lundi 25 juin 2018

Intentionnalité husserlienne


« M. G..., qui depuis plusieurs mois présente les symptômes d'une démence paralytique primitive, sans autre perversion intellectuelle qu'un optimisme général, peu accusé d'ailleurs, entre dans une période plus aiguë de sa maladie.

Il devient d'abord inquiet, mobile, et mange mal ; puis il est dans une terreur constante, se met à genoux en faisant le signe de la croix, repousse les aliments ; les idées hypochondriaques les plus bizarres passent dans son esprit.

Entre autres choses, il nous dit un matin, pendant que nous cherchons à le rassurer, que selon Husserl, toute conscience est conscience de quelque chose, que pour le même Husserl, il s'agit de penser le "vécu de conscience" comme une intention (c'est-à-dire la visée d'un objet qui demeure transcendant à la conscience), qu'on doit distinguer l'intentionnalité transversale, dans laquelle se constitue "l'objet temporel", de l'intentionnalité longitudinale dans laquelle la conscience rétentionnelle est consciente de sa propre durée, mais que tout cela n'empêche pas qu'on va le faire mourir en lui coupant le cou, afin de s'emparer de ses vertèbres qui sont tout d'or. » (Achille Foville, Étude clinique de la folie, avec prédominance du délire des grandeurs, Paris, J.-B. Baillière, 1871)


(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

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