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samedi 6 octobre 2018

Hermétisme fécal


« Les alchimistes n'ont pas laissé que de travailler sur les excrémens humains; on a prétendu en tirer un sel auquel on a attribué de très-grandes vertus : il faut dit-on, pour cela prendre des excrémens après qu'ils ont été séchés au soleil de l'été. On fait brûler cette matière jusqu'à ce qu'elle devienne noire ; on en remplit des creusets ou pots, et on la réduit en cendres au feu le plus violent, et de ces cendres on tire un sel fixe ; ou bien on prend des excrémens humains desséchés ; on les arrose avec de l'urine épaissie par l'évaporation ; on laisse putréfier ce mélange, ensuite on le met en distillation ; on mêle ensemble les différens produits qu'on a obtenus, et on réitère plusieurs fois le même procédé. Ce travail est très dégoûtant et d'une parfaite inutilité. » (Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Mis en ordre et publié par M. Diderot ; & quant à la partie mathématique, par M. d'Alembert)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Autoblocage


Dans la constipation, le sujet déféquant est, comme le dirait le philosophe Jankélévitch, tout à la fois l'organe et l'obstacle.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

lundi 1 octobre 2018

Sol phénoménologique de la mondanité


« Le flux ininterrompu de la temporalisation, en tant qu'il assure les toutes premières congruences synthétiques de l'activité intentionnelle, représente en effet le sol phénoménologique le plus profond de la mondanité. »  (Raphaël Célis, La mondanité du jeu et de l'image selon Eugen Fink, Revue Philosophique de Louvain, 1978).

— Oh ! Oh ! Comme tu y vas, mon ami !


(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Tribulations météorologiques


Lorsque, dans les rigueurs de l'hiver, les vents ont enlevé du haut des billons la neige qui les recouvrait, ou lorsque dans les moments les plus critiques du printemps, le soleil fond cette neige pendant le jour, et que l'eau contenue dans les rigoles régorge sur les billons et s'y gèle pendant la nuit, l'inanité de l'existence jaillit soudain, éclatante, et la pensée de l'homicide de soi-même envahit la pachyméninge d'une façon presque insoutenable.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Théorie de l'argumentation


Dans leurs controverses philosophiques, les Anciens, au dire de Vitruve, se servaient de deux sortes de béliers, le bélier suspendu et le bélier à rouleaux. L'un et l'autre étaient composés d'une très forte poutre, armée, à son extrémité, d'une masse de fer qui avait ordinairement la forme d'une tête de bélier : on donnait à cette poutre un mouvement oscillatoire dans un plan horizontal, et on produisait par son moyen des chocs violents qui ébranlaient les concepts de l'adversaire.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

dimanche 30 septembre 2018

Catalepsie conceptuelle


Mystagogue dévoyé, le philosophe tente de masquer la plus rugueuse vérité, le Rien, en se servant de l'outil le plus vil, le concept. Mais vainement : car il ne produit que de la « catalepsie conceptuelle ».

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Cubofuturisme et homicide de soi-même


Ivre de cézannisme géométrique, le cubofuturiste se donne pour programme de pulvériser, à travers son travail du mouvement et du dynamisme plastique, les « structures empaillées de l'étant subsistant ». Parfois, exténué et cédant à la facilité, il se précipite tout simplement dans un puits (cas de Vladimir Bourliouk).

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Une créature vomitive


Suivant Dupasquier, l'exposition à un autre Moi que le sien propre peut amener des désordres dans les fonctions digestives du sujet pensant. Sans admettre qu'autrui exerce directement une action fâcheuse sur le tube digestif, il est certain que sa vue provoque le dégoût, et que partout on a reconnu la nécessité de s'y dérober.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Recherche expérimentale


« Quand de longues méditations dans le silence de mon cabinet m'eurent fait naître l'idée d'un rapport intime entre la perte plus ou moins absolue de la parole et l'altération plus ou moins profonde des lobules antérieurs du cerveau, je résolus de mettre cette idée à l'épreuve des faits en m'enfonçant le crâne à la région frontale par une pierre lancée avec violence. » (Théasar du Jin, Recherches cliniques sur moi-même, Paris, J.-B. Baillière, 1825)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

samedi 29 septembre 2018

Erreur de calcul


Mais pendant que Doppelchor, armé, guettait, le Moi n'était pas du tout dans le métro. Il rentrait en bus.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Antidote à l'haeccéité


Selon Gragerfis, l'unique solution, pour supporter le cauchemar d'exister, est de dompter le Moi par le muscadet dès huit heures du matin.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Antiquité du Moi


« Le Moi, d'extraction fort ancienne, a vécu en Europe alors que les grands ours (Ursus spelæus et arctoideus), les hyènes (Hyæna spelæa, intermedia et prisca), les grands félins (Felis spelæa), les éléphants (Elephas primigenius), le rhinocéros à narines cloisonnées (Rhinoceros tichorinus) et d'autres animaux non moins remarquables, dont la race a été anéantie, abondaient dans nos contrées. Si les gisements d'haeccéité qu'on a signalés en Amérique sont authentiques, le Moi y aurait été contemporain des mastodontes et des grands édentés dont on recueille si abondamment les débris dans cette partie du monde. » (Paul Gervais et Pierre-Joseph van Beneden, Zoologie médicale : exposé méthodique du règne animal, Baillière et fils, Paris, 1859)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Technique moderne de concassage du Moi


« M. Bournissac nous a donné un moulin de son invention, consistant en deux meules de trois pieds de diamètre et de seize pouces d'épaisseur, portées sur deux poutres bien fixées par un axe de fer, qui les traverse de manière qu'elles puissent tourner l'une contre l'autre par leur circonférence. [...] Les grenouilles sur lesquelles se fait le mouvement sont fixées sur des pieux de bois de sorbier, disposés sur les poutres, de telle sorte qu'on peut les avancer ou les reculer à volonté, afin de pouvoir rapprocher ou écarter les meules l'une de l'autre, autant qu'on le juge à propos, selon la grosseur du Moi qu'il s'agit d'écraser. » (M. Salmon, Art de concasser le Moi et de trouver la paix de l'âme malgré le climat et l'intempérie des saisons, Huzard, Paris, 1826)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Transmutation nihilique


Jeune, on rêve de carnage. Puis, l'idée du Rien envahit peu à peu votre pachyméninge et transmue ce désir orgiastique d'extermination en une frénésie d'autodestruction.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

vendredi 28 septembre 2018

Revers de la médaille


Au moment même du déboulé du « Suisse », le constipé ne peut pas apprécier pleinement ce miracle, du fait qu'il se sent enfermé derrière la cloison inexpugnable des cabinets et qu'il n'a la révélation de ce miracle, invraisemblable et inexprimable à l'état normal, qu'au prix de cet enfermement, de cette clôture.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Lexicologie


Chier [chi-é]

1. V. n. Se décharger le ventre ; mot populaire et bas, qui ne se dit pas en compagnie honnête.

Fig. Il a chié dans mon panier, ou dans ma malle, il m'a offensé.

Chier sur la besogne, travailler et ne faire rien qui vaille.

2. V. a. Chier des cordes, aller péniblement à la selle.


historique

XIIIe s. — Et il chia seur le musel Au vilain, tant que s'esveilla (Ren. 6002)

XVIe s. — Il le mena [David, ministre protestant], qui lors estoit à Fontainebleau ; mais, ayant parlé à M. le cardinal de Lorraine, le dit David chia sur la bible [abandonna le protestantisme] (brant. Cap. fr. t. III, p. 237, dans lacurne) — Pleurez donc et chiez bien des yeux (Moyen de parvenir, p. 50, dans lacurne) — Autant chie un bœuf que mille moucherons (oudin Curios. fr. p. 101) — [Discours de Villars à Sully] : Vous estes bien loin de vostre compte, et vostre roy de Navarre aussy ; car, par le corps bieu, il a chié au panier pour moy, et s'il n'a pas d'autre valet que de Villars, croyez qu'il sera mal servy (Mém. de sully, t. II, p. 143, dans lacurne) — Et, jusques en l'autre monde, quel mauvais menage a faict Jupiter avecques sa femme qu'il avoit premierement practiquée et jouie par amourettes ? c'est ce qu'on dit chier dans le panier, pour après le mettre sur sa teste (mont. III, 324) — Ci gist un roy [Henri de Navarre, depuis Henri IV], par grand merveille, Qui mourut, comme Dieu permet, D'un coup de serpe et d'une vieille, Comme il chioit dans une met (d'aubigné Mém. édit. lalanne, p. 36)

étymologie

Picard, kier ; provenç. et espagn. cagar ; ital. cacare ; du latin cacare.

(Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877)


(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Interlude

Jeune femme lisant l'Océanographie du Rien de Raymond Doppelchor

Calme olympien


Il existe une sérénité propre à l'excrément, lorsqu'il se sent à l'étroit dans le cérémonial qu'il a prescrit lui-même à son sourdement ; il jouit alors de lui-même en dominateur.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

jeudi 27 septembre 2018

Vanitas vanitatum


Il y a trois mille ans, le célèbre roi Salomon, renommé pour sa sagesse et sa richesse, connut une expérience qui trouve dans notre époque une étonnante résonance : celle de la constipation. Pour finir, il écrivit dans ses mémoires : « J'en suis arrivé au désespoir. » (Ecclésiaste 2.20, Bible du Semeur). La conclusion de ce texte nous raconte qu'heureusement, il trouva une issue (grâce au jus de pruneaux).

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Angoisse


Tout constipé chronique le sait : l'angoisse n'est rien autre chose que le double désir de parvenir au but et de ne cesser d'y tendre, car le but n'existe que par le périple qui mène à lui.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)