« Avez-vous lu le Lunaire sentimental de Lugones ?
— Non, je ne lis pas de poésie argentine.
— Pourquoi ?
— Parce que je ne crois pas à son existence. Je suis nihilique, vous avez oublié ?
— Ah. C'est donc ça. Mais Lugones s'est suicidé, vous devriez être content ?
— Oui, on dit qu'à un moment donné, il a senti au plus profond de lui que
la réalité n'est pas verbale, qu'elle peut être incommunicable et
atroce, et qu'il s'en est allé, taciturne et seul, chercher la mort dans
le crépuscule d'une île. Mais quand même. La poésie argentine, pour
tout vous dire, ça me fait caguer.
— Dans ce cas... Je n'insiste pas. Allez, hasta la vista, hein !
— C'est ça. »
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)