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samedi 29 septembre 2018

mercredi 26 septembre 2018

Sinapisation


Frédéric-Auguste Cazals, dans son livre de souvenirs Les Derniers jours de Paul Verlaine, rapporte que le poète regardait comme une véritable hérésie gastronomique le fait de manger de la moutarde avec du ragoût de mouton ; c'était, d'après lui, un trait d'inélégance et presque de barbarie !

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

mardi 25 septembre 2018

Taupicide


Lorsqu'il s'agit de combattre un fléau tel que le Moi, il serait insensé de repousser tout moyen qui offre une chance de succès, et le procédé indiqué par Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain — l'ingestion de taupicide — mérite d'autant plus de fixer l'attention et d'être mis en pratique, que le taupicide a fait ses preuves sur le Moi du petit mammifère fouisseur, sans oreilles apparentes et plus ou moins aveugle, qui vit dans des galeries souterraines dites taupinières.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

lundi 24 septembre 2018

Coquecigrue


Dans son Journal d'un cénobite mondain, Gragerfis énonce deux qualités que posséderait nécessairement, selon lui, une créature dépourvue de Moi. « Primo, dit-il, elle ne connaîtrait aucune des formes de cette agonie de l'être qu'on nomme la solitude : ni celle, existentielle, décrite par le philosophe Kierkegaard ; ni la plus terrible encore solitude des fêtes foraines évoquée par Doppelchor dans sa Suave idée du Rien. Deuzio, n'ayant pas conscience du temps, elle pourrait s'exclamer comme le poëte : Éternellement jeune ! » — « Si tant est qu'une créature privée de Moi puisse s'exclamer quoi que ce soit », ajoute-t-il avec sa mordacité habituelle.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

Le spleen du randonneur


Des forêts inondées de l'Oise aux champs gersois plombés par un soleil lugubre, le suicidé philosophique s'imprègne de la mélancolie des sites qu'il traverse et exalte leurs contrastes dans des poëmes qu'il ne destine qu'à lui seul, comme la dynamite qu'il transporte dans son paquetage. Sa pachyméninge, torturée par la conscience de l'écoulement du temps, ressemble à un inventaire de paysages en voie d'extinction.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

The Underground Man


L'homme du nihil est un être essentiellement souterrain. Les substances ferrugineuses dont il est teint ou pénétré sont la principale preuve de son long séjour dans l'intérieur de la terre.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

dimanche 23 septembre 2018

Force vive


Comme, du fait de l'inertie de la matière, la vitesse se conserve, et que la masse du corps en mouvement est une chose invariable, on voit que l'homme du nihil transporte avec lui sa force vive, et n'en perdra pas, pour ainsi dire, une goutte, tant que l'homicide de soi-même n'aura pas mis un terme à ses tribulations.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

Interlude

Jeune fille lisant la Nostalgie de l'infundibuliforme de Robert Férillet

Indiscipliné


François de Neufchâteau a chanté les Vosges, comme Haller a célébré les Alpes, et comme Férillet eût chanté le Rien si sa brillante imagination se fût asservie aux lois sévères du mètre et de la rime.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

samedi 22 septembre 2018

Discipline


Le retour au Grand Rien suppose patience, modestie, humilité et maîtrise de soi, s'il faut en croire Marsile Ficin (De Vita Coelitus Comparanda) : « L'homicide de soi-même n'est pas le fait de celui qui mange trop ni de celui qui ne mange pas assez. Il n'est pas le fait de celui qui dort trop ni de celui qui fait de trop longues veilles. Il est le propre de l'homme qui est tempéré dans sa nourriture et sa récréation, qui est retenu dans toutes ses actions, qui a réglé son sommeil et ses veilles. L'homicide de soi-même met fin à toute peine. »

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

Être spinal


Le monstre bipède — le fameux « autrui » du philosophe Levinas — n'est, comme l'a défini Virchow, qu'un « être spinal ». Son activité est purement réflexe. Elle se manifeste par une telle profusion de mouvements que l'observateur en attrape « du shimmy dans la vision ». Que ces réflexes soient conscients ou qu'ils éveillent un rudiment de conscience, en aucun cas ils ne représentent une activité volontaire ; ils n'expriment proprement que l'activité de l'espèce, ce qui a été acquis, organisé et fixé par l'hérédité. D'où vient le fait qu'autrui, au grand désespoir de l'homme du nihil qui n'en peut plus de voir sa trogne, ne se suicide jamais.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

vendredi 21 septembre 2018

Syndrome de l'imposteur


Ébloui par la prodigieuse aisance de l'« homme de la Nature et de la Vérité » dans presque tous les domaines de la vie, comment l'homme du nihil pourrait-il se voir autrement que comme un imposteur ? Inadapté congénital, il ne sera jamais à la hauteur des cracks de l'existence au milieu desquels une ironique fatalité l'a jeté. Le seul art où il excelle est la destruction de soi-même — mais là, il est imbattable.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

Crypte intime


La mémoire de l'homme du nihil est une catacombe où s'entassent les spécimens de « monstruosité bipède » qui ont un jour croisé sa route. Il sont groupés là, membres tordus, têtes contournées, bouches béantes. Si la crypte n'était fermée au public, ces physionomies grimaçantes inspireraient au visiteur des sentiments mélancoliques et même de l'horreur. Callot, Goya sont dépassés. 

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)