Affichage des articles dont le libellé est Kierkegaard Soren. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Kierkegaard Soren. Afficher tous les articles

lundi 16 août 2021

La grande question

 

Comment, après Kierkegaard, après Fernando Pessoa, après le « philosophe de l'absurde » Albert Camus, se trouve-t-il encore des gens pour se lever le matin ? Comment le « monstre bipède » n'est-il pas paralysé par la sensation de vivre isolé dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort ? C'est, pour l'homme du nihil, la grande question (avec celle du taupicide qui lui est apparentée).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 12 août 2021

Ou bien... ou bien

 

« La foi commence précisément où finit la raison », affirme Kierkegaard. Mais que faire si l'une vous est inaccessible et l'autre vous répugne ? Il ne reste qu'à « douiller » à fond — et, comme l'a bien vu Dostoïevski, on « douille » d'autant plus que l'on ne comprend pas. Heureusement, il y a le taupicide — et, peut-être plus précieuse encore, l'idée du taupicide.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 11 août 2021

Fatalitas

 

Face à l'angoisse d'exister dans un monde où le vertige de la liberté — c'est-à-dire du choix de se pendre ou non avec une ficelle qu'on a attachée au portique d'entrée du potager — a de quoi vous rendre maboul, un monde où sévit en outre le terrible « monstre bipède », l'homme du nihil, toujours fataliste, endure le désespoir comme un fardeau constitutif à sa condition d'humain. En cela, il ressemble un peu à l'homme kierkegaardien.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 6 juillet 2021

Existence ironique et désespoir

 

Contrairement à ce que prétend le psychologue américain John Tussord, il y a bien un rapport entre existence ironique et désespoir. Si, comme l'affirme le Traité du désespoir, « le désespoir est la discordance interne d'une synthèse dont le rapport se rapporte à lui-même », l'ironiste qui ne réalise pas existentiellement la véritable synthèse du Moi en avalant du taupicide est un être « désespéré de la tête aux pieds ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 3 novembre 2019

Pourquoi il y a du poil sur les noix de coco ? (C. Bukowski)


Duke avait une fille, Lala, comme on l'appelait, une fille de quatre ans, son premier enfant. Il avait toujours pris soin de ne pas avoir d'enfants, craignant qu'ils ne le tuent un jour, et maintenant il était fou de Lala. Elle le ravissait, elle devinait tout ce qu'il pensait, comme si un fil la rattachait à lui, et lui à elle.
Duke était au supermarché avec Lala et ils parlaient tous les deux et Lala lui disait tout ce qu'elle savait et elle en savait beaucoup, d'instinct, et Duke ne savait pas grand chose mais il disait ce qu'il pouvait, et ça marchait. Ils étaient heureux ensemble.
« C'est quoi ça ? demandait Lala.
— Une noix de coco.
— Il y a quoi dedans ?
— Du lait et du truc à mâcher.
— Pourquoi ils sont dedans ?
— Parce qu'ils aiment ça, le lait et le truc à mâcher, ils aiment être dans cette coquille. Et ils se disent : "Oh ! que j'aime ça !"
— Pourquoi ils aiment ça ?
— N'importe qui aimerait ça. Moi aussi.
— Non, pas toi. Si t'étais à l'intérieur, tu ne pourrais pas sortir ta voiture, tu ne pourrais pas manger tes œufs au bacon...
— Les œufs au bacon ne sont pas tout dans la vie. Il y a aussi l'existentialisme chrétien.
— C'est quoi ?
— C'est une école de pensée que l'on rattache souvent à l'œuvre du philosophe danois Søren Kierkegaard. Elle s'appuie sur trois affirmations majeures fondées sur la compréhension unique qu'avait Kierkegaard du christianisme. La première est que l'univers est fondamentalement paradoxal, et que le plus grand paradoxe de tous est l'union transcendante de Dieu et de l'humain en la personne du Christ. La deuxième est qu'avoir une relation personnelle avec Dieu dépasse toutes les morales, les structures sociales et les normes communes établies. La troisième est que suivre les conventions sociales est essentiellement un choix esthétique personnel que font les individus.
— Oh ?
— Ouais. »


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

jeudi 7 mars 2019

Un héros kierkegaardien


Au dire de Gragerfis, le suicidé philosophique connaît le désespoir de l'esprit pur perdu dans le « désert de Gobi de l'existence » et son désespoir est la « cime même du défi ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 11 octobre 2018

Âmes tourmentées


Le critique Sainte-Beuve l'avait déjà remarqué : il y a des âmes qui apportent dans la vie comme un besoin de souffrances et une faculté singulière de sentir la peine. On pense bien sûr à Marceline Desbordes-Valmore et à ces accents déchirants que l'on trouve dans La jeune fille et le ramier :

        Les rumeurs du jardin disent qu'il va pleuvoir
        Tout tressaille, averti de la prochaine ondée
        Et toi, qui ne lis plus, sur ton livre accoudée
        Plains-tu l'absent aimé qui ne pourra te voir ?

mais il paraît que cette famille d'âmes tourmentées compte également en son sein le philosophe danois Søren Kierkegaard, resté célèbre par ce cri poignant : « Du possible ! Du possible, sinon j'étouffe ! »


(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

lundi 24 septembre 2018

Coquecigrue


Dans son Journal d'un cénobite mondain, Gragerfis énonce deux qualités que posséderait nécessairement, selon lui, une créature dépourvue de Moi. « Primo, dit-il, elle ne connaîtrait aucune des formes de cette agonie de l'être qu'on nomme la solitude : ni celle, existentielle, décrite par le philosophe Kierkegaard ; ni la plus terrible encore solitude des fêtes foraines évoquée par Doppelchor dans sa Suave idée du Rien. Deuzio, n'ayant pas conscience du temps, elle pourrait s'exclamer comme le poëte : Éternellement jeune ! » — « Si tant est qu'une créature privée de Moi puisse s'exclamer quoi que ce soit », ajoute-t-il avec sa mordacité habituelle.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

vendredi 14 septembre 2018

Introuvable possible


L'homme du nihil est parfois tenté d'imiter le philosophe danois Søren Kierkegaard et d'aller, vêtu d'un caleçon long, par les cités et par les places, des viandes et des poissons pendus à son cou, en criant : « Du possible ! Du possible, sinon j'étouffe ! »

Mais à quoi bon « faire le zouave », puisque du possible, ici-bas, il n'y en a « pas plus que de beurre au prose »...


(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

mardi 14 août 2018

Contre Kierkegaard


Loin d'être le corollaire obligé d'une quelconque angoisse existentielle, le sentiment intérieur de la présence du Rien peut procéder d'un simple panaris dit « en bouton de chemise », d'après Max Brod.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

lundi 30 juillet 2018

Désespoir kierkegaardien


« En rêvait-il assez de ce domaine de 43 hectares riche d'un vignoble réputé de premiers crus de vins de Chablis ! Mais cette propriété appartenait à son épouse, Josyane, 48 ans, qui la tenait de son père, l'infatigable créateur du domaine de Oliveira, plusieurs fois récompensé pour la qualité de ses vins.

Jacky Chatelain, l'ex-mari de Josyane, est aujourd'hui accusé d'avoir empoisonné sa femme pendant plusieurs mois avec des cristaux d'arsenic provenant d'un insecticide agricole, le Pyral. Il a été arrêté par la police judiciaire d'Auxerre et a avoué. Trois fois par semaine, il versait une dose de poison dans le repas du soir. Il a été mis en examen pour "tentative d'empoisonnement". Il risque trente ans de réclusion. 


"Un homme désespéré", selon son avocat, Me Bernard Revest. "Comme le malheureux décrit par le penseur danois Søren Kierkegaard, il a formé d'abord une abstraction infinie de son Moi, mais ce Moi est devenu à la fin si concret qu'il lui est tout bonnement impossible d'être éternel de la sorte ; cependant, en son désespoir, il veut être lui-même. Ô vanité ! ô néant ! ô aveuglement étrange des hommes, gloriatur in malitia sua !" » (Le Parisien, 23 mars 2009)

(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)


samedi 21 juillet 2018

Du traumatisme infantile à la psychose


Fait peu connu mais qui en dit long, l'enfant Søren Kierkegaard n'eut pas de jouets : son père lui faisait regarder des images religieuses montrant par exemple le Christ agonisant sur la croix, Abraham levant son couteau sur Isaac, ou le Père Dupanloup obtenant la rétractation de Talleyrand sur son lit de mort.

Comment s'étonner dès lors si le philosophe danois fit ensuite de l'angoisse une catégorie essentielle de sa pensée et s'il dut se séparer de Régine Olsen juste après s'être fiancé à cette bourrelle, séparation qui fut son « écharde dans la chair » car elle attestait l'impossibilité où se trouvait le « penseur privé » de rentrer dans les catégories humaines ordinaires, et notamment le mariage — si tant est qu'on puisse appeler le conjungo une « catégorie humaine ordinaire » ?


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

vendredi 20 juillet 2018

La chaîne (Tobias Wolff)


Brian Gold était en haut de la colline quand le chien attaqua. Une bête énorme, noire, semblable à un loup, attachée à une chaîne, surgie brusquement de derrière une véranda, qui franchit son jardin ventre à terre et pénétra dans le parc, courant aisément malgré la neige épaisse, la fille de Gold en point de mire.

Gold attendit que la chaîne stoppe le chien net ; le chien courait toujours. Gold plongea vers le pied de la colline, en criant. La neige et le vent étouffaient sa voix. La luge d'Anna était presque parvenue au bas de la pente. Gold avait relevé la capuche de sa parka pour la protéger des bourrasques cinglantes et il savait qu'elle ne pouvait ni l'entendre ni voir le chien se ruer sur elle. Il avait conscience de la vitesse du chien et du ralenti de ses propres enjambées, du poids de ses bottes en caoutchouc, de l'entrave que représentait la croûte collante sous la neige fraîche.

Surtout, il se souvenait avec angoisse que chez Hegel et Spinoza, le monde n'est qu'un système de nécessité. Certes, dans la doctrine de l'essence, Hegel montre que la nécessité logique se doit d'affronter la contingence du monde pour se rendre effective, mais cela ne le rassurait guère, et encore moins de savoir que chez Spinoza, la contingence est conçue comme un défaut imputable à l'ignorance des causes nécessaires, qu'elle n'a pas de statut ontologique, que son statut est seulement épistémique.

Il envisagea un moment de se tourner vers l'irrationalisme chestovien, mais il n'en avait plus le temps : le chien bondissait déjà, mordait Anna à l'épaule, la soulevait de la luge, la traînait derrière, la secouant comme une poupée.

Désespéré — le salut se trouvait peut-être chez Kierkegaard ? —, Gold se jeta au bas de la colline, puis la distance disparut et il se retrouva là.


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

jeudi 12 juillet 2018

Mathématiques solidaires


« Des mathématiques drôles et solidaires, cela peut paraître étonnant pour certains, mais pas pour Mostafa El Massoud, professeur de mathématiques au collège Sainte-Catherine. "Depuis onze ans, il existe au niveau national un grand concours de maths qui a deux objectifs : le premier est de plonger les élèves dans l'univers ludique des mathématiques. Ils comprennent ainsi qu'en se tuant, le suicidé philosophique annule son propre polynôme caractéristique, comme fait tout endomorphisme d'un espace vectoriel de dimension finie sur un corps commutatif quelconque, selon le théorème de Cayley-Hamilton. Le second objectif, non moins important, est de participer à une action humanitaire."

Ce concours concerne les élèves des classes de la 6e à la terminale. "Dans mes quatre classes, continue l'intarissable matheux, au moins soixante-dix élèves se sont inscrits. Chacun des participants sera récompensé en fin d'année. L'inscription est payante, et l'argent est dédié à des actions humanitaires. Cette année, les fonds donneront un accès à l'eau potable à des enfants haïtiens ainsi qu'à leurs familles." 

Alors oui, faire des maths en s'amusant, et de plus en faisant œuvre utile, cela est possible. Kierkegaard avait tort de désespérer : le possible existe ! » (La Dépêche du Midi, 24 janvier 2012)


(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)

mercredi 11 juillet 2018

De dicto et de re


À l'évidence, la phrase « Kierkegaard croit que quelqu'un va tenter de le détruire en lui administrant des médicaments dangereux » peut être comprise de deux façons. Dans la première interprétation, ce « quelqu'un » est inconnu et Kierkegaard souffre de paranoïa 1 ; dans ce cas, son affirmation est peut-être vraie, mais elle ne concerne personne en particulier. L'assertion du penseur privé, « quelqu'un veut me détruire en m'administrant des médicaments dangereux », est alors vue comme une proposition de dicto. En revanche, dans la modalité de re, « quelqu'un » désigne une personne particulière que Kierkegaard connaît — exempli gratia, le pharmacien Labrunie ou l'ex-notaire Bernard — et qui est prête à l'empoisonner.

La distinction entre de dicto et de re permet de comprendre comment le Dasein peut soutenir des croyances en apparence contradictoires. Posons par exemple : « Kierkegaard croit que le Rien est plus bénin que le nihil ». Comme le Rien et le nihil sont une seule et même chose, la croyance de Kierkegaard est fausse de re. Cependant, de dicto, cette affirmation est acceptable, dans la mesure où Kierkegaard ne sait pas que le Rien ne fait qu'un avec le nihil (rappelons qu'en danois néant se dit intetheden).


1. Ce qui est tout de même difficilement croyable de la part de l'auteur du Post-scriptum aux miettes philosophiques !

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

mardi 10 juillet 2018

Boule chevelue


Le théorème de la boule chevelue est un résultat de topologie différentielle qui s'applique à une sphère supportant en chaque point un vecteur, vu comme un cheveu, tangent à la surface de cette sphère. Il affirme que la fonction associant à chaque point de la sphère le susdit vecteur admet au moins un point de discontinuité, ce qui revient à dire que la coiffure contient un épi, ou qu'il y a des cheveux nuls, autrement dit de la calvitie.

Ce théorème est connu pour provoquer chez le sujet pensant un sentiment d'inconfort, qui peut même dégénérer en un malaise existentiel à la Kierkegaard chez les individus hantés par le spectre de l'alopécie.


(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

samedi 7 juillet 2018

Classification


Selon le « Père la pétoche de la philosophie » 1, les humains se répartissent en deux catégories : ceux pour qui le fait même d'être est une souffrance, et ceux — que l'on peut reconnaître à leurs survêtements bariolés — à qui échappe totalement le sens tragique de l'existence. Mais à laquelle de ces deux familles vaut-il mieux appartenir, le « penseur privé » ne le dit pas.

1. C'est ainsi que Gragerfis appelle Kierkegaard dans son Journal d'un cénobite mondain.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

jeudi 21 juin 2018

Halte aux déchets dans la pièce d'eau des Suisses !


« Des bouteilles en plastique, des poissons morts, des transats... et même la carcasse d'une vieille Panhard. On trouve de tout dans la pièce d'eau des Suisses du château de Versailles. Ce bassin peu profond, creusé au XVII e siècle par un régiment de Gardes suisses et très fréquenté par les promeneurs, est régulièrement souillé par des détritus abandonnés au fond de l'eau ou en surface. Au grand dam de certains Versaillais, qui ont décidé de se mobiliser.

"J'ai l'habitude de me promener dans ce secteur. C'était très sale cet été. Au mois d'août, je me baladais avec une amie, nous discutions de la synthèse quintuple fichtéenne qui vise, comme on sait, à unifier en les égalisant les points de vue de l'être substantiel et du soi fini, lorsque j'ai vu des poissons morts et deux enfants en train de pêcher juste à côté. C'est révoltant", raconte Christine Schneider, dont on ne sait si elle fait référence aux poissons morts, aux enfants, ou à la synthèse quintuple fichtéenne. Toujours est-il que cette habitante de Versailles a décidé de lancer un appel sur les réseaux sociaux.

Elle a été entendue par Juliana. À la mi-novembre, celle-ci a décidé de mobiliser via Internet. Cette trentenaire a créé la liste "Versailles Royalement Propre" sur Facebook. A présent, elle compte 200 "amis" qui viennent de signer une pétition à l'attention des responsables du château de Versailles.

Elle réclame un nettoyage immédiat du bassin, l'assainissement de l'eau, la mise en place de poubelles, un entretien régulier du parc et du bassin, une surveillance pour éviter les incivilités, et "des comptes pour chacun de ceux que l'existence, l'histoire, le hasard, la superstition, l'inquisition de Philippe II, etc., ont rendu victimes : sans cela, je préfère me jeter la tête la première en bas de l'échelle ; même gratuitement, je ne veux pas accepter le bonheur : il faut encore qu'on me rassure au sujet de chacun de ceux qui sont mes frères par le sang" — et cetera, et cetera, on voit que la jeune écervelée répète la fameuse lettre de Bielinski citée par Chestov dans son Idée de bien chez Tolstoï et Nietzsche.

"L'objectif est de préserver la qualité de vie autour de cette pièce d'eau et de faire entrevoir à l'homme la possibilité d'une existence fondée sur l'éthique au sein même d'une vie soumise à la réalité du péché", souligne Juliana qui donne rendez-vous aux Versaillais, ce mardi à 14 h 30, Place du marché Notre-Dame, à proximité du café Le Chat qui pète. » (Le Parisien, 28 novembre 2016)


(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)

mardi 29 mai 2018

Aventure de Julien


Une femme d'une soixantaine d'années s'est jetée du pont Régemortes à Moulins (Allier), mercredi 30 novembre, vers 20 heures. Julien passait sur le pont à ce moment là : « Je l'ai vue debout, sur le parapet. J'ai essayé de la dissuader de sauter, je l'ai même conjurée de ne pas le faire. Elle est redescendue, mais... »

Elle a sauté dans l'Allier.  Un autre témoin a tenté de lui venir en aide en se mettant à l'eau avant l'arrivée des secours. Une quinzaine de sapeurs-pompiers, dont plusieurs plongeurs de Moulins, Vichy et Montluçon appuyés par un bateau, ont effectué des recherches jusqu'en fin de soirée, aux abords du pont. Elle est restée aussi introuvable que le « possible » de Kierkegaard. (La Montagne, 1er décembre 2016)


(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)

Le désert de Gobi de l'existence


On trouve, dans Le Crabe aux pinces d'or, des tonalités kierkegaardiennes qui reflètent bien l'évolution spirituelle de Hergé à cette époque (1941). Ainsi, quand Tintin, après que son avion s'est écrasé au cœur du Sahara, fait le point sur sa vie et soupire : « Toujours rien à l'horizon... rien que le désert sans limite... — Je me demande comment nous allons nous en tirer... ». Ne croirait-on pas entendre la voix si caractéristique du « penseur privé » ?

Tintin vient d'être frappé par l'idée du Rien mais n'est pas encore prêt à faire le « saut dans l'irrationnel » qui a tant obsédé le philosophe danois (et que ce dernier se jugea d'ailleurs incapable d'effectuer, en raison d'une certaine ankylose mentale qui le paralysait).


(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)