« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mardi 1 décembre 2020
mardi 24 novembre 2020
lundi 16 novembre 2020
Schéol
Comme le schéol des Hébreux, la femme est un lieu — un être ? — creux, souterrain, insatiable.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 15 novembre 2020
Un terrible destin
L'état du nihilique ressemble à celui
d'un ver qu'on écrase. Réduit à la condition des morts, il est enfermé
dans la « réalité empirique » comme dans un tombeau. Dans son Journal d'un
cénobite mondain, Gragerfis dit qu'il est « semblable au vil lambeau
d'une ceinture pourrie » (d'autres auteurs le comparent à un tas
d'ossements desséchés). Son malheur est sans ressource et sa plaie
incurable, car malgré ses efforts pour adhérer à quelque chose, il n'est
pas fichu de sortir de l'idée que rien n'est.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 8 novembre 2020
dimanche 1 novembre 2020
Haeccéité
« Si j'ai la sensation d'être pourvu de
caractéristiques, matérielles et immatérielles, qui font de moi une
chose particulière, me voilà renfrogné, malplaisant et inaccessible. »
(Montaigne, Lettre à Étienne de La Boétie)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 30 octobre 2020
Déréliction
L'homme du nihil définit notre époque « le
temps de la déréliction » : Dieu s'est détourné de nous et nous laisse à
notre destin, celui de créatures du pachynihil. Il ajoute que la
prétendue « réalité empirique » n'est qu'un attrape-nigaud et que « tout
pue ». Cependant, « malgré mon pessimisme bien connu, je ne suis pas
désespéré », affirme-t-il. Mais d'après Gragerfis, il bluffe.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 26 octobre 2020
Extrémité d'affliction
Dans la
violence de la douleur que nous inflige la cauchemardesque « réalité
empirique », à qui pouvons-nous avoir recours, si ce n'est à la puissante
et invincible protectrice des personnes affligées, l'idée du Rien ?
(Fernand Delaunay, Glomérules)
samedi 24 octobre 2020
samedi 17 octobre 2020
Leçon de ténèbres
La vie de l'homme du nihil est une leçon
de ténèbres que la jeunesse insouciante serait bien inspirée de méditer
(et même — si ce n'est pas trop demander — de réciter à chaque
nocturne des matines).
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 16 octobre 2020
Radical
Pessimiste, comme Hobbes, sur la nature
humaine, l'homme du nihil prône le taupicide comme remède à la
méchanceté naturelle des hommes (au lieu d'un « contrat social »
générateur de droits et de lois). — Dix grammes, en une seule prise.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 14 octobre 2020
Propos de comptoir
« Mimile, j'ai idée que la vie est un genre de boustrophédon.
— Ouais. »
— Ouais. »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 12 octobre 2020
Un terrible constat
D'après le naturaliste Philippe-Isidore Picot de
Lapeyrouse — qui savait de quoi il parlait pour avoir méthodiquement
observé les mammifères et les oiseaux dans le département de la
Haute-Garonne —, « la femme se distingue des autres êtres organisés par
une acariâtreté et une mauvaise foi qui défient l'imagination. »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 7 octobre 2020
lundi 5 octobre 2020
Lichen
L'idée du Rien a des rapports avec l'hypne prolifère,
mais elle est plus élégante et plus filiciforme. Au surplus, elle
conduit plus souvent que ce végétal — cette « mousse cosmopolite » — à
envisager l'homicide de soi-même comme un remède à l'amertume
d'exister.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 30 septembre 2020
Méchanceté gratuite
Comme
celle de la « réalité empirique », la méchanceté de la femme est
mesquine, froide et, ce qui est plus effroyable encore, gratuite.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 27 septembre 2020
Triste engeance
Chez la femme se trouve toujours un trait de vilenie — comme dans les portraits de Goya (au dire de Théodore Hetzer).
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 9 septembre 2020
lundi 7 septembre 2020
Courroux
La bêtise compacte qui caractérise son
époque fait de l'homme du nihil un être constamment courroucé. Et quand
il rencontre des vocables tels que racisé, intersectionnel ou non-genré,
son courroux dépasserait même, au dire de Gragerfis, celui qui s'empara
de Philippe VI quand il apprit que les Anglais avaient traversé la
Somme !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
samedi 18 juillet 2020
L'illusion du viscère
L'homme qui va de médecin en
médecin car il se sent malade oublie qu'il est lui-même son meilleur
thérapeute — à condition d'avoir compris que rien n'est — et en
particulier l'odieux viscère.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
dimanche 12 juillet 2020
Conseil malvenu
Un jour, alors qu'il promenait son chien, l'homme du
nihil apostropha un « jogger » en ces termes : « Arrête ! Où cours-tu donc — quand le Rien est en toi ? En le cherchant ailleurs, tu le manques à
coup sûr. » — Mais tout ce qu'il récolta fut un regard noir et une « épithète disconvenable ».
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
dimanche 5 juillet 2020
jeudi 2 juillet 2020
Didactisme nihilique
Le mérite de
l'homme du nihil ne tient pas simplement en ce qu'il a placé aux
propylées de son acropole l'effigie grandiose du pachynihil. Par un
procédé toujours identique de scissiparité des images — margouillis
exophtalmique, clafoutis de hasard, zérumbet zététique, etc. — et des
concepts — taupicide, monstre bipède, reginglette, etc. —, il a
réussi à imposer une représentation du Rien centrée essentiellement
autour des notions énergétiques et dynamiques.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
samedi 27 juin 2020
Énergies ignées vs. pachynihil
Un jour que
Gragerfis évoquait devant lui l'importance des « énergies ignées » dans ce
qu'il est convenu d'appeler le « monde moderne », l'homme du nihil lui
répliqua vertement : « Les énergies ignées peuvent bien englober le
monde, le pachynihil le pénètre librement jusqu'en ses rouages les plus
subtils. »
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
vendredi 19 juin 2020
Couteau de Lichtenberg
Un
aphorisme fameux de Lichtenberg mentionne « un couteau sans lame auquel
manque le manche ». Si on l'étudie avec attention, on constate que cette
formule contient un paradoxe, car un couteau ne saurait se composer
d'autre chose que d'une lame et d'un manche. Nous sommes donc en
présence d'une métaphore du pachynihil.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
lundi 15 juin 2020
Circularité du Rien
« Le Rien est rond comme la
roue d'une berouette » écrit l'homme du nihil à André Salmon. Et il
ajoute : « Rien mieux que le cercle ne peut abriter cette polysémie
énergétique qui caractérise le pachynihil. Enfin, n'est-il pas évident
que le Rien forme un tout, à l'instar d'une roue ? D'une part, il
enferme en lui-même, comme une circonférence, tout sans restriction ; il
transcende tout, personne ne peut le fragmenter, ni le compléter.
D'autre part, il tourne sur lui-même, comme une roue, car il opère sans
cesse à l'intérieur de la sphère de sa propre révélation. »
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
vendredi 12 juin 2020
Genèse
« Or le pachynihil vit qu'il y avait, du
côté de l'Aquilon, une place vide et qui ne servait à rien, et il voulut
y installer le siège de sa puissance pour opérer une création plus
abondante que celle de Dieu, sans connaître la volonté qu'avait celui-ci
de créer toutes les autres créatures. Et c'est ainsi que du néant fut
tiré le fameux "autrui" du philosophe Levinas, autrement dit le monstre
bipède. »
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
jeudi 4 juin 2020
Astrologie nihilique
L'une des « idées » de l'homme du nihil vient tout droit des astrologues de l'Antiquité, par le relais de Bède le Vénérable : il s'agit de déterminer la probabilité qu'un individu en arrive — par désespoir ! — à prendre du taupicide, d'après le quantième de son jour de naissance dans le cycle lunaire !
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
jeudi 28 mai 2020
Paradoxe du crocodile
Un crocodile
s'empare d'un bébé et dit à la mère : « Si tu devines ce que je vais
faire, je te rends le bébé, sinon je le dévore. » En supposant que le
reptile soit digne de confiance, que doit dire la mère pour qu'il lui
rende l'enfant ? La réponse usuelle fournie par les individus de
tendance « nihilique » est : « rien n'est ». Le crocodile se trouve alors
dans l'impossibilité de dévorer quoi que ce soit — puisque lui-même n'est pas. Mais une réponse plus subtile est : « reginglette ». Le
saurien, complètement dérouté, perd ses moyens et prend ses jambes à son
cou.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
jeudi 21 mai 2020
Vivant
L'homme se croit « vivant » parce qu'il parle, écrit, crée
des concepts, manie la brouette, charroie des cailloux et fait des
plates-bandes... Mais un tel mode d'existence est larvaire car
terriblement limité. Ce n'est qu'après qu'il a vu le pachynihil que les
énergies transfiguratrices qu'il porte en lui jaillissent et deviennent
opérantes. De nouveaux sens se forment ainsi que des organes subtils.
L'homme retrouve son unité primordiale et s'équilibre dans son corps,
son âme et son esprit. Le voici, grâce à l'idée du Rien, affranchi de la
morsure des événements provenant de la « réalité empirique », qui
auparavant le rendaient comparable à une épave ballottée par les flots.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
mercredi 20 mai 2020
Désert
Le désert est un symbole cher aux nihiliques : il
représente le renoncement (au « fétide et rébarbatif réel ») et la pureté
(du pachynihil). Le sol du désert résulte d'une usure. Ayant perdu en
quelque sorte sa substance, il échappe à toute corruption. Situé à la
cime du dépouillement, il peut être à la fois stérile ou fécond, tout
comme l'idée du Rien.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
lundi 18 mai 2020
dimanche 17 mai 2020
Sanctuaire
Il existe des « lieux saints » où l'on ne peut pénétrer
sans préparation, et qui ne sont accessibles qu'à certaines personnes.
A. J. Festugière cite le cas de Thoas qui, n'osant pénétrer dans
l'adyton du temple de Tauride, appelle Iphigénie de l'extérieur en lui
demandant de s'avancer vers la porte. Le pachynihil est l'un de ces
lieux saints. Pour avoir le droit d'y entrer, il faut d'abord passer
avec succès l'épreuve dite « du taupicide ». Quant à ceux qui échouent, on
leur fait subir — pour leur apprendre à vivre ? — une deuxième
épreuve dite « du lavage d'estomac ».
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
samedi 16 mai 2020
Surdité
Dans son De ædificio Dei, Gerhoch von Reichersberg écrit
que « la structure de l'univers est ordonnée comme il convient » (tota
universatis structura convenienter ornatur). Interrogé à ce sujet par
Georges Charbonnier, l'homme du nihil lui répondit qu'il préférait « entendre ça que d'être sourd ».
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
vendredi 15 mai 2020
Cogito
Son sens aigu du ridicule conduisit très tôt l'homme du nihil à mettre une certaine distance entre lui-même et ses « pensées ».
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
jeudi 14 mai 2020
Comme tout
M. Bouboule : Alors, ça boume ?
L'homme du nihil :
J'expérimente une solitude au sein de laquelle on ne peut plus qu'aller
et venir à l'intérieur de son propre cerveau.
M. Bouboule : Ah ? Ça ne doit pas être drôle.
L'homme du nihil : Non, mais... c'est comme tout.
M. Bouboule : Eh oui... c'est comme tout...
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
mercredi 13 mai 2020
Au théâtre ce soir
La vie de l'homme du nihil n'est pas un mélodrame à la Pixérécourt ; c'est une comédie larmoyante à la Nivelle de la Chaussée.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
mardi 12 mai 2020
lundi 11 mai 2020
Justification
« L'homme du nihil se
méprisait tellement lui-même et tout ce qu'il faisait, que jamais il
n'aurait mis au jour aucun de ses ouvrages, s'il n'eût consulté que
l'humble opinion de son cœur. Plein de la pensée et du sentiment de son
néant, qui ne le quittaient point, il redoutait tout ce qui pouvait le
faire estimer des hommes et lui attirer de la considération. S'il prit
la plume pour composer quelques ouvrages baroques, ce fut uniquement
dans le désir de répandre les flammes du pur dégoût qui le dévorait
intérieurement. » (Stylus Gragerfis, Une vie dans le Rien)
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
dimanche 10 mai 2020
À Amsterdam
De passage à Amsterdam et confronté au choix de visiter le musée Van Gogh, celui de la maison de Rembrandt, les deux, ou rien, l'homme du nihil choisit... — rien.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
samedi 9 mai 2020
Adieux à Gand
Dans un beau passage, Ménandre compare la vie à une foire : partout foule, bruits, voleurs, joueurs de dés, divertissements de toute sorte. Plus tôt on s'en va, mieux cela vaut. Si l'on tarde et s'obstine, on se condamne à subir les affres du vieillissement, et à passer d'ennuyeuses soirées auprès du feu, face à une « mégère difforme au faciès d'hippopotame ». Pour s'en aller, Ménandre préconise l'emploi du taupicide ou d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
vendredi 8 mai 2020
Mousserons
« J'ai passé ma vie à faire le mort, déclara l'homme du nihil. Allongé sur mon matelas-tombeau, un torchon sur les yeux, les mains croisées sur la poitrine...
— Et les mousserons ? » demanda le père Théraponte.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
jeudi 7 mai 2020
Paradoxe de Liem
Le paradoxe de Liem réside dans la divergence constatée entre le régime alimentaire de certains vertébrés et celui auquel leur denture paraît adaptée. Il a d'abord été observé par le biologiste américain Karel F. Liem chez un poisson d'eau douce mexicain, Herichthys minckleyi. L'une des variétés de ce poisson, un cichlidé endémique de Cuatro Ciénegas (nord du Mexique), a des dents pharyngiennes plates, qui semblent adaptées à l'écrasement d'objets durs tels que des coquilles. Pourtant, ces poissons négligent les escargots et consomment essentiellement des aliments tendres. Autre exemple : les gorilles de la forêt de Bai Hokou (réserve de Dzanga-Sangha, Centrafrique), qui ont des molaires aiguisées propres à broyer des végétaux durs (tiges, feuilles) et un système digestif capable d'assimiler la cellulose, mais recherchent pourtant les fruits tendres et sucrés. Enfin, les mangabeys à joues blanches du parc de Kibale (sud-ouest de l'Ouganda) ont des molaires plates et recouvertes d'un émail épais adaptées à la fracturation d'aliments durs et cassants comme des noix et des graines. Malgré cela, ils mangent surtout des fruits charnus et des feuilles jeunes.
Une explication possible de ce paradoxe, avancée par le biologiste « nihilique » Alvin J. Merriwether, met en jeu l'idée du Rien : la denture est en fait adaptée à des conditions difficiles, rares mais cruciales pour la survie de l'espèce, celles où la « réalité empirique » perd son sens. Et de fait, il a été observé que les gorilles et les mangabeys à joues blanches se rabattent sur des végétaux ou des graines durs quand les poigne la pensée que « rien n'est ».
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
mercredi 6 mai 2020
Paradoxe de l'amitié
Le paradoxe de l'amitié est un phénomène découvert par le sociologue Scott L. Feld, qui consiste en ceci qu'un individu possède en moyenne moins d'amis que ses amis. Il ne s'agit d'un paradoxe qu'en apparence, car ce phénomène bien réel peut s'expliquer par certaines propriétés mathématiques des « réseaux sociaux » (l'inégalité de Cauchy-Schwarz notamment). Fait remarquable, l'homme du nihil constitue un cas d'inapplicabilité de la règle car il n'a pas d'amis : il est ce qu'on appelle vulgairement un « rémi ».
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
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