dimanche 5 octobre 2025

Berouette

 

« Car je ne tends qu'à connaître mon néant », écrit Blaise Pascal (pensée 372). Le même Blaise Pascal que certains considèrent comme l'inventeur de la « berouette » ! Comment un homme qui ne tend qu'à connaître son néant aurait-il pu inventer un engin aussi agressivement pratique que la « berouette » ? C'est impossible, voyons !
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Ces exécrables bien-portants


Les gens qui vous disent qu'ils n'ont jamais été malades de leur vie, on prend sur soi, on ne les gifle pas, mais la conversation s'arrête là.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

samedi 4 octobre 2025

On-dit ?

 

Il paraît que quand le brouillard s'insinue dans une forêt, chaque arbre semble une prière figée. Mais c'est peut-être un « on-dit ».
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Salop de temps

 

D'après Nonnos de Panopolis, le dieu Chronos naquit du néant, ce qui aurait dû lui donner une certaine débonnaireté. Mais tu parles ! Le temps est le pire des salops !
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Incompréhensible

 

Plus on les observe, plus on se convainc que les humains sont tous incurablement malheureux. Alors ? Pourquoi ne se tuent-ils pas ? Est-ce qu'ils essaient de prouver quelque chose ? Mais quoi ?
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Ratage universel

 

On se console d'être un raté quand on songe que ceux qui ne le sont pas... le sont tout autant — et ne le savent même pas.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

vendredi 3 octobre 2025

Aux heureux

 

N'ayant pas d'histoire, les gens heureux n'ont rien à dire, et nous n'avons rien à leur dire non plus — si ce n'est ce simple mot : pots de pisse (trois mots en fait).
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

À chacun sa nostalgie

 

Si on était roumain, on penserait sans doute à ces journées dans les Carpates où, dans un silence irréel, on écoute le frémissement de l'herbe sous une brise imperceptible. Mais loin d'être roumain, on est de Bezons !
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Écœurante banalité de la mort

 

Le non-conformiste se résigne plus difficilement que les autres à mourir, car il trouve toute cette affaire un peu trop convenue.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Hécatombe

 

En 1910, le philosophe Henri Bergson s'aperçoit qu'il ne peut pas en même temps se curer les doigts de pied à Poughkeepsie et jouer au billard avec Edmond Husserl. Il définit alors l'action « une hécatombe de possibles ». Mais en réalité, ce n'est pas l'action, c'est l'être qu'il aurait dû dire. Car on extermine aussi une infinité de possibles en restant allongé dans son lit ou assis sur une chaise de jardin.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

jeudi 2 octobre 2025

Lacune sans conséquence

 

On peut être imbattable en fait de dégoût, pourtant ne pas connaître tous les insectes.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Vivre fatigue

 

Au début, on essaie de vivre, simplement pour ne pas se faire remarquer. Mais c'est tout de suite fatigant et on laisse tomber.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Impudence du monstre bipède

 

Non seulement le monstre bipède veut être, mais en plus, comble d'impudence, il veut « être quelqu'un » !
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Peupliers

 

Le réel, comment s'y sentir dans son élément ? Les choses... L'omniprésence menaçante des « étants »... Pourtant, nous aimons les peupliers — et plus généralement, tout ce qui vient sans soin et sans culture, et se plaît sur le bord des rivières et des ruisseaux.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

mercredi 1 octobre 2025

Un faux dur

 

Le négateur Émile Cioran est ce qu'on appelle un « faux dur » : il se propose sans cesse d'étrangler, d'exterminer, de décapiter, mais au final il ne fait rien. Il se lamente et il fulmine, mais à part ça : rien.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Refroidissement existentiel

 

Vers la fin de sa vie, les rapports de Heidegger avec l'être s'étaient à ce point refroidis qu'ils ne se saluaient même plus. 
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Une banale histoire

 

« Nul plus que moi n'a aimé la vie. Pourtant, elle ne m'a apporté que des déboires, et a fini par me tromper avec un garagiste de La Bourboule. »
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Ku no shaba

 

Oui, souffrance que ce monde-ci. Malgré toutes les « mijoles » et les « biberons Robert » dont il est saturé.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

mardi 30 septembre 2025

Vie devant soi

 

Il n'est rien de plus angoissant que d'avoir la vie devant soi. À tant faire que de l'avoir quelque part, il vaut mieux que ce soit derrière soi. On se fait moins de mouron.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Doute ultime

 

Et si le pachynihil était une coquecigrue ? Si la pensée que « rien n'est » résultait d'un désordre dans les synapses, les dendrites, les axones ou le péricaryon ? La plus grande illusion est peut-être que tout est illusion ! Oh là là ! Monsieur Pipo ! Faites que ce ne soit pas ça !
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Belle mort

 

Mourir en lisant Qui je fus, foudroyé par l'optimisme de Michaux.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Le Rien par tous les temps

 

Les convictions du négateur Émile Cioran n'étaient pas à la merci de l'humide et du sec. Il portait une grosse casquette qui lui tenait chaud à la tête, et cela lui permettait d'être négatif en toute saison.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

lundi 29 septembre 2025

Inimaginable

 

Imagine-t-on un seul instant la question de la réalité du réel mise en examen ? Par Kant, Hegel ou tout autre philosophe ? Non. Bien sûr que non.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Paradoxe des chaussettes

 

Avoir, comme le poëte polonais Czesław Miłosz, un sentiment très vif de la précarité de l'existence, et cependant enfiler ses chaussettes chaque matin ! Comment expliquer un tel paradoxe ? Par la proverbiale force de l'habitude ? Par la peur d'avoir froid aux « nougats » ?
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Pères cappadociens

 

Quand on est de Bezons, il ne faut pas espérer rejoindre Grégoire de Naziance, Basile de Césarée et Grégoire de Nysse dans le petit groupe des Pères cappadociens. L'obstacle majeur, c'est que Bezons n'est pas en Cappadoce mais dans le Val-d'Oise.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Navet de deux livres

 

En Chine, un jeune disciple demande à un vieux moine camusien : « Qu'est-ce que la réalité empirique ? » Et le maître de répondre : « La réalité empirique est un navet de deux livres acheté au marché de Chaozhou. » La leçon à retenir est celle-ci : le monde est absurde, mais vous, en plus, vous êtes con.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

dimanche 28 septembre 2025

Vaine agitation du Dasein

 

La prière orthodoxe qu'on récite aux enterrements est véridique : c'est en vain que s'agite l'homme. Il ferait mieux de se dissoudre dans « les frimas languissants d'une routine en forme de gluon ».
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Pitié pour le monstre bipède

 

Bien qu'il soit assez odieux, on ne peut s'empêcher d'avoir pour le monstre bipède une certaine compassion. On serait même prêt à faire le don de sa personne pour atténuer son malheur, mais on ne sait pas à qui ou à quoi.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Titre d'honneur

 

S'il n'est pas réconfortant, il est en tout cas flatteur de penser que l'on mourra sans avoir jamais, en aucune occasion, prononcé le vocable gabardine.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)