samedi 7 janvier 2023

Ultime déconvenue

 

L'homme qui sent le sol se dérober sous ses pieds se tourne ordinairement, en désespoir de cause, vers l'ontologie herméneutique ricœurienne. Hélas ! Cette ontologie se présente comme fragmentée, disséminée dans des ouvrages épars sans jamais s'ériger en un système clos et achevé !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 6 janvier 2023

Boloss philosophique

 

Quand Adorno prétend que les déterminations catégorielles d'un objet ne sont pas le produit de la subjectivité transcendantale (comme chez Kant), mais des propriétés intrinsèques de l'objet lui-même, on a envie de le maraver (c'est plus fort que soi).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Attention aux pinçons

 

Même quand on en a peu, on doit renoncer à l'intelligence. Sinon, on risque de se faire pincer très fort (comme Serge le lapin).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Attitudes

 

Frappé par un malheur, le fataliste se dit que « c'était écrit ». Il se représente Dieu comme un auteur dans le genre du marquis de Sade. Le nihilique, lui, se réfugie dans l'idée que « rien n'est » — mais il y a des choses qui sont quand même dures à avaler.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Absence de pieds

 

Dans les ribouis de Van Gogh, il n'y a pas de pieds. Ces ribouis sont vides. Et que signifie cette vacuité des ribouis vangoghiens ? Que tout homme est un « homme de trop ». Que celui qui contemple ce tableau de peinture aurait mieux fait de ne jamais naître. Rien autre chose.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 5 janvier 2023

Incroyable mais vrai

 

Aussi bizarre que cela puisse paraître, il y a des gens qui éprouvent le besoin d'être reconnus !!! Et peu importe par qui !!!

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Bon esprit du chou rouge

 

Comme l'a remarqué le poëte Berthold Heinrich Brockes, le chou rouge a le bon esprit de mûrir non au fort de l'été, mais par les premiers froids.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un ours mal léché

 

Si Simone Boué avait demandé à Cioran de sortir de là et de se changer pour qu'ils puissent essayer ce nouveau restaurant japonais qu'elle avait vu sur The Fork, il y a fort à parier que le Grandiloque l'eût envoyée paître.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Absence de dérangement du Grandiloque

 

Sur l'être et le non-être, sur l'irréalité du monde, sur ceci et sur cela, les philosophes présocratiques ont dit tout ce qu'il y avait à dire. Pourtant, plus de deux mille cinq cents ans après, certaines personnes se croient toujours autorisées à « penser ». C'était le cas par exemple du « négateur universel » Émile Cioran. Il n'était pas dérangé !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 4 janvier 2023

A place to hide

 

Kafka était trop bien élevé pour commettre l'homicide de soi-même. Mais il n'était pas heureux d'exister. L'être n'était pas son fort. Son phantasme était de se cacher dans un terrier ou sous un canapé.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Harmonie invisible

 

Selon Héraclite, l'harmonie invisible est plus importante que la visible. C'est pourquoi le philosophe s'efforçait toujours d'assortir la couleur de son slip à celle de son maillot de corps (attesté par Stésimbrote de Thasos).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Nouvelles impressions d'Afrique

 

Raymond Roussel : Marcel, je suis dans la mouise, l'inspiration m'a quitté, je ne sais plus quoi écrire.
Marcel Proust : Retourne en Afrique, eh, patate !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un occultiste prudent

 

Quand il donnait une consultation privée, le mage Hanussen exigeait toujours d'être payé recta.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 3 janvier 2023

Gare !

 

Matthieu XII, 32 : « Quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre Férillet Robert, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir. » — « Ni dans le siècle à venir » ! Entends-tu, bourrelle ? 

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Le plus important

 

Pour absurde et ridicule que nous paraisse la vie des autres, le fait est qu'ils y tiennent. Non seulement ils s'accrochent à leurs petites affaires, mais toutes ces bêtises sordides qui constituent leur existence sont même pour eux « le plus important » (to timiotaton). Plotin, la philosophie néoplatonicienne, ils s'en « battent les steaks ».

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Exclamations pathétiques

 

N'en déplaise à Émile Cioran, il est une exclamation plus pathétique que celle du dernier poëte païen Rutilius Namatianus, c'est celle de Michel Fugain quand il s'écrie : « Je suis seul dans l'univers ! » — Le barde ajoute ensuite qu'il ne sait pas, qu'il ne sait plus, qu'il est perdu, et s'exhorte à « faire comme l'oiseau » mais cela nous entraînerait trop loin.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Effets de la maladie

 

Jusqu'à son opération de la prostate en 2010, le politicien allemand Oskar Lafontaine était un homme affable. Ensuite, son moral s'est assombri et il est devenu quelque peu revêche.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 2 janvier 2023

Un sur cinq pour l'existence

 

« Encore une aventure qui ne m'a pas emballé : l'existence. Le cadre en était un peu joli (si l'on n'est pas trop regardant), mais je n'ai pas assez le goût de l'absurde pour apprécier ce genre d'histoire sans queue ni tête. » (Stylus Gragerfis, Montcuq, Lot)

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

« Cher Edmond-Henri... »

 

Tout ce qu'on peut dire d'un suicidé, c'est qu'il devait être « bien malheuleux » (d'exister). Mais cela ne fait pas de lui quelqu'un de particulièrement intéressant, ni de son destin quelque chose de « sublime » ! Pourquoi a-t-il accompli son geste fatal ? Peut-être ne connaissait-il pas les paroles de Dieu dans le Deutéronome ? Ou peut-être qu'il s'en « tamponnait le coquillard » ? Quoi qu'il en soit, tout ce qu'on peut dire de lui est qu'il était « bien malheuleux » (d'exister).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Croquenots

 

S'il faut en croire Heidegger, les croquenots de Van Gogh nous font connaître « la vérité de l'étant », une vérité qui ne se réduit jamais à l'étant en question (ici la chose « croquenots ») mais porte sur l'être en général (que la chose « croquenots » laisse advenir). L'idée est la suivante : on regarde un tableau de peinture représentant des croquenots, et tout à coup, l'être arrive à sa manière fulgurante et, en une sorte de mutation, nous délivre de notre cécité. C'est Heidegger qui le dit.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

L'impatience du découpé

 

La vie vous découpe en rondelles selon la tactique dite « du salami hongrois », et vous, tout ce que vous pouvez faire, c'est écrire quelques aphorismes pour signifier que vous n'êtes pas content.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 1 janvier 2023

Justice pour Adamov !

 

« Injustement méconnue aujourd'hui, l'œuvre théâtrale, poétique et critique d'Adamov n'en reste pas moins essentielle. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Aphorisme sur la sagesse dans la vie

 

La « sagesse dans la vie » consiste à éviter les ennuis autant que faire se peut, donc et avant tout à rester à distance des « personnes du sexe ». Ça ne suffit pas toujours à assurer le bonheur (il y a aussi les panaris), mais c'est un bon début.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Aux chiottes l'expression

 

Dès qu'on s'exprime, de quelque manière que ce soit (roman, sonate, tableau de peinture, « pensées » — le pire étant évidemment les « pensées »), on devient un objet hautement comique, on se « kitschifie ». Ça crève les yeux, et pourtant les gens n'arrêtent pas de s'exprimer, ils s'expriment à qui mieux mieux. Crétins, va ! Squelettes ! Pots de pisse !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Menteries

 

Vivre, c'est vivre dans le mensonge. Du moins pour les humains — car les animaux, eux, ne mentent pas (un peu comme la terre, au dire d'Emmanuel Berl).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 31 décembre 2022

Monomanie

 

L'écrivain japonais Dazai Osamu. Quand il n'essayait pas de se suicider, il écrivait. Mais la plupart du temps, il essayait de se suicider.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Encore un effort, messieurs les sceptiques !

 

Aucun sceptique, pas même Pyrrhon, pas même Ænésidème, pas même Sextus Empiricus, et ne parlons pas de Carnéade, n'a poussé le scepticisme jusqu'au bout. Sinon, il se serait instantanément évaporé.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Quitter Bezons

 

Quand on est de Bezons et qu'on veut sortir de Bezons, il n'y a pas d'autre solution que de voyager, c'est-à-dire de transporter ses organes hors de Bezons. Mais il faut d'abord les rassembler et ce n'est pas une mince affaire !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Métaplaque métallique

 

Le poëte Ghérasim Luca a fait jore que s'il se suicidait, c'était « parce qu'il n'y a plus de place pour les poëtes dans ce monde » (cf. sa lettre d'adieu), mais si ça se trouve, c'est juste que sa gow l'avait largué. Comme même ! Du coup ! Il s'est jeté dans la Seine, du coup.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)