lundi 20 juin 2022

Gloméruleux pélicans

 

S'il faut en croire Buffon, le bec du pélican — et particulièrement celui de l'espèce dite gloméruleuse — serait capable d'exciser les « membranes laborieuses du temps ». Mais les savants d'aujourd'hui estiment plutôt que cette prouesse est à la seule portée des gibbons (bien que ces derniers soient dépourvus de bec).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 19 juin 2022

À grands pas

 

La seule chose qui, dans la vie, « avance à grands pas, pétulante », c'est... la mort. Mais oui !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Mixture puante

 

De tout temps, la cervelle philosophique s'est cru panoptique — les « amis de la sagesse » n'ayant jamais brillé par leur modestie. Mais panoptique ou non, il ne s'en est jamais échappé qu'une mixture puante.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 18 juin 2022

Eau salée

 

Quand il était frappé de « constipation conceptuelle opiniâtre », le philosophe Heidegger buvait un grand bol d'eau salée car d'après les Anciens, « c'est de l'eau salée que sont émanées toutes choses » (donc aussi les concepts).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

vendredi 17 juin 2022

Collusion

 

« Étang de Soustons, deux heures de l'après-midi. Je mangeais une biscotte confiturée. Et tandis que je mâchais laborieusement, il m'apparut qu'être et non-être s'étaient entendus secrètement — les misérables  ! — pour nuire au Dasein et à moi tout spécialement. »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Fastes

 

De quels fastes le Rien peut-il être le sophistiqué ordonnateur, si ce n'est le martyrologe universel des suicidés philosophiques  ? 

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 16 juin 2022

Hélice plombée

 

Pareille à une hélice plombée, la pensée de la mort tout à la fois nous propulse et nous entraîne par le fond.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 15 juin 2022

Vie creuse

 

De nombreux indices laissent à penser que la vie est creuse à l'infini. Mais pour ce qui est d'y entrer... va te faire lanlaire !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Foraminifère

 

« Tel un foraminifère au fond de l'eau, Ulysse se tournait... »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 14 juin 2022

Absolu ténébreux

 

L'absolu ténébreux n'est qu'une idée. Pas même une sauce, juste une idée — qui souffle dans le vacuum et s'infiltre dans le bocal des suicidés philosophiques (exemple : Nerval).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Argyraspides

 

Les argyraspides, ces fantassins d'élite de l'armée macédonienne au temps des conquêtes d'Alexandre, étaient agiles et endurants, ils battaient sans se lasser les territoires du non-sens, mais ils ont montré une certaine déloyauté envers les Diadoques.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 13 juin 2022

Intermède publicitaire

 

« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant... »

(Paul Verlaine. Expert de l'isolation par l'extérieur. Avec aides de l'État)

Périboles

 

Les mots (les vocables) rappellent un tant soit peu les périboles des anciens palais : ils sont une enceinte sacrée et ils introduisent à quelque chose, mais à quoi ? Au cœur du processus de l'âme ? Ou peut-être, plus simplement, à l'ampleur catastasique de sa trajectoire ? 

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 12 juin 2022

Richesse du réel

 
Dans le réel, on trouve toutes sortes de végétaux : le fameux sabot de Vénus, le cattleya, et même l'orpin.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 11 juin 2022

Glomérules toujours

 

“Achingly beautiful ! Coruscating ! Wickedly funny ! Delaunay's Glomérules holds the reader's attention in an iron grip. It will appeal to the serious scholar and general reader alike. A stunning debut !”

(The Montcuq Review of Books)

vendredi 10 juin 2022

Glomérules encore

 

Glomérules is a groundbreaking achievement, impeccably researched and brilliantly argued. Fernand Delaunay's work is accessible but also comprehensive, really turning the topic on its head and taking an unflinching look at the concept of taupicide. This is an ambitious and timely piece that absolutely cannot be ignored.”

(The Paris Review)

jeudi 9 juin 2022

Glomérules, by Fernand Delaunay

 

“A rollicking good time ! Fernand Delaunay is known for his razor-sharp wit, and Glomérules is no exception. Hilarious and thought-provoking, this book had me laughing out loud from beginning to end. An absolute delight, compulsively readable. I can't wait to see what Fernand Delaunay does next.”
 
(The Alaska Quarterly Review)

mardi 7 juin 2022

Ambition chimérique

 

Alors même qu'il n'était pas de Cappadoce puisque originaire de Bezons, l'homme du nihil rêvait de rejoindre Grégoire de Naziance, Basile de Césarée et Grégoire de Nysse dans le petit groupe ultraselect des « pères cappadociens ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Avertissement biblique

 

Dans un de ses psaumes, David semble avoir pressenti l'existence de certaine mégère difforme au faciès d'hippopotame, qu'il met en garde en ces termes : « Et le Seigneur dispersera les os de ceux qui ont persécuté le pauvre Férillet. » (Ps. LIII, 6)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

The real McCoy

 

À l'homme du nihil, rien n'a jamais donné une impression de vérité autant qu'un arbre, un rocher, un nuage ayant la forme d'une tête de chien couché.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Nougats

 

Comme le poëte polonais Czesław Miłosz, le nihilique a un sentiment très vif de la précarité de l'existence. Il n'oublie jamais que l'homme peut être précipité dans un trou noir « en moins de temps qu'il n'en faut pour cuire des asperges ». Pourtant, il a encore la force d'enfiler ses chaussettes chaque matin (ou presque). Mais ce n'est peut-être que la proverbiale « force de l'habitude » ? À moins qu'il ne craigne simplement d'avoir froid aux « nougats » ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Popularité

 

En littérature comme en tout, on n'aime que les pauvres types.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 6 juin 2022

Moins que rien

 

Avoir des organes, des viscères et tout ce qui s'ensuit (les mitochondries, les villosités, la membrane plasmique, l'appareil de Golgi, etc.), comme cela est bizarre ! — et humiliant, quand on y pense. Il n'y a pas à chiquer, tout être vivant — et en particulier tout homme — est un « moins que rien ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Modestie

 

Le Grandiloque dit avec justesse que la modestie n'est rien autre chose qu'une conduite réglée sur le sentiment du néant. Cela explique pourquoi il y a si peu de gens modestes : dans leur immense majorité, les mortels se refusent en effet à admettre la réalité du pachynihil — et leur propre nullité.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Abaissement de Magritte

 

Amateur passionné de Magritte, l'homme du nihil signifiait dès l'abord, à toute « personne du sexe » qu'il rencontrait, qu'en aucune circonstance elle ne dût abaisser ce peintre. « N'abaisse ni ne biffe Magritte », disait-il à la « personne du sexe ». — Il ne voulait pas non plus que l'on biffât Magritte — enfin... Sagritte — de l'histoire de l'art !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Autofiction

 

Je, je, je... Ils n'ont que ça à dire, ces pauvres cons ? Ce... ce « Chevillard » ? Laissez-nous tranquilles, avec votre « Moi » ! Il ne nous intéresse pas ! Verstanden ? Et pas la peine non plus de faire des astuces vaseuses ! Si ça continue, ça va mal se mettre, ça va bombarder mais dur ! C'est quand même quelque chose, ça ! Affreux !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Ovation intempestive

 

Ces gens qui, lors des funérailles d'une « célébrité », applaudissent à la sortie du cercueil ! Est-ce donc un tel exploit, de « décéder » ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 5 juin 2022

Circonjacence

 

La nature circonjacente d'un complément peut être une étance substantiveuse (un substantif attribut du sujet), une étance adjectiveuse (un adjectif qualificatif attribut du sujet), ou encore une ayance substantiveuse (un substantif complément d'objet). Ainsi, dans « Roland est preux et Olivier est sage », les compléments preux et sage ont une nature d'étance adjectiveuse. Notons toutefois que certains types de substantifs compléments circonjacents ne peuvent être considérés ni comme des étances ni comme des ayances — ce qui confirme l'intuition décisive de l'homme du nihil que « le réel est un terrain mou, marécageux, et plein de roseaux ». C'est le cas par exemple de la bête dans la phrase : « Émile Cioran fait la bête pendant que Simone Boué raccommode ses caleçons. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Changement de braquet

 

Comme il en a assez d'être pris pour un « pauvre bougre » inoffensif, l'homme du nihil a décidé de se montrer plus contondant. Aux doubles-vécés, la reginglette ! Fini le zingibéracé ! Place à l'hystricognathe et au xéranthème xénothropique ! Et « sus à la chose sue, chausse-trape qui susurre au sot l'idée contrefaite du sublime » !

(Fernand Delaunay, Glomérules)