jeudi 26 janvier 2023

Dura lex nihilo

 

Quand on embrasse le Rien, on doit renoncer aux langoustines assaisonnées de mayonnaise maison ainsi qu'au « muscadet salivant ». Car eux non plus « ne sont pas ». C'est peut-être dur, mais c'est ainsi.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Dézingage du réel

 

Si vous voulez « dézinguer » (mettre hors service) la réalité empirique, laissez tomber le vocable, il ne fait pas l'affaire. Non, le mieux est de disposer de pinces coupantes et — pour détourner les influences maléfiques pendant qu'on opère — d'un masque apotropaïque.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Square Boucicaut

 

Chaque fois que la pensée de la mort le révulsait, Roland Jaccard sautait dans sa pelisse helvétienne et allait se promener autour du square Boucicaut (attesté par Bruce Köttursigrar).
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Rotoplots


Quoique l'image soit un peu leste, l'idée du Rien peut se comparer à de « sublimes rotoplots ». Elle est magnifique et émoustillante, mais on ne sait pas très bien quoi en faire.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 25 janvier 2023

Kilroy was not here

 

Il faut être soit un abruti, soit le nihilique le plus endurci, pour choisir de ne rien créer, de ne rien laisser derrière soi, de disparaître sans laisser de trace. Pour un nihilique, même chevronné, cela demande des nerfs d'acier ; pour l'abruti, c'est plus facile : il suffit de suivre sa pente.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Comment vivre

 

Passé un certain âge, il devient ridicule de se poser encore la question « comment vivre ». Mais ridicule ou non, on attend toujours l'illumination.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

À la manière du Grandiloque

 

Être obsédé par la pensée d'être un raté, tout en n'ayant aucune idée de ce que « réussir » peut bien vouloir dire.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Chauve qui peut (la vie)

 

Toute vie, c'est une banalité de le dire, est un film d'horreur. Et comme il se doit, ce film comporte un « screamer » : le moment où l'alopécie fait son apparition.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 24 janvier 2023

Scène de plage à Trouville

 

D'après Albert Camus, Dostoïevski s'est inspiré d'un personnage réel pour créer son Kirilov des Possédés, et ce personnage n'est autre que le « peintre des beautés météorologiques » Eugène Boudin. La version officielle dit que Boudin est mort d'un cancer, mais en réalité (s'il faut en croire Camus), il se serait tué pour prouver au vulgum pecus qu'il était Dieu !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Phénoménologie de l'esprit

 

Sus ! Sus à la raison qui, chez Hegel, forme le rationnel comme objet de pensée ! Sus à la raison qui, malhonnête caponne, contrecarre incessamment les initiatives de l'infini infundibuliforme !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Instanciation de concept

 

Au détour d'une promenade dans les ruelles d'Argenton-sur-Creuse ou sur les quais du port de Saint-Nazaire, on croise des vieux et l'on se dit : « C'est donc ça ? Les fameuses “personnes âgées” ? Eh bien, ça alors ! C'est plus fort que de jouer au bouchon ! »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Souvenirs

 

Au crépuscule de sa vie, l'écrivain Georges Perec se souvenait du champion de rugby à XIII Puig-Aubert surnommé Pipette. Il se souvenait aussi de Paul Ramadier et de sa barbiche. Le nihilique, lui, se souvient du portrait du général Bagration appendu au mur du salon de Sobakévitch en compagnie de Miaoulis, Canaris, Mavrocordato, et de l'héroïne Bobelina aux fortes cuisses.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 23 janvier 2023

Un terrible échec

 

Pas plus que Maldoror (et ne parlons pas de Georges Dazet), le nihilique n'a pu trouver la réponse au grand problème de la vie, à savoir la mortalité ou l'immortalité de l'âme. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir cherché. Toutes ces heures au « page » à ruminer en vain... Il y a de quoi l'avoir sec... Mais peut-être n'y a-t-il pas plus d'âme que de beurre au prose ?

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Cicéron au garage Rochard

 

« Jusques à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? Combien de temps encore serons-nous ainsi le jouet de ta fureur ? Ça commence à bien faire, mon ami ! Si ça continue, ça va mal se mettre, ça va bombarder mais dur ! »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Bloedworst

 

Non content d'avoir un nom désopilant, Eugène Boudin, le « peintre des beautés météorologiques », était souvent servi avec des tranches ou de la compote de pomme — ce qui ne laissait pas de l'irriter.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Fatigue existentielle

 

Être « un état de fait », cela n'est pas de tout repos. C'est même assez fatigant, à la longue.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 21 janvier 2023

Autrui alias Georges Dazet

 

Dans les Chants de Maldoror, en plus d'être un poulpe, un rhinolophe, un pou, un crapaud et un acarus sarcopte, Dazet représente l'autrui lévinassien, l'éternel empêcheur de tourner en rond. « Va-t-en, Dazet, que j'expire tranquille... »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Automatisme céphalo-rachidien

 

À cause de ce zozo de Lautréamont, il est impossible — ou du moins très difficile — d'emprunter la rue de Castiglione sans penser aussitôt à un rhinocéros. Pourtant, la plupart du temps, on s'en passerait bien.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

De la certitude

 

Dans la vie, on ne sait jamais ce qui va vous tomber sur le coin de la hure — et cette incertitude a de quoi vous rendre maboule. Comparativement, la certitude, même celle du pire, a quelque chose d'apaisant (ça dépend quand même du genre de pire).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Anticlimax

 

On entre dans la vie en fanfare, mais très vite, on est démoralisé par la lecture de Georges Perec (entre autres choses).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 20 janvier 2023

Une excuse de merde

 

Au dire de son ami Gérard Lebovici, le pénible Guy Debord « tournait en rond dans la nuit et était dévoré par le feu ». Mais cela n'excuse pas tout ! Si tous les gens qui tournent en rond dans la nuit et sont dévorés par le feu s'adonnaient à des passe-temps aussi stupides que le « lettrisme » ou le « situationnisme », nous ne serions pas sortis de l'auberge !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Barnacle Bill

 

Les bonnes femmes aiment les choses simples. Elles s'accrochent à la réalité empirique comme des mollusques bivalves à leur rocher. Quand on est un ambulant théâtre de l'absurde, on ne doit pas s'étonner de ne pas avoir de succès auprès des bonnes femmes.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Problème d'extraction


Confucius a dit que la joie était en tout, qu'il fallait juste savoir l'extraire. Puis le « maître » a attrapé un panaris...

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Cécité volontaire

 

Dans l'ensemble, le réel est sordide. Mais le monstre bipède, prisonnier il faut croire du « moment dialectique » hégélien — où « les déterminations finies se suppriment elles-mêmes et passent dans leurs contraires » — fait « jore » qu'il ne s'en aperçoit pas.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 19 janvier 2023

Leibniz vs. Pilli

 

Selon le capitaine Oscar Pilli — qui s'oppose sur ce point à Heidegger et à Leibniz — la question n'est pas tant de savoir « pourquoi il y a en général de l'étant et non pas plutôt rien » que d'établir « qui a tué le chacal ami de l'homme (pour l'amour que je te porte) ».

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Cocktail lytique

 

La solitude et le silence sont nos deux biens les plus précieux. Ils forment une sorte de « cocktail lytique » qui atténue un tant soit peu la souffrance d'exister.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Au cul, les mots de Bobin !

 

Parce qu'il n'aime pas le style pleurnichard, le nihilique se colle au prose les mots de Bobin.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Je est un big céoène

 

Oui : comme René Char.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 18 janvier 2023

Un fameux casse-tête

 

Chercher la vérité de l'être, autant chercher une aiguille dans une botte (ou une meule) de foin. À la limite, du coup, comme même, ce qu'on peut faire, c'est chercher la vérité de son être. Mais même ça...

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)