mercredi 8 mars 2023

Débraillement de la mort

 

On a tendance à se représenter la mort comme un dandy tiré à quatre épingles, on l'imagine vêtue d'une jaquette ou d'une redingote, mais la plupart du temps, quand elle se présente, elle est fagotée à la six-quatre-deux ! Il lui arrive même de sortir « en cheveux » ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Inflation

 

Les salaires stagnent, le prix des denrées augmente, si ça continue, on va se retrouver à poil de Nicosie ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

À la librairie

 

« Vous avez quelque chose sur le dégoût d'exister ?
— Oui, j'ai de l'Émile Cioran. Il n'est pas mal pour les commençants.
— Très bien. Va pour de l'Émile Cioran. Mettez-m'en une grosse. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

On s'y perd

 

Si vous cherchez dans la littérature une réponse à la question « comment vivre », bon courage. Entre Bartleby qui préférerait ne pas et Barkis qui veut bien, il y a de quoi être déboussolé. Comment savoir sur quel pied danser ? Qu'il est pénible d'être livré à soi-même ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 7 mars 2023

Un gars pas contrariant (suite)

 

L'être est, lui a-t-on dit. C'est un peu difficile à croire, mais comme Barkis, le nihilique veut bien. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Qui ?

 

On vit parce qu'il faut vivre (soi-disant) ; mais on le fait la mort dans l'âme. Qui nous consolera d'exister ? Pas la philosophie ! Peut-être le pape François ?  
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

À la louche

 

L'écrivain suédois Stig Dagerman estime que le besoin de consolation de l'homme est grand comme deux terrains de football à peu près. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un douloureux hiatus

 

Heureux ! Heureux celui dont le dehors coïncide avec l'image qu'il se fait de lui-même ! Atrocement « malheuleux », en revanche, celui qui, âgé de quinze ans in petto, dix-sept à tout casser, est prisonnier d'une défroque de « vieux jeton !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

 

lundi 6 mars 2023

Viscose

 
Heidegger déconseille au Dasein de porter des sous-pulls en viscose, car d'une part ça gratte, d'autre part le Dasein est alors « empêtré » et « empêché » de retrouver son être le plus propre, que seule la conscience authentique de la mort peut lui restituer. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Gnothi seauton

 

« Et toi ? Qui es-tu ?
— Je suis — vous n'allez sans doute pas le croire — un véritable sandre du lac Balaton. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Hédonisme pachynihilique

 

Humer le Rien comme on se saoule. Tout simplement, sans penser à demain — à ce « demain » qui vient toujours un peu trop vite. Mais sans penser non plus aux adieux (d'avec la réalité empirique) qui quelquefois se passent un peu trop bien (suicide au monoxyde de carbone, comme Stig Dagerman) . 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

La seule hypothèse


L'homme, s'il est quelque chose, doit être un papillon rêvant qu'il est Tchouang-tseu. Ce n'est pas possible autrement. Toute autre conjecture serait pépiage. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 5 mars 2023

Anniversaire

 

On est du trois février comme on est de Bezons : sans espoir. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un calembour

 

Étang de Soustons, deux heures de l'après-midi. L'hygrométrie de l'air est nulle. Dans une épaisseur hostile de verre pilé, deux quidams discutent.
« Monsieur et madame Manvussa ont deux fils, dit le premier. Comment s'appellent-ils ?
— Je ne sais pas, répond le second. Pierre et Paul ?
— Non. Gérard et Alex.
— Hein ?
— Oui. Parce que Gérard Manvussa et Alex Manvussa.
— Ah, bon.
— Oui, mon ami. C'est ce qu'on appelle un calembour.
— Si j'étais seul, je me jetterais instantanément à l'eau. Jamais je n'ai ressenti avec une telle violence le besoin de mettre un terme à tout ça. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Rosserie du Grandiloque

 

Dans son captivant livre de souvenirs consacré à Émile Cioran, le professeur Munteanu rapporte que le « négateur universel », jaloux du succès de la Cantatrice chauve de son ami Ionesco, avait surnommé ce dernier un « boulimique maréchal de l'absurdie ». 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Visitation

 

On est allongé sur un canapé en laine, abruti de fatigue existentielle et de dégoût, ressassant la pensée que la vie est une courge amère, quand soudain on entend un léger grouillement. Il est là ! Il est vivant ! Le Rien ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 4 mars 2023

Rumination

 

Non seulement la solitude existe, mais elle vous congèle le cerveau. Elle annule le présent et fait remonter le passé à la surface. On revit ses échecs antérieurs au lieu d'en confectionner de nouveaux. Comme la mort (selon Jankélévitch), la solitude est un « état malaisant ». 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Impotence balavoinesque du nihilique

 

C'est le printemps. Sur le cep, le sarment gaillardit. La nature peut. La nature sait. Mais toi, tu ne peux pas, tu ne sais pas, et tu restes planté là. Oui : comme le chanteur Daniel Balavoine. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un être disgracié

 

Le nihilique ? Il est là où se terre le blaps. Dans l'obscurité. Dans les décombres — à la Rebatet. Comme le blaps, il se nourrit d'excréments et projette un liquide nauséabond (sous forme d'aphorismes) lorsqu'il est menacé. Comme le blaps, il a mauvaise réputation. « Blaps présage de mort ». Ça vous dit quelque chose ?  
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Pas de robinets pour le Grandiloque

 

11 octobre 1967. Dans le but de se procurer des robinets « vieux modèle, hélas » pour sa cuisine, le « négateur universel » Émile Cioran parcourt les quincailleries du boulevard Richard-Lenoir. Il y rencontre des commerçants « impolis jusqu'à la provocation » et est accablé par la fatigue et l'écœurement quand il visite le marché aux puces. Des monstres ! Des monstres, partout ! « L'humanité ? Il n'y a pas d'humanité ! Il n'y a que les scrofuleux débris de stupides pullulements », dira-t-il plus tard à son ami Gabriel Marcel quand il lui racontera son aventure. — Et tout ça pour faire chou blanc ! Tout ça pour repartir sans « roubinets » ! Que va dire Simone ? 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 3 mars 2023

Sphère infinie

 

Quand Blaise Pascal évoque une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part, ne croirait-on pas qu'il parle d'un fromage de Livarot ? Ou plus exactement de la sphère engendrée par un tel fromage quand on le fait tourner autour de son diamètre ? 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un obsédant tam o' shanta

 

Il y a des choses qu'il vaudrait mieux ne pas avoir lues. Ce tam o' shanta dont parle Perec... Porté par un marin en chandail jaune vif... Il nous aura poursuivi. Peut-être pas à mobylette, mais il nous aura poursuivi.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Vie à contrecœur

 

Nos journées s'enchaînent et finissent par former ce qu'il est convenu d'appeler une vie. Ainsi, bon an mal an, soi aussi, on aura vécu. Sans le désirer, cependant !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Comportement étrange du Grandiloque

 

Depuis que son ami Ionesco l'avait initié au thème de l'incommunicabilité entre les êtres, le « négateur universel » Émile Cioran avait pris l'habitude de réciter chaque soir à Simone Boué, avant de se coucher, le Laboureur et ses enfants de Jean de la Fontaine. « Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine... » Et encore : « Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place... » Elle en restait chaque fois « comme deux ronds de frite ».
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 2 mars 2023

Caoutchoucs

 

Le « négateur universel » Émile Cioran aimait la littérature russe à un point tel que, se prenant pour un personnage de Dostoïevski ou de Tchekhov — et au grand dam de Simone Boué qui trouvait ça peu seyant —, il s'était mis à porter des « caoutchoucs ». 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Ontology A-Go-Go

 

« Qu'est-ce, au juste, qui fonde l'historialité du Dasein, si ce n'est la finitude de la temporalité ou, si l'on préfère, l'impuissante surpuissance de la mort ?
— Je crois que je vais plutôt prendre un café et un de ces sandwichs "numéro deux", si ça ne vous dérange pas. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 1 mars 2023

Le goût de faire peur

 

Dans ses Cahiers, Émile Cioran confesse que son rêve le plus cher fut toujours de terroriser ses semblables. Il raconte avoir confié un jour au professeur Munteanu que, s'il n'avait pas embrassé la profession de négateur universel, il aurait aimé travailler à la DGCCRF. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Rencontre avec un yak

 

Un jour, au Jardin des Plantes, le « négateur universel » Émile Cioran se trouva nez à nez avec un yak occupé à boulotter des tiges de haricot. Frappé par la ressemblance de ce ruminant avec son ami Ionesco, le négateur... — Non, tout cela est décidément trop bête. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 28 février 2023

Penser la mort

 

Un jour, le philosophe Jankélévitch décida de « penser la mort ». Et c'est ce qu'il fit ! Il « pensa la mort » ! Le résultat de ses investigations peut être consulté dans son ouvrage Penser la mort. Ces philosophes, « comme même » ! Il n'y a pas à dire ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)