« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 20 mars 2019
Paniers d'osier
Selon Gragerfis — qui l'a sûrement lu dans Cassien —, le travail manuel est le seul moyen que les Pères de l'Église aient trouvé pour lutter contre la mélancolie de la vie solitaire. De son côté, l'homme du nihil est parvenu à la même conclusion ; et c'est en tressant des paniers d'osier qu'il tente de se soustraire au harcèlement de l'ennui, au vertige du temps vide. Ces paniers d'osier sont pour lui un moyen de se cramponner aux lieux que l'acédie l'invite à quitter pour les lointains séduisants du pachynihil. Mais c'est en vain : il arrive un moment où il envoie au diable la vannerie pour presser la queue de détente d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe. — Adieu paniers d'osier ! Adieu gravelle et rhumatismes ! Adieu Bourboule aimée, dont la tête hardie défie les hauteurs des cieux ! Adieu philosophie marcellienne !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Une vraie boucherie
La prismatique idée du Rien décompose le tangible et en expose les viscères exulcérés sous le portique alogique et ô combien branlant de la raison pure.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
mardi 19 mars 2019
Contre la psychanalyse
Gragerfis appelle les psychanalystes « une triste engeance ». Selon lui, tout est bon à ces « scélérats » pour substituer le pathologique au tragique. Ainsi, la psychanalyse étudie l'homme du nihil comme s'il était mû par son inconscient, conditionné par son passé vécu, alors qu'il est aux prises avec le pachynihil ! « Voilà qui est tout de même, déclare l'acide Stylus, un peu fort de café ! »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Soupe au lait
Les suicidés philosophiques, à l'instar des dérivés nitrés du phénol, détonent quand on les chauffe brusquement.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Causalité synergique
Non seulement le suicidé philosophique, à l'instar d'un Némésius d'Émèse, reprend la theoria porphyrienne de l'interaction entre intelligible et sensible appliquée à l'action nihilique, mais il intègre les analyses de Simplicius et de Jean Philopon sur les processus de causalité synergique !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
lundi 18 mars 2019
Écartèlement
Partagé entre la frénésie lacrymale d'un Héraclite et le ricanement sardonique du protèle.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Guérisseur souffrant
Pour le nihilique, le « spectacle de la nature » ne signifie qu'un apaisement passager de ses inquiétudes : il lui faut écouter la « voix du pachynihil » pour rencontrer la certitude (que rien n'est). Or l'autorité du Rien dont il ne prétend d'abord que transmettre fidèlement l'évidence l'investit lui-même d'une surprenante autorité personnelle : on l'appelle à l'aide, il prend la figure d'un « demi-dieu » (Gragerfis) : il est le guérisseur souffrant.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Dandysme
Répondre aux horreurs de l'existence par une apologétique de la redingote.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
dimanche 17 mars 2019
Un exilé de l'infini
Chez l'homme du nihil, tout est éloignement, absence. Comme l'infortuné Bellérophon, il erre dans le vide, loin des dieux, loin des hommes, dans le stérile « désert de Gobi de l'existence ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Faut s'y faire
De longues années de cohabitation avec une « mégère difforme au faciès d'hippopotame » avaient convaincu l'homme du nihil de la véracité de cet axiome dostoïevskien : l'homme est un être qui s'habitue à tout.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
samedi 16 mars 2019
Un moderne Tchitchikov
Cadavre entre les cadavres, je dissimule ma putréfaction dans les plis d'un habit zinzolin moucheté.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Triumph des Pachynihils
Dans l'acte fulgurant du suicidé philosophique, ce qui triomphe, c'est l'envers de l'être, autrement dit le pachynihil. Tout se passe alors comme si la vérité dernière n'appartenait pas à la « vie de tous les jours » ni aux coquetèles mondains, mais au fond nocturne sur lequel cette « vie » et ces coquetèles se déroulent. Quand se taisent l'artifice et la fiction, quand la « réalité empirique » elle-même est dénoncée, quand le Moi ne produit plus ses décrets absolus et ineptes, seule demeure l'obscurité du Rien : un froid mortel se produit.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
vendredi 15 mars 2019
Méthode nihilique
Dans son Traité de la vérité du Rien, le théologien genevois Jean-Alphonse Turrettini indique les précautions nécessaires pour parvenir sans risque d'erreur à la conclusion que rien n'est. Ces précautions consistent à se défier de la spéculation et à rester au plus près de l'observable : « ... Si nous n'affirmons rien avec précipitation, avec témérité, si nous retenons notre adhésion jusqu'au moment où celle-ci nous est arrachée par l'évidence même de la vacuité des choses, si enfin nous n'affirmons rien que ce qu'il nous est impossible de ne pas affirmer (règle très certaine pour la recherche de la vérité), il n'y aura nul risque d'erreur : nous pourrons conclure avec une entière certitude que rien n'est. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Un « mégacéros de facto »
Le mégacéros était un grand ruminant du quaternaire, de la famille des cervidés, aux bois immenses (jusqu'à trois mètres d'envergure).
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
La lumière aveuglante du suicide
Quand, sur le coup de deux heures, l'homme du nihil referme son Plutarque pour contempler la surface moirée de l'étang de Soustons, il a le sentiment de voir s'y étaler les couleurs pures en lesquelles se décompose la lumière aveuglante du suicide (c'est là tout le contraire de la connaissance confuse qu'on a si souvent relevée chez les héros raciniens).
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
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