En plus d'être un remarquable décorateur de fresques, un peintre de retables et un excellent coloriste, Andrea del Sarto pratiquait la gymnastique. Il faisait des sauts périlleux, des rondades et même des « flips ».
Dans En lisant en écrivant, Julien Gracq dit que Magritte se situe à la limite du domaine strictement pictural, parce que l'idée et l'humour tiennent presque toute la place dans ses tableaux. Il le biffe, pour ainsi dire ! Alors qu'on avait bien précisé qu'il ne fallait ni le biffer ni l'abaisser ! C'est un monde !
Nous disons Kharkov et non Kharkiv, nous disons Kiev et non Kyïv, nous ne nous en laissons pas conter. Nous disons aussi la Rhodésie, la Haute-Volta, Calcutta et Bombay. Assez de salamalecs !
Le peintre Charles Maussion n'était pas de Sens-sur-Seille (Saône-et-Loire) mais de Nantes. Ce qui ne l'empêchait pas d'avoir un sens très sûr (de l'harmonie des formes et des couleurs).
Élie Faure dit que les peintres italiens de la Renaissance n'étaient pas baisants. Un mot de travers et on se faisait enguirlander par le Ghirlandaio quand ce n'était pas rosser par le Rosso ou coller une châtaigne par le Mantègne. Le seul qui était civilisé, c'était le Pérugin (un peu aussi le Primatice).
Le collaborationniste Francis Bout de l'An — qui fait une brève apparition dans Le Laboureur et ses enfants — ne connut pas celui de 1977 car il mourut en septembre.
Prétendre qu'on a descendu des fleuves impassibles montre déjà qu'on est un ahuri, mais soutenir ensuite que chaque voyelle possède une couleur, c'est aller crescendo molto dans la bêtise.
Dans la nuit noire de l'âme, on voit des manches à gigot, des crinolines, des redingotes, des pantalons à sous-pieds... On dirait que le temps s'est arrêté.
Selon certaines sources, je serait un autre et la vraie vie serait ailleurs. Si ces assertions sont exactes, cela signifie que dans l'être rien ne va, que tout est détraqué. Si on ajoute à ce tableau les ravages de la société de consommation, la conclusion évidente est que nous sommes dans de beaux drillards (le drillard est un chêne rouvre).
Ce qui est sûrement très pénible, quand on est critique littéraire, c'est de devoir, de temps à autre, dire du bien de quelque livre (pour ne pas éveiller les soupçons).
Le Bronzino a un traitement très particulier de la couleur, qu'il étale de façon claire et compacte, presque émaillée. Cela fait un effet bœuf, et quand on regarde un tableau du Bronzino, on est transporté, on a envie de manger du pain d'épice — et on oublie pour un instant qu'on est un « être-pour-la-mort ».
C'est toujours avec un sentiment de répulsion que le monstre bipède signe « monstre bipède » au bas d'une lettre ou d'un formulaire. Il aurait préféré s'appeler Roudnev ou Bougaïev. Parce que « monstre bipède »... à tous les coups, on va le prendre pour un boulanger allemand !
La vie est d'un ennui qui suffirait à terrasser un hippopotame, mais en plus — il faut le voir pour le croire —, on y trouve des moutons en pagaille. On se croirait dans Nans le berger.
Pour le gars qui est niais, ce n'est pas drôle : il se fait manipuler, dépouiller par le moindre escroc, et au final se retrouve en slip — ou à poil de Nicosie s'il est chypriote. On peut rêver mieux, comme destin.
Le Corrège, dit-on, fut le disciple du Mantègne. Mais le Mantègne ? De qui fut-il le disciple ? Tout de même pas de Paul Ucello ? Non, c'est peu plausible, Paul Ucello était un fanatique de la perspective, tandis que le Mantègne... Peut-être du Pontormo, alors ?
Une projection de gravillons métaphysiques, le passage sur un nid-de-poule existentiel : deux circonstances qui peuvent provoquer une « fêlure à la Scott Fitzgerald ». Et là, pas de doute, on est dans de beaux draps : injecter de la résine ne sert à rien, et on est trop abattu pour écrire Tendre est la nuit. Il faut se rendre dans un « centre agréé » et faire remplacer tout le bousin.
Se traîner jour après jour en ne trouvant de sens à rien ; éprouver la camusienne sensation de vivre isolé dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort ; c'est là une expérience amère qui ne ressemble ni à la Louisiane, ni à l'Italie. Il n'y a pas de linge étendu sur la terrasse et ce n'est pas joli.
Cent pages sont nécessaires à Julien Gracq pour nous décrire son amour de Stendhal, alors que nous, un seul mot nous suffit pour exprimer l'antipathie qu'il nous inspire : xéranthème xénotropique (deux mots en fait).
Le drapé du Pérugin laisse à désirer, ses manteaux et ses tuniques sont trop courts, et quant à son style, il a toujours un peu de sécheresse et de crudité. Heureusement qu'il compense ces défauts par la grâce de ses têtes et l'amabilité de son coloris, parce que sinon...