« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 11 juillet 2018
De dicto et de re
À l'évidence, la phrase « Kierkegaard croit que quelqu'un va tenter de le détruire en lui administrant des médicaments dangereux » peut être comprise de deux façons. Dans la première interprétation, ce « quelqu'un » est inconnu et Kierkegaard souffre de paranoïa 1 ; dans ce cas, son affirmation est peut-être vraie, mais elle ne concerne personne en particulier. L'assertion du penseur privé, « quelqu'un veut me détruire en m'administrant des médicaments dangereux », est alors vue comme une proposition de dicto. En revanche, dans la modalité de re, « quelqu'un » désigne une personne particulière que Kierkegaard connaît — exempli gratia, le pharmacien Labrunie ou l'ex-notaire Bernard — et qui est prête à l'empoisonner.
La distinction entre de dicto et de re permet de comprendre comment le Dasein peut soutenir des croyances en apparence contradictoires. Posons par exemple : « Kierkegaard croit que le Rien est plus bénin que le nihil ». Comme le Rien et le nihil sont une seule et même chose, la croyance de Kierkegaard est fausse de re. Cependant, de dicto, cette affirmation est acceptable, dans la mesure où Kierkegaard ne sait pas que le Rien ne fait qu'un avec le nihil (rappelons qu'en danois néant se dit intetheden).
1. Ce qui est tout de même difficilement croyable de la part de l'auteur du Post-scriptum aux miettes philosophiques !
(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)
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