dimanche 12 février 2023

Exutoires

 

Le philosophe Jean-Paul Sartre n'avait pas le droit de faire des miettes, et quand il oubliait de mettre les patins, ça bardait pour son matricule. Dans son intérieur, il était presque aussi brimé que le « Grandiloque des Carpates ». Les Simone, « comme même »... c'est quelque chose ! Heureusement, il y avait l'existentialisme (pour l'un) et la négation universelle (pour l'autre). Sinon... 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Moments de la légende

 

Cioran achetant une cuillère en bois dans un grand magasin ; Cioran à la recherche de deux robinets « vieux modèle, hélas » sur le boulevard Richard-Lenoir ; Cioran se disputant avec un commerçant à propos d'une bouteille de butane ; Cioran se coinçant le pouce dans une portière de voiture ; Cioran mangeant une portion de tarte aux poireaux et demandant du « rabe » à Simone Boué : ce sont là des moments cruciaux de la légende, et chacun restera à jamais gravé dans les mémoires. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Accès de découragement

 

« Si ça continue, je vais faire comme Leopoldo Lugones, je vais sentir au plus profond de moi que la réalité n'est pas verbale, qu'elle peut être incommunicable et atroce, et je vais m'en aller, taciturne et seul, chercher la mort dans le crépuscule d'une île.
— Déconne pas, vieux ! »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Bric-à-brac

 

Dans le ciel des idées platoniciennes, il y a le modèle de tous les objets possibles et imaginables, jusqu'aux plus loufoques. C'est une vraie caverne d'Ali Baba. Il paraît qu'on y trouve même le prototype des fameux « biberons Robert ». 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 11 février 2023

Méditation merleau-pontienne

 

Possédons-nous un corps ou sommes-nous notre corps ? C'est sans doute la deuxième réponse qui est la bonne, mais si c'est comme ça, autant se pendre tout de suite. D'un autre côté, si l'être humain est avant tout une âme, c'est aussi un coup à se pendre. Se pendre, toujours se pendre, ce n'est pas une vie... 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Art de la fugue vs. tarte aux poireaux

 

Quand il s'agit de Bach, le Grandiloque paraît oublier sa posture de « négateur universel », il s'enflamme et ne tarit pas d'éloges. Bach ceci, Bach cela... Il fait même de Bach une preuve de l'existence de Dieu. Mais Bach, quand on y songe, ce n'est qu'un assemblage de sons. Alors qu'une tarte aux poireaux... Préparée avec amour par Simone Boué... Ça, c'est du concret. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Dissémination du pachynihil

 

Si l'idée du Rien était pourvue d'une capsule de déhiscence — septicide, transversale, valvulaire, n'importe —, peut-être inonderait-elle le monde de ses propagules ? Avec bienveillance ?  
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Climatisation mentale

 

La pensée de l'homicide de soi-même constitue une sorte de « routine eudémonologique ». À la façon d'un climatiseur mental, elle assure le refroidissement des installations. Mais elle doit être consommée en dehors des heures de repas ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 10 février 2023

Publicité mensongère

 

Jéricho ne sert pas toujours illico. Parfois, il faut attendre un peu. Ainsi, le Livre de Josué nous apprend que durant six jours, les Israélites firent le tour de la ville en sonnant de la trompette et du buccin. Ce n'est que le septième jour que les murs s'effondrèrent. Jéricho fut ensuite rasée, sa population massacrée et le lieu maudit. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Correspondances

 

Si Baudelaire dit vrai, si vraiment les parfums, les couleurs et les sons se répondent, alors nous sommes fichtrement mal barrés. Heureusement, tout semble démontrer le contraire. Par exemple l'existence du vocable zingibéracé (dont le son ne répond pas à la couleur rose-orangé du gingembre). 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Dangers de l'otium

 

Travailler est abrutissant, peu importe le genre de travail. On se transforme en une fourmi de dix-huit mètres, il ne nous manque que le petit chapeau sur la tête. Quand on en a les moyens, il vaut mieux ne rien faire. Mais alors, on risque de se mettre à réfléchir sur « l'être ». Que ce soit l'Ecclésiaste ou Heidegger, ça ne leur a pas tellement réussi (il sont morts tous les deux). Alors ce n'est pas évident (du coup). Il faut voir... 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Victoire écrasante de l'âne gris

 

Entre le bœuf et l'âne gris, il n'y a pas de discussion possible : c'est l'âne gris. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 9 février 2023

Cioran et les rossignols

 

Le « négateur universel » Émile Cioran commet une faute de goût quand il dit que « dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter ». L'image est triviale et provoque le malaise. Elle conduit à se représenter Cioran lui-même éructant après avoir englouti une énorme part de tarte aux poireaux confectionnée avec amour par Simone Boué. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Fondement de l'existence et existence du fondement

 

« Le passé n'existe plus. L'avenir n'existe pas encore. Le présent, qui se dissout à la fois dans le passé et dans le futur, n'existe pas non plus. Alors qu'est-ce qui existe ? Hein ?
— Mon cul ! Voilà ce qui existe. Mon cul ! Non mais ! »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

La tentation d'exister

 

On passe sa vie à se demander si on va se tuer. On se tâte le pouls. Et au moment où on est enfin prêt à passer à l'action, voilà-t-il pas que Simone Boué se présente avec une appétissante tarte aux poireaux ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Toi aussi, tu es mortel

 

Chacun se croit spécial, pourtant personne ne l'est. Et pour la mort, c'est la même chose : on se croyait goofy, mais quand elle se pointe, voilà qu'on se découvre regular ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 8 février 2023

Un trumeau

 

Même quand on est une personne « nihilique », il faut beaucoup de bonne volonté pour tomber amoureux de la mort. Elle n'a pas d'affriolants « biberons Robert ». Elle n'est pas callipyge. La mort n'est pas un tendron. C'est une vieille couasse déplumée. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

L'épouvante du faire

 

Quand on s'est habitué à l'inaction, la moindre chose à faire prend des proportions démesurées et vous plonge dans les affres de la quarantaine au féminin. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Big mostoche

 

Sans sa grosse moustache, il y a fort à parier que le « penseur paradoxal » Frédéric Nietzsche ne serait pas passé à la postérité. Tant il est vrai que le vulgum pecus accorde plus de prix à la surface des choses qu'aux « pensées paradoxales ». 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Toujours plus

 

L'homme est un être profondément chiant. Rien n'est jamais assez beau pour lui. Un proverbe géorgien dit qu'on donna des yeux à un aveugle, mais que ce dernier se mit aussitôt à réclamer des sourcils. L'histoire est peut-être apocryphe mais ce serait assez dans la manière du monstre bipède. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 7 février 2023

Fonte du Moi

 

Dans son poëme Chanson pour les enfants l'hiver, le poëte Jacques Prévert raconte l'histoire d'un bonhomme de neige poursuivi par le froid. Ce bonhomme de neige court dans la campagne pour se réchauffer, puis, fatigué de pouloper, il entre dans une maison, s'assoit sur le poêle, et fond entièrement (il ne reste de lui que sa pipe et son chapeau). Si l'histoire de ce bonhomme de neige nous émeut au suprême, n'est-ce pas parce que c'est aussi la nôtre, à nous les « handicapés de la vie » ? 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Chez les mabouls

 

L'être humain est fou, il n'y a pas d'autre explication. Ses inventions à la mords-moi-le-chose... La « société »... Le « progrès »... Les « tableaux de peinture »... Délires d'un fou ! — Lili, moi, Bébert, La Vigue... 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Les déchus

 

De quelqu'un d'intraitable, on dit qu'il ne veut rien savoir. Si seulement Adam avait été intraitable... Mais il voulait savoir, le céoène. Il voulait voir. Eh bien, on a vu. Et maintenant, on est « déchus ». T'es content, narvalo ? 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Le bonheur dans le Rien

 

Le bonheur, c'est quand personne n'attend rien de vous. On peut s'abandonner à ses ruminations. On est léger... léger... — Il va sans dire que depuis longtemps, on n'attend rien non plus de personne. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 6 février 2023

Esbroufe de l'ivresse batelière

 

Les ceusses qui se vantent d'avoir descendu des fleuves impassibles et disent ne s'être plus, à un moment donné, sentis guidés par les haleurs (vu que ces derniers avaient été pris pour cibles par des Peaux-Rouges criards qui les avaient cloués nus à des poteaux de couleur), ces ceusses mériteraient d'être sévèrement fessés pour « frime » aggravée. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Une sale engeance

 

L'humanité se divise en deux groupes : d'un côté, nos ennemis déclarés ; de l'autre, nos ennemis latents (qui n'attendent que l'occasion pour se déclarer). En résumé : une belle bande de salops — et il y aurait bien de quoi devenir paranoïaque.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Épicurisme

 

Penser à offrir une carpe au président Ngô Đinh Diêm aujourd'hui même. Car demain, il sera peut-être trop tard. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Perlimpinpin prismatique

 

Pour décider si ça vaut le coup d'adhérer à la métempsychose, il faudrait d'abord savoir ce que c'est que l'âme. À première vue, il s'agit d'une sorte de « perlimpinpin prismatique ». Ce n'est pas très engageant ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 5 février 2023

La trêve

 

Dans la vie, tout n'est pas à jeter. Il y a ces merveilleux moments où l'on dort, les seuls où l'on échappe à l'emprise du « fétide et rébarbatif réel ». Pourquoi s'éveiller, alors ? Pour la même raison qui pousse le fou à se taper la tête contre les murs : parce que ça fait du bien quand ça s'arrête. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)