« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
samedi 16 mars 2019
Un moderne Tchitchikov
Cadavre entre les cadavres, je dissimule ma putréfaction dans les plis d'un habit zinzolin moucheté.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Triumph des Pachynihils
Dans l'acte fulgurant du suicidé philosophique, ce qui triomphe, c'est l'envers de l'être, autrement dit le pachynihil. Tout se passe alors comme si la vérité dernière n'appartenait pas à la « vie de tous les jours » ni aux coquetèles mondains, mais au fond nocturne sur lequel cette « vie » et ces coquetèles se déroulent. Quand se taisent l'artifice et la fiction, quand la « réalité empirique » elle-même est dénoncée, quand le Moi ne produit plus ses décrets absolus et ineptes, seule demeure l'obscurité du Rien : un froid mortel se produit.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
vendredi 15 mars 2019
Méthode nihilique
Dans son Traité de la vérité du Rien, le théologien genevois Jean-Alphonse Turrettini indique les précautions nécessaires pour parvenir sans risque d'erreur à la conclusion que rien n'est. Ces précautions consistent à se défier de la spéculation et à rester au plus près de l'observable : « ... Si nous n'affirmons rien avec précipitation, avec témérité, si nous retenons notre adhésion jusqu'au moment où celle-ci nous est arrachée par l'évidence même de la vacuité des choses, si enfin nous n'affirmons rien que ce qu'il nous est impossible de ne pas affirmer (règle très certaine pour la recherche de la vérité), il n'y aura nul risque d'erreur : nous pourrons conclure avec une entière certitude que rien n'est. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Un « mégacéros de facto »
Le mégacéros était un grand ruminant du quaternaire, de la famille des cervidés, aux bois immenses (jusqu'à trois mètres d'envergure).
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
La lumière aveuglante du suicide
Quand, sur le coup de deux heures, l'homme du nihil referme son Plutarque pour contempler la surface moirée de l'étang de Soustons, il a le sentiment de voir s'y étaler les couleurs pures en lesquelles se décompose la lumière aveuglante du suicide (c'est là tout le contraire de la connaissance confuse qu'on a si souvent relevée chez les héros raciniens).
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
jeudi 14 mars 2019
Métalepse
Pour l'homme du nihil, contempteur exophtalmique de la chose sue, l'être est une simple métalepse du vacuum.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Une conjecture désespérante
Si Gragerfis se trompe, si l'homicide de soi-même n'est pas « le dernier recours d'une liberté rebelle aux déterminismes intolérables imposés du dedans ou surgis du dehors », mais s'explique au contraire par une incapacité du Dasein à maîtriser ses affects — ce qui revient à y voir un geste dans lequel justement s'appesantit le déterminisme —, alors la situation de l'étant existant est véritablement désespérée ; alors... il ne reste plus qu'à se pendre.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Bec-de-lièvre
Encore plus qu'un sens aigu du ridicule, une mâchoire en forme de bec rend malaisée voire impossible toute action.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
mercredi 13 mars 2019
Sous le soleil de Satan
Certains ont pu dire, en prenant la Grèce à témoin, que le royaume du visible et de la lumière était celui de la mesure et de l'ordre. Mais on peut être atrocement constipé sous un ciel serein et un soleil de plomb ! Où est l'ordre, alors ? Où, la mesure ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Socrate est un homme
Le syllogisme ulcérant de ma propre mortalité me donne la nostalgie d'une indicible rémoulade : je suis un dinosaure cum grano salis.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
L'étrange fascination du Rien
Le pachynihil irrite en nous une attente sans nom. La fascination du Rien nous persuade, pour lui appartenir, de quitter jusqu'au souci de notre vie. Elle nous dépouille par la seule promesse de nous combler ; et si, pour commencer, nous avons pu rêver de dompter le néant, les rôles ont tôt fait de s'inverser : nous voici passifs et paralysés, ayant renoncé à notre volonté propre pour nous laisser habiter par l'impérieux appel du taupicide — et de l'absence.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mardi 12 mars 2019
Tétrodon
Le tétrodon du Nil, qui augmente de volume à volonté, est aussi appelé coffre.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer; Dégoût)
Mort du cruel Dèce
28 février. — En juin 251, Dèce, le cruel Dèce, meurt percé de traits et enfoncé dans les boues d'un marais, en compagnie de son fils aîné Herennius Etruscus.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Ivresse du born again
Chez le constipé qui, grâce au jus de pruneau, a enfin brisé ses chaînes, l'acte défécatoire ne s'épuise pas sur place : il comporte un élan persévérant, une reprise obstinée, comme s'il était animé par l'espoir d'accroître sa découverte ou de reconquérir ce qui est en train de lui échapper.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Grouillement insectoïde
Sur le sol où grouille l'arthropode, dans la poussière antique des momies, la hideur le dispute à la férocité. Qui de l'yponomeute ou du puceron lanigère, du bostryche qui vit dans le bois mort ou de l'anodin criocère à la carapace bariolée l'emporte en infamie ?
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Virgilomancie
26 février. — Au dire de Spartien, l'empereur Hadrien augurait quelquefois de l'avenir par le premier vers qu'il rencontrait à l'ouverture des poésies de Virgile.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
lundi 11 mars 2019
Puissance oppressive du fécal
Dans son Journal d'un cénobite mondain, Gragerfis, parlant de l'excrément, dit que la figure hostile du « Suisse » est peut-être née de l'interprétation que nous faisons de nos états d'impuissance. Mais il évoque aussi une autre hypothèse : la figure du « cas », dit-il, pourrait être formée par notre désir pervers de nous livrer à plus fort que nous, de nous remettre à une force étrangère, fût-elle maléfique, et de précipiter notre perte en laissant advenir le pire.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Péripate
Petit animal mou des forêts vierges d'Asie, aux mœurs nocturnes, qui capture ses proies en les engluant, intéressant par son aspect intermédiaire entre une annélide et un arthropode, le péripate ressent un plaisir suspect à manipuler, à toucher, à sentir les produits excrémenteux. Les péripates forment une classe, heureusement très peu nombreuse.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Aux frontières du possible
24 février. — Polybe raconte encore qu'il naît dans les Alpes un animal d'une forme singulière ; il ressemble à un cerf, si ce n'est que par le cou et le poil il tient du sanglier. Il porte sous le menton une caroncule de la forme d'un cône, velue à son extrémité, longue à peu près d'un empan et aussi grosse que la queue d'un cheval.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
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