Affichage des articles dont le libellé est constipation. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est constipation. Afficher tous les articles

samedi 6 octobre 2018

Autoblocage


Dans la constipation, le sujet déféquant est, comme le dirait le philosophe Jankélévitch, tout à la fois l'organe et l'obstacle.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

jeudi 27 septembre 2018

Vanitas vanitatum


Il y a trois mille ans, le célèbre roi Salomon, renommé pour sa sagesse et sa richesse, connut une expérience qui trouve dans notre époque une étonnante résonance : celle de la constipation. Pour finir, il écrivit dans ses mémoires : « J'en suis arrivé au désespoir. » (Ecclésiaste 2.20, Bible du Semeur). La conclusion de ce texte nous raconte qu'heureusement, il trouva une issue (grâce au jus de pruneaux).

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Angoisse


Tout constipé chronique le sait : l'angoisse n'est rien autre chose que le double désir de parvenir au but et de ne cesser d'y tendre, car le but n'existe que par le périple qui mène à lui.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

dimanche 23 septembre 2018

Qu'est-ce donc que le « foirard » ?


« Lesdictz bergiers les requirent courtoisement leur en bailler pour leur argent, au pris du marché. Car notez que c'est viande céleste, manger à desjeuner des raisins avec de la fouace fraiche, mesmement des pineaulx, des fiers, des muscadeaulx, de la bicane, et des foyrars pour ceulx qui sont constipez de ventre. Car ilz les font dasler long comme un vouge 1, et souvent, cuydant péter ilz se conchient, dont sont nommez les cuideurs des vendanges. » (Rabelais, Gargantua, Chapitre XXV)

« Foirard, espèce de raisin blanc qui cause le dévoiement. » (Olivier de Serres, Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, Paris, 1600)

« Rabelais appelait foirard une espèce de raisin aigrelet qui n'est autre que le pineau des Angevins. » (Édouard Brisseau, Histoire des expressions populaires relatives à l'anatomie, à la physiologie et à la médecine, Paris, 1888)

« Olivier de Serres en fait mention sous deux noms différents : Foirard et Colitor. Foirard et Fouïral sont tout à fait synonymes, et indiquent suffisamment les propriétés laxatives de la variété qui nous occupe. » (Pierre Joigneaux, Le livre de la ferme et des maisons de campagne, Paris, 1865).

« Variété de raisins noirs qui donnaient la foire ou la diarrhée. Le nom est lyonnais ; à Montpellier, le raisin s'appelle également esfouiran, c'est-à-dire foirard. » (Lazare Sainéan, Œuvres complètes de François Rabelais, édition critique publiée sous la direction d'Abel Lefranc, Paris, 1912)

Foirat, espèce de raisin à grains mous, s'écrasant facilement. Ce sont sans doute les mêmes raisins que Rabelais appelait raisins foyrards — et qu'en Provence on désigne encore par le nom de fouiraire ou d'esfouiraire. (Félix Frank et Adolphe Chenevière, Lexique de la langue de Bonaventure des Périers, Cerf, Paris, 1888)

Selon Gragerfis, les raisins de Champagne produisirent les mêmes effets sur les soldats de Brunswick et contribuèrent à la victoire de Valmy. Notons que dans Gargantua, le terme foyrard désigne aussi un diarrhéique :
« Comme dict le proverbe : "A cul de foyrard tousjours abonde merde" ».

1. Arme composée d'un soc de charrue affuté et montée au bout d'un manche, utilisée par l'infanterie pour couper les jarrets des chevaux.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

samedi 22 septembre 2018

Réclusion volontaire


Sous la diversité des formes dont ils sont susceptibles, les constipés ont en commun le génie de se torturer eux-mêmes sans bénéfice pour personne, en vue d'un mystérieux accomplissement dont ils ne peuvent pas parler. Refusant de se laisser distraire de leur unique obsession, ils se retranchent du monde et mènent volontairement dans des cabinets dérisoires festonnés de toiles d'araignée une existence misérable figée dans le parasitisme et la rétention.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

jeudi 20 septembre 2018

Théologie de la libération


Seule une doctrine qui ne broncherait ni devant le concept — ce « muscle de l'esprit » — ni devant l'huile de ricin — ce « forceps du boyau culier » — pourrait avoir raison de l'angoisse qui paralyse le candidat à la défécation crispé sur son soliloque.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mercredi 19 septembre 2018

Sans trève ni repos


Charles Péguy, qui allait trouver la mort au front de Villeroy le 5 septembre 1914, semble déjà hanté par le spectre de la rétention, comme le montre cette confidence faite en septembre 1913 à son ami Joseph Lotte : « Il faut que je produise jusqu'à ce que je meure. Je n'ai pas le droit de m'arrêter. »

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mardi 18 septembre 2018

Cercle vicieux


Toute l'histoire du constipé est celle d'une issue impossible, toute son existence tend vers une libération que cette tension même empêche.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

jeudi 13 septembre 2018

Lavement


Le lendemain, nous nous remîmes en route, et fûmes bientôt rejoints par le Juif errant, qui reprit en ces termes le fil de son discours :

« Dans les Nouvelles formules de médecine de Pierre Garnier, on trouve la recette suivante du Lavement pour les Crottes ou grande constipation de ventre : "Prenez de grandes et petites passerilles de chacune deux onces ; faites boüillir tout dans s. q. de boüillon de tripes, puis dans chopine de coulûre on dissoudra demi-livre d'huile commune, quarante grains de trochisques alhandal en poudre, pour un lavement." »

Comme le Juif errant en était à cet endroit de sa narration, il se tourna vers Uzeda et lui dit : « Un cabaliste plus puissant que toi me force à te quitter. » Et il disparut à nos yeux.


(Jean-Paul Toqué, Manuscrit trouvé dans Montcuq)

samedi 8 septembre 2018

Le Travailleur


Le « Monsieur Baxter » d'Objectif Lune n'est pas un humaniste, c'est le moins que l'on puisse dire. Ce monstre froid au cerveau farci de statistiques, qui dirige le Centre de Recherches Atomiques de Sbrodj, incarne la pensée technicienne à l'état pur, qui « met aux prises une volonté agressive et une nature pensée comme matière inerte, simple objet de pénétration et d'information » 1. En comparaison, comme le docteur Rotule, quoique bourru, nous paraît bénin et sensible !

Vers la fin de sa vie, Baxter, du fait d'une carence en fibres, se trouvera momentanément incapable de « faire » et connaîtra enfin le sentiment intérieur de la présence du Rien. Il regrettera amèrement d'avoir consacré ses jours à des fusées, centrales atomiques et autres billevesées, mais il sera trop tard : comme l'a montré le philosophe Jankélévitch, le temps a en effet un caractère odieusement irréversible.


1. Edmond Chassagnol, Théorie du trop-plein, p. 209.

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

mercredi 29 août 2018

Plouf !


« J'entendis avec ravissement ce bruit nombreux aux sonorités étouffées et si bien accordées à la mélancolie des anciens souvenirs ; et bientôt monta de la cuvette, me rendant à moi-même, avec cette vaste bénédiction de l'univers que nous ressentons tous à quelque moment de notre vie, l'odeur la plus exquise qui soit au monde, à la fois la plus jeune et la plus immémoriale, la plus ténébreuse et la plus innocente, la plus proche des commencements du globe et la plus neuve, celle qui remue au cœur du constipé le plus de tristesse et le plus de bonheur, le parfum du "Suisse". »

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

dimanche 26 août 2018

Engorgement ontologique


Les dernières années de Heidegger sont assombries par une rétention fécale tenace. À cette occasion, il se convainc que c'est dans l'expérience la plus pragmatique et la plus naïve du monde — celle de la constipation — que « l'homme prend conscience de lui-même et de ce qui l'entoure, que le vécu du monde ambiant n'est pas à concevoir théoriquement, mais que la primauté revient à la quotidienneté ordinaire. Le Dasein y reçoit la première expérience concrète de l'être, de "ce qui est", mais aussi de "ce qui ne veut pas sortir" ».

Comme le jus de pruneaux est sans effet, Heidegger cherche le salut dans l'« auto-interprétation » de la vie factive. Mais c'est finalement la rhubarbe qui débloquera l'« engorgement ontologique » dont il souffre.


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)

dimanche 19 août 2018

Rupture


La constipation n'est jamais simplement un état ou une possibilité, mais en tant que l'homme est constipé, il l'est en acte, dans la réalité qui le constitue. La constipation, c'est le rapport effectif à soi, en tant que ce rapport rompt avec son fondement.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

lundi 13 août 2018

Syndrome du paradis perdu


Peut-être la difficulté à « faire », loin de résulter d'un déficit de fibres, solubles et insolubles, ne trouve-t-elle sa cause que dans la trop claire conscience, chez le « Suisse », du péché qui craint la possibilité d'un verdict abrupt : l'expulsion du jardin des délices, la chute dans le temps.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

vendredi 27 juillet 2018

Actualisation impossible du « faire »


La constipation n'est pas tant, comme on l'a souvent dit, soif de l'impossible, conscience malheureuse d'un au-delà inaccessible, prolongement d'un idéalisme de la transcendance, ni même simple confrontation de la réalité et du rêve, que l'histoire d'un désir rendu fou parce que tout sol lui fait défaut, d'un désir qui ne peut s'actualiser, parce que le « Suisse » toujours se dérobe.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

jeudi 26 juillet 2018

Résistance passive


On a longtemps fait porter la responsabilité de la rétention fécale au « Suisse » lui-même, le soupçonnant de mettre en œuvre sournoisement le principe de l'« atermoiement illimité » qui, dans le bouddhisme tibétain, est présenté comme l'une des issues possibles, ou plutôt comme l'une des formes de condamnation qui sanctionnent les existences fourvoyées. Mais les savants modernes estiment plutôt que c'est une carence en fibres, solubles et insolubles, qui est cause de ce désordre.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mercredi 11 juillet 2018

Priorité au boyau


« Tiraillé entre l'envie de me détruire et les douleurs causées par une constipation tenace, entre le Smith & Wesson et le purgatif, je donnai finalement la préférence à l'huile de ricin, à la dose de trente grammes, avec une goutte d'huile de croton et édulcorée par du sirop de mûres. Deux heures après son administration, l'effet désiré fut obtenu, et je rendis une selle compacte, noire. Curieusement, le fardeau de l'haeccéité me parut aussitôt plus léger et je décidai de remettre à plus tard mon anéantissement. »

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

samedi 30 juin 2018

Scrupule excessif


Quelques-uns, comme Esquirol, veulent qu'on descende dans la conscience de chaque individu, qu'on scrute les secrets intimes du cœur humain, que dans tous les cas, l'on examine et l'on pèse les sentiments qui habitent un individu frappé de rétention fécale, avant de faire l'application du mot constipé

Mais quand on songe que la constipation se manifeste presque toujours dans l'ombre et le secret, et sans aucune espèce de témoins, il nous est impossible de connaître quelles passions, quels sentiments peuvent agiter l'âme du malheureux incapable de « faire » !

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mercredi 27 juin 2018

Force


Par des trépidations désespérées, le constipé s'efforce de résoudre le problème que pose le concept mystérieux de « force » dans la physique newtonienne. Il n'essaie pas de répondre directement à la question « Qu'est-ce qu'une force ? », mais rêve d'atteindre son but sans faire appel à la notion de « force » en tant que concept fondamental.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mardi 26 juin 2018

Humeur défiante et soupçonneuse du constipé


« Le vrai constipé est ordinairement sans cœur, toujours craintif et tremblotant, ayant peur de tout, et se faisant peur à soy-mesme, comme la beste qui se mire ; il veut chier et ne le peut, il va partout soupirant et sanglotant avec une tristesse inséparable qui se change souvent en désespoir ; il est en perpétuelle inquiétude de corps et d'esprit, il a les veilles qui le consument d'un costé, et le dormir qui le bourrelle de l'autre... bref c'est un animal sauvage, ombrageux, soupçonneux, solitaire, ennemi du soleil, à qui rien ne peut plaire que la seule fausse et vaine imagination de chier. » (Dr André du Laurens, Discours de la conservation de la vie : des maladies constipatoires, des catarrhes, et de la vieillesse, à Paris, chez Jamet Mettayer, 1597, p. 119)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)