mardi 6 novembre 2018

Hospitalisation du Moi


Le 8 mars 1861, le Moi entre à l'Hôtel-Dieu de Rouen, salle 19, lit n° 2 (service de M. Lendet). Il ne se rappelle aucune maladie grave antérieure mais porte des traces de variole. Il y a neuf mois, étant à Paris, il sentit tout à coup ses jambes plus faibles. À la maison centrale de Bonne-Nouvelle, où il fut ensuite détenu, il eut des tiraillements d'épaule ; en serrant les chaussons qu'il fabriquait, il ressentait parfois des douleurs assez vives. Il y a dix jours, il s'est mis à éprouver des douleurs affreuses dans le bas des reins, spécialement dans la région splénique. Il avait un fort échauffement et criait en allant à la selle. On voulut le faire marcher, mais il jeta des cris et n'y put parvenir. Depuis son entrée à l'hôpital, l'état général ne s'est pas sensiblement modifié ; il a eu seulement la diarrhée, mais elle l'a quitté. Il a eu aussi des étourdissements qui le prenaient même dans son lit. Il n'a pas d'appétit et refuse de lire les idéalistes allemands.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

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