mardi 17 janvier 2023

Rhinocéros

 

Après s'en être pris aux mutilés de cul dans Les Chaises, Ionesco, dans sa pièce Rhinocéros, tire à boulets rouges sur les rhinocéros, ces mammifères herbivores à peau épaisse et peu poilue. Tout en éreintant ces débonnaires pachydermes, le dramaturge pose une question « philosophique » : est-il possible de rester humain lorsque toutes les personnes autour de vous acceptent de se transformer en rhinocéros ? On a tendance à répondre que peut-être (il faudrait d'abord définir ce qu'on entend par « humain ») — mais c'est du « théâtre de l'absurde », alors attention, hein !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Lait noir de l'aube

 

Un jour qu'il était « gonflé à bloc », Paul Celan soutint que la poésie était « conversion en infini de la mortalité pure ». Mais son ami le Grandiloque, avec qui il était occupé à « partager une chopine », lui rétorqua : « Arrête tes conneries, vieux ! »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Une irritation

 

Le nihilique regrette d'être né. Il pense que ç'a été une erreur magistrale d'accepter l'invitation des époux Auersberger.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 16 janvier 2023

L'autre défi de la transition énergétique

 

On pensait avoir fait provision suffisante de mépris pour tenir au moins un siècle, mais on avait sous-estimé l'ignominie du monstre bipède. Nos réserves fondent, il va falloir « passer à l'électrique » !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Sévère attaque de d'Aquin

 

Dans sa Somme théologique, Thomas d'Aquin définit l'individu comme « le mode de subsister d'une substance particulière ». Et il ajoute que le mode de subsister du nihilique — qui passe la majeure partie de son temps à « faire le mort, comme un cloporte » — n'est « pas jojo ».

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un diviseur malodorant

 

Porphyre enseignait que l'individu divise l'espèce et Robert Férillet, en commentant l'Isagoge, renchérit sur cette thèse : « Les individus distribuent l'espèce par leur infinité propre. Tous les individus sont, en effet, disgrégatifs et diviseurs. En outre, ils puent des pieds et parfois de la gueule. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Amour et révolution

 

L'amour et la Révolution française ont ce point commun qu'ils sont tout deux d'essence satanique.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 15 janvier 2023

Une invention « à la mords-moi-le-chose »

 

« L'amour », comme ils disent, est une pure invention du monstre bipède. Les animaux, beaucoup plus raisonnables dans leur genre, ne donnent pas dans ces simagrées. Une fourmi, fût-elle de dix-huit mètres et portât-elle un chapeau sur la tête, ressent-elle de « l'amour »  ? Non. La fourmi est « nature » — tout comme le pécari (cf. l'expression « un portefeuille en pécari »).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Mémoires d'un gluon, by Louis Ribémont

 

“Achingly beautiful! Coruscating! Wickedly funny! Ribémont's Mémoires d'un gluon holds the reader's attention in an iron grip. It will appeal to the serious scholar and general reader alike. A stunning debut!”

(The Montcuq Review of Books)

Pulsion féminicide

 

Rien de tel qu'une bourrelle pour vous donner des envies de meurtre. Pour y résister, le mieux est de s'imaginer qu'on est le philosophe Jean Grenier et qu'on est un adepte du « non-agir ». Attention toutefois de ne pas confondre Jean Grenier et Louis Althusser (ça arrive).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Mauvais comportement des bêtes à Pineau

 

« Les bêtes à Pineau, a sont passées dans l'maï. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 14 janvier 2023

Accroche-toi au pinceau

 

Quand Jésus demanda à Simon dit Pierre s'il connaissait celle du fou qui repeint son plafond, Simon dit Pierre répondit que non, mais qu'il en avait marre des histoires drôles et que Jésus « pouvait se la garder ». Alors Jésus, piqué au vif, traita son disciple de « bonnet de nuit ».

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

L'avantage d'être mort

 

La différence majeure entre être vivant et être mort, c'est que quand on est vivant, on ne sait jamais ce qui va vous tomber sur le cassis. Alors que quand on est mort, plus rien ne peut vous atteindre. On peut enfin respirer (so to speak).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Quand ça ne veut pas...

 

Ç'aurait sûrement été un grand soulagement pour Kierkegaard de voir Régine Olsen devenue une « vieille couasse ». Il aurait été enfin libéré de son obsession. Mais elle n'avait que trente-trois ans quand le « penseur privé » est mort, cette pochetée.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Extension du concept d'étant existant


Un gusse dont l'activité principale consiste à s'interroger sur le sens de l'être, mais qui, à part ça, passe les trois quarts de son temps au lit à jouer les cadavres vivants, un tel gusse peut-il encore être appelé un étant existant ? Heidegger ? Un avis sur la question ? Martin ? Dis quelque chose, merde !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 13 janvier 2023

La tentation du bourre-pif

 

Quand on voit qu'il est impossible d'amadouer le réel avec de belles paroles, on est tenté d'imiter les fils du vieux Kiemlicz qui demandaient : « On cogne, père ? »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Deux bourrelles

 

Anna Karénine et Emma Bovary sont des bourrelles et des pochetées, et leur sort nous est parfaitement indifférent. Tolstoï ! Et toi, Flaubert ! Vous n'avez pas mieux à faire que d'écrire sur ce genre de personnes ? 

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Horreur et putréfaction


Il est tout de même malheureux qu'un être aussi raffiné que la femme produise une matière aussi immonde que la révérence parler merde. Il paraît que cela s'effectue par un processus de « digestion » impliquant un « transit intestinal » — on frémit rien qu'à employer ces termes.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Le courroux et la pitié

 

Il arrive qu'on rencontre des hurluberlus qui trouvent que « la vie est belle », et alors on pense aussitôt à ces vers de La Fontaine : « Pauvres gens ! je les plains ; car on a pour les fous plus de pitié que de courroux. Ratatouille. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 12 janvier 2023

Fauteuil à oreilles

 

La vie, quelle énorme déception. C'est un genre de fauteuil à oreilles des Auersberger. On s'y cale dans l'espoir d'observer l'intelligentsia viennoise, mais tout ce qu'on voit, c'est de la merde.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Aux ouataires

 

Toute personne bien informée sait que la vie est faite d'une multitude de petits riens plus ou moins sordides. Mais il vaut mieux ne pas trop y penser. Pour conserver son équilibre et un semblant de dignité, il vaut mieux ne pas penser au nombre d'heures qu'on aura consacrées dans sa pondéreuse existence à se torcher le fondement de l'historialité du Dasein.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Pour rencontrer Ciguri

 

Antonin Artaud dit le Mômo prétend — mais peut-on croire tout ce qu'il dit — que le peyote permet d'entrer en contact avec Ciguri, « dieu de la prescience du juste, de l'équilibre et du contrôle de soi ».

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Théorie douteuse

 

Selon le pénible Lacan, « le mot est le meurtre de la chose, on la tue en la symbolisant ». C'est peut-être vrai pour certains vocables, mais une chose est sûre : ça ne marche pas avec bourrelle.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 11 janvier 2023

Les petits pois du désespoir

 

À celui qui ne supporte ni ses semblables ni la solitude, il ne reste qu'à manger des petits pois. Mais c'est une amère potion !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Anus mundi

 

Dans ses mémoires, Salvador Dali raconte que le 19 septembre 1963, il ressentit en la gare de Perpignan une « extase cosmogonique » qui lui procura « une vision exacte de l'univers ». Cette expérience lui révéla entre autres que ladite gare était « le centre du monde ». En 1965, en compagnie de son épouse Gala, il visita Montcuq (Lot), mais là, malgré une condensation intense de sa volonté, malgré une exaltation prodigieuse de son dynamisme fluidique, rien : pas d'extase cosmogonique. Comme quoi !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Itinéraire de Paris à Jérusalem

 

Pour aller en voiture de la mairie de Bezons à la gare de Houilles, il faut compter environ douze minutes quand le trafic est fluide. Le mieux est de passer par la rue Albert 1er.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Mémorisation du graduel

 

La mémoire de Léon Bloy était si phénoménale qu'elle lui permit d'apprendre par cœur tout le graduel.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 10 janvier 2023

Un paria

 

Celui qui révoque en doute la réalité du « monde réel » est mis au ban de la société des hommes car « on ne rigole pas avec ces choses-là ». Sa situation rappelle celle de l'arien Théonas de Marmarique, condamné par le concile de Nicée à manger des choux-fleurs à la merde pour avoir contesté la divinité du Christ.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

L'accent de Bezons

 

Dans Pierrot mon ami, Léonie dit à un fakir qui se prétend du Sud tunisien : « Blague dans le coin, je parie que vous êtes de Houilles ou de Bezons, peut-être même de Sartrouville, je reconnais ça à votre accent. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)