bouillabaisse ou cyclomoteur.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Orge presciente

 

Tracteur-navette redoutable, le vocable strapontin laboure notre tchernoziom mental et y fait germer une orge presciente de notre déchéance.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 2 juillet 2022

Commissions

 

Ecchymoses de l'âme ; fractures à vide du mucron ; paralysie râpeuse du conscient intérieur... — Penser à prendre aussi du pain de mie.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Reptation

 

Chaque jour, on se regarde décliner un peu plus. On fait des fautes d'omission (on saute des mots) ou des fautes tout bonnement, qui révèlent un dérangement profond dans ce système de transmission qu'est le cerveau. Cette déchéance graduelle est encore plus pénible que... mettons de voir la gueule du « philosophe » Michel Serres dans le poste de télévision. S'il faut mourir, autant y aller carrément — le taupicide ! —, et non par cette « lente reptation de mégacéros de facto ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Pensée-moignon

 

C'est par abus de langage que les philosophes sont appelés des penseurs. Car on a beau chercher, il n'y a dans tous leurs « systèmes » pas plus de pensée que de beurre au prose. Il n'y a que de la « pensée-moignon ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

vendredi 1 juillet 2022

Larrons larviformes

 

Tandis que, dans les allées du supermarché, il pousse son chariot garni de croustillants toasts Truweet, le nihilique a l'impression d'être un Christ en croix entouré de larrons larviformes (les autres clients du supermarché).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Mue

 

D'après le philosophe Wang Chong, « l'esprit vital quittant le corps d'un défunt [variante : d'un décédé] peut être comparé à une cigale sortant de la chrysalide. »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 30 juin 2022

Un gars pas contrariant

 

« Renonce ! Renonce au fruit de tes actions ! Comme le recommande certain texte religieux hindou !
— D'accord. »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Vita brevis

 

Si l'on avait le temps, on en ferait, des choses... On étudierait les grottes, on restituerait l'histoire de la faune obscure...

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 29 juin 2022

Drap du motus

 

Le nihilique n'a rien à dire à personne. Il est taiseux tel un géranium délicat. Son nez coule-t-il ? Il se mouche dans le drap du motus.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Régosol non tamisable

 

Frédéric Nietzsche a raison de dire que la plus grande humanité se manifeste dans le geste d'éviter la honte à quelqu'un. Car le souvenir d'une humiliation est comme conservé dans un régosol non tamisable, il est voracement indélébile.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Strates gélatineuses

 

Jeune, on envisage le monde avec anxiété, on s'imagine que la « réalité empirique » est faite de rocs retors ; mais en vieillissant, on s'aperçoit qu'elle n'est composée que de strates gélatineuses, auxquelles il ne sert à rien de se heurter — sauf à vouloir attraper un douloureux « tour de rein ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Motilité du tangible

 

C'est dans les couloirs méandreux de la conscience que « le tangible se meut ». Et où d'autre pourrait-il se mouvoir, vu qu'il est enserré tout entier dans la pachyméninge comme dans un fromage de Hollande ? 

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 28 juin 2022

Périsprit

 

Le nihilique n'est pas à proprement parler un « esprit errant », mais il n'est pas non plus un « incarné ». Il se sent entre les deux — il a, pourrait-on dire, le prose entre deux chaises. Alors ? Le « périsprit » sert-il chez lui de lien entre l'esprit et la matière, ou constitue-t-il le « corps fluidique » de l'esprit ? Ou n'est-il qu'un burlesque « perlimpinpin prismatique » ?

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Intrusion plutonique

 

« Rien n'est » est un âcre constat qui n'est pas sans parenté avec la laccolite, cette masse lenticulaire de roches magmatiques mises au jour par l'érosion (ici, non de l'écorce terrestre, mais du « vouloir-vivre » schopenhauerien).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 27 juin 2022

Non fossilisables

 

Comme les troglobies qui peuplent certaines grottes de Transylvanie, les nihiliques sont des êtres cavernicoles possédant la singulière propriété de n'être pas fossilisables. La lumière, l'air, la terre les décomposent.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Axiome de Duss

 

Quand il s'agit de relations humaines, les choses ne marchent jamais que « sur un malentendu ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)