« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 11 juillet 2018
Et ça, qu'est-ce que tu en dis ? (Raymond Carver)
Il ne restait plus trace en lui de l'optimisme qui avait teinté sa fuite de la ville. Il s'était évaporé au soir du premier jour, tandis qu'ils roulaient vers le nord entre deux rangées ténébreuses de séquoias géants. Désormais, les pâturages de l'ouest du Washington, leurs vaches, leurs corps de ferme épars, ne semblaient plus rien promettre, rien en tout cas de ce qu'il désirait vraiment. Et à mesure qu'il avançait, un sentiment de révolte et de désespoir grandissait en lui. Une citation du philosophe Albert Camus lui revint en mémoire : « Dans l'épreuve quotidienne qui est la nôtre, la révolte joue le même rôle que le "cogito" dans l'ordre de la pensée : elle est la première évidence. Mais cette évidence tire l'individu de sa solitude. Elle est un lieu commun qui fonde sur tous les hommes la première valeur : Je me révolte donc nous sommes. » Oui, décidément, Camus avait raison : la révolte métaphysique est le mouvement par lequel un homme se dresse contre sa condition et la création toute entière. Il eut un haussement d'épaule et il sortit une cigarette. Ensuite il se lécha les lèvres, se tourna vers Emily et se força à sourire.
— Eh bien nous y voilà, dit-il. Chez Camus, l'homme a une nature humaine, et c'est un point de fracture avec l'ontologie de Sartre.
— Tu ne veux pas te taire un peu, dis ?
(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)
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