« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
jeudi 28 mars 2019
Page de journal
25 mars. — Cornélius Népos raconte qu'à la mort d'Agésilas ses amis l'embaumèrent avec de la cire, à défaut de miel.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Faiblesse insigne du constipé
L'individu frappé de rétention fécale a beau déployer la plus véhémente énergie, il n'arrive à rien sans le secours du jus de pruneau. Que celui-ci vienne à manquer, que la rhubarbe elle aussi fasse défaut — reste alors une ombre qui s'agite vainement dans des « goguenots » où seule la mort est certaine.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Acariâtreté conceptuelle
17 mars. — Selon Lucien, pour prendre la qualité de philosophe, il faut avoir un visage renfrogné, la mine barbare et les manières farouches. Il faut gronder tout le monde, trouver à redire à tout, et vivre dans la foule comme s'il n'y avait personne.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
mercredi 27 mars 2019
Masque langagier
Il est dans la nature du vocable, pour Gragerfis, de voiler la mort, le temps, le hasard, l'haeccéité et toutes les dures vérités de l'existence réelle. Dans son Journal, pour illustrer son propos, l'infatigable polygraphe prend l'exemple on ne peut plus frappant du mot zingibéracé.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Relative inutilité du Rien
Le pachynihil n'offre pas de butin aux abeilles ; il s'élève trop haut pour que les brebis et les chèvres puissent atteindre à ses cimes ; on ne saurait guère en faire un fourrage vert ; il n'est pas possible de cultiver l'ail et l'oignon à son entour du fait de l'ombre qu'il produit.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Vin tragique
28 mars. — Le poète grec Gorgias prétend qu'Eschyle faisait ses tragédies tout à fait ivre.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Le silence du Rien
Chez le suicidé philosophique, à l'instant suprême, la parole s'efface pour laisser la voie libre à une pure vision, à une intuition parfaitement oublieuse du bruit des mots : celle du pachynihil.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mardi 26 mars 2019
Robigus
27 mars. — Le dieu Averruncus était celui que les Romains invoquaient pour détourner de dessus leur tête les maux dont ils étaient menacés. Aulu-Gelle dit qu'on l'appelait encore Robigus.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Choses du passé
D'une enfance provinciale, de ses attaches familiales dans le Rouergue et le Quercy, pays de causses pierreux, l'homme du nihil a gardé la mémoire de choses qui sont désormais, bien que d'hier seulement, d'un autre âge : le train omnibus, la lumière intime de la lampe à huile, le « taupicide foudroyant Moulin »... Bref, le décor d'une vie plus lente, plus délibérée, où l'on pouvait apprivoiser une durée qui n'était pas encore celle de notre hâte frénétique, mais celle plus sereine des saisons de la terre, et aussi toucher des objets qui n'étaient pas seulement de consommation mais pouvaient aussi, en plus de petits mammifères fouisseurs, servir à exterminer le Moi.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Cytise
23 mars. — Pline, qui écrivait après Columelle, décrit ainsi (Hist. Nat., liv. XIII, ch. 47) les qualités du cytise : « Il n'est pas de fourrage qui produise plus et de meilleur lait ; Aristomaque et Démocrite garantissent que les abeilles ne manqueront jamais tant qu'elles auront du cytise pour butiner ; il est, au bout de trois ans, parvenu à toute sa hauteur ; entre les lignes qu'on en fait on peut cultiver l'ail et l'oignon ; on ne saurait tirer de son bois aucun parti. »
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
lundi 25 mars 2019
Révélation du vide
S'il faut en croire Gragerfis, c'est dans la villa cannoise de l'égyptologue et poëte Eugène Lefébure que Mallarmé prit conscience du néant en mars 1866.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Pucerons
24 mars. — Pour détruire les pucerons, Pallade dit (De re rustica, liv. I, ch. 35.) d'employer le jus de jusquiame mêlé de fort vinaigre. Ferrari conseille (Flora, liv. III, ch. 4.) d'employer l'huile de pétrole.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Avertissement
Un nouveau savoir, une nouvelle parole, un nouveau regard : voilà ce qui est atteint, une fois le « Suisse » expulsé dans l'Ouvert rilkien. Encore faut-il que soient assez vigoureuses les énergies mises au service du pousser. Sinon il n'y a pas de traversée, et la fureur n'est qu'engloutissement et dissolution dans la pénombre des « goguenots ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Entartré !
Le temps est analogue à cet enduit pierreux déposé par des matières salines autour des corps ayant séjourné dans des eaux calcaires et contre les parois des chaudières à vapeur.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Page de journal
20 mars. — Paterculus imite dans son style la manière concise et énergique de Salluste.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
dimanche 24 mars 2019
Dans les bois
Gragerfis dit — mais peut-on croire tout ce qu'il dit ? —, que le « morne et sinistre décor » de la réalité empirique emplissait le poëte Verlaine d'une « horreur triviale et profonde » !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Mais où sont les bêtes d'antan ?
16 mars. — Où sont les éléphants qui, au dire de Solin, abondaient dans la Mauritanie Tingitane ? Où, les hippopotames de la Basse-Égypte, les boas de la Calabre, les lions, les aurochs, les ours de la Macédoine, les castors, etc. ? — Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
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