jeudi 13 mars 2025

Scootérisme littéraire

 

Sur son deux-roues, prendre la direction de Vence pour rendre visite à Witold Gombrowicz. S'il est d'accord et s'il nous reste de l'essence, lui consacrer un Cahier de l'Herne.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Assez de pétaux

 

Les écrivains japonais font trop « jore ». Ils veulent à tout prix faire savoir au vulgum pecus qu'ils sont japonais. Ils farcissent leurs ouvrages de cerisiers dont les fleurs perdent leurs pétaux. Au bout d'un moment, cela fatigue et l'on aimerait que ces auteurs parlent de choses normales (non japonaises, sans cerisiers ni pétaux).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Mélèze (dans la civilisation)

 

En 1966, au séminaire du Thor, Heidegger demande à Jean Beaufret ce que c'est que le mélèze. « Le mélèze ? Le mélèze est un résineux. Un conifère. Mais attention : à feuilles caduques. » Heidegger, comme frappé par un coup de tonnerre conceptuel, en déduit que le mélèze est une chose (ein Ding). Une chose ! Le mélèze !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Riding the Grévy train

 

Dans les années 1880, de quelqu'un qui gagnait de l'argent sans se fatiguer, on disait qu'il voyageait dans le même train que le président Jules Grévy.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mercredi 12 mars 2025

Langue analytique de Wilkins

 

Dans son ouvrage An Essay towards a Real Character and a Philosophical Language paru en 1668, John Wilkins tente de définir une langue universelle qui puisse « organiser et embrasser toutes les pensées humaines ». Il divise l'univers en six catégories ou genres et assigne à chaque genre une syllabe de deux lettres. Les genres qu'il retient sont : le vrai, le faux, le laid, le beau, le dur et — c'est à peine croyable — le mou qui a un grand cou.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Flatulences littéraires

 

Ces écrivains... Chez Amin, ça loufe, et chez Nathalie, ça rôte. Gaz partout, talent nulle part.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Preuve du libre arbitre

 

On a ironisé sur les philosophes qui, tel Bossuet, ont cru prouver la liberté en attestant que leur sœur était capable de mouvoir sa main vers la droite ou vers la gauche dans la culotte du zouave du pont de l'Alma. Mais ces philosophes n'avaient peut-être pas tort !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Lundi matin


Une personne férue de préhistoire et de physique atomique n'imaginera pas sans émotion André Leroi-Gourhan et Louis Leprince-Ringuet venir chez elle un lundi matin pour lui serrer la pince. Pouvoir discuter d'art pariétal et de gluons ! Avec deux spécialistes ! Un lundi matin !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mardi 11 mars 2025

Crainte infondée du président Grévy

 

Chaque fois que le président Grévy se rendait en Grande-Bretagne, il avait peur que les autochtones ne profitent de sa débonnaireté pour l'incorporer à un ragoût ou à de la purée de pommes de terre. Mais cela n'arriva jamais et il put toujours regagner la France sain et sauf.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Une mélancolique désintégration

 

Proche cousin du gluon, le pion joue un rôle important dans la cohésion du noyau atomique. Les pions chargés, en se désintégrant, produisent des muons. Cela inspire au voyageur des sentiments mélancoliques, et même de l'horreur.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Sensationnel

 

Quel choc ne recevons-nous pas lorsque nous apprenons que Menéndez y Pelayo sont en réalité une seule et même personne ! Les auteurs de l'admirable Histoire de la poésie hispano-américaine ! C'est à ne pas croire !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Des moxas pour Bartleby

 

Le Bartleby de Melville présente des symptômes qui s'apparentent à ceux d'une maladie de type viral : fatigue extrême, fièvre, gêne respiratoire, courbatures, céphalées. Si on lui appliquait d'énergiques moxas, peut-être reprendrait-il du poil de la bête ? Peut-être arrêterait-il de dire qu'il préfère ne pas ?
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

lundi 10 mars 2025

Multiplication du peintre Dix

 

Revenu de l'enfer des tranchées, le peintre Otto Dix dut se multiplier. Il y avait tant de tableaux à faire sur les horreurs de la guerre !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Radinisme de Kant

 

Traudel Schmidt, la maîtresse de Kant, raffolait des choses en soie — bas, jupons, (albert) caracos, nuisettes, etc. — mais il ne lui en offrait pas souvent car il était d'une pingrerie à faire peur.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Immobilisme de l'homme noir

 

Si quelqu'un est entré dans l'histoire, ce n'est en tout cas pas l'homme noir. Dans la pièce de Xavier Forneret, il reste toujours à la lisière de l'action. On dirait que son idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, qu'il ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Pragmatisme


Le philosophe américain Charles Sanders Peirce était un type pragmatique. Il avait toujours une « clé de douze » dans sa poche. Il attaquait les questions métaphysiques frontalement, mais dès qu'il rencontrait une résistance, il faisait le tour et que je te dévisse ça avec ma clé de douze.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

dimanche 9 mars 2025

Un agité

 

Le poëte Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz soutenait que l'homme est fait de mouvement. Il en voulait pour preuve que le sang est en activité perpétuelle. Le mouvement était pour lui « la manifestation simultanée de l'espace-temps-matière ». Le gars Oscar était un agité, il courait toujours à droite et à gauche et il croyait que tout le monde était comme lui. Mais loin de là ! Il y en a qui aiment l'immobilité.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Multiplication du cardinal Vingt-Trois

 

Arrivé à Sète, le cardinal André Vingt-Trois dut se multiplier. Il y avait tant à faire ! Tant d'âmes à sauver ! Parmi ces Sétois !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Course de généalogistes (de la morale)

 

Au guidon de son soldo, enivré par la vitesse, Paul Rée oubliait les sentiments moraux et leur généalogie. Il n'avait qu'une idée en tête : il devait battre Nietzsche s'il voulait conquérir l'envoûtante Lou. Il poussait son soldo au maximum, au risque d'endommager le moteur. Hue, cocotte !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Pas de rabe pour Alphonse

 

Alphonse Rabbe n'en demanda pas puisqu'il se suicida. Il était pessimiste et mal fichu, alors ça peut se comprendre.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

samedi 8 mars 2025

Un imposteur

 

Marcel Bénabou n'est pas un véritable écrivain puisqu'il n'a écrit aucun de ses livres. Et il l'avoue, le scélérat ! Et il se justifie avec des arguments à la noix ! Sur deux cents pages !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Pas Gide

 

Quelqu'un qui vous prend pour Gide, il faut tout de suite lui dire : « Je ne suis pas Gide, moi ! Je ne converse pas avec Claudel, moi ! Je ne rencontre pas d'Annunzio, moi ! Je ne veux pas qu'on me martyrise avec des couteaux empoisonnés, moi ! » — Parce que si vous ne dites rien, c'est sûr, le quidam va vous « proposer une turpitude ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Vent froid

 

Le nouvelliste uruguayen Horacio Quiroga trouvait qu'un vent froid soufflait du côté du fleuve, mais il ne savait pas comment le dire pour que ça « fasse écrivain ». Il n'arrivait pas à trouver mieux que « un vent froid souffle du côté du fleuve ». Finalement, il avala une pilule de cyanure et la question fut réglée.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Heidegger enfoncé

 

Le jugement le plus profond sur l'existence, ce n'est ni Kierkegaard ni Heidegger qui l'a prononcé mais Palivec, le patron de la brasserie Au Calice : « Autant vaut la merde. »
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

vendredi 7 mars 2025

Fuite de James Joyce par la fenêtre

 

Si Ulysse est le plus grand livre de la littérature, alors nous sommes perdus. Quant à Joyce... le gredin se sera enfui par la fenêtre ! Par ici, mon vieux Milou !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Nocivité de Butor

 

Les écrits de Butor n'ont pas la toxicité de l'inocybe de Patouillard, leur vénénosité rappellerait plutôt celle de l'entolome livide. Comme ce dernier, ils sont responsables d'un ensemble de symptômes appelé « syndrome résinoïdien sévère » qui associe une gastro-entérite et une atteinte du foie. On lit La Modification, et aussitôt ça commence : urine foncée, vomissements persistants, selles sanguinolentes... Le « Nouveau roman », ah, mes amis !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Maldonne

 

On a envie de crier qu'il y a maldonne, qu'on n'est pas un « vieux jeton », qu'on est un jouvenceau qu'une terrible fatalité a emprisonné dans une enveloppe de « vieux jeton », mais on ne le fait pas car on connaît trop l'autrui lévinassien : il ne va jamais nous croire, cet abruti.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Peuzeule

 

Parmi les choses qu'il nous faut supporter, il y a les gens qui disent peuzeule. La vie est riche en vexations de toutes sortes.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

jeudi 6 mars 2025

Toxicité des nouveaux romanciers

 

On lit du Robbe-Grillet ou du Nathalie Sarraute, et voilà-t-il pas qu'on est affecté des mêmes symptômes que si l'on avait mangé un inocybe de Patouillard : transpiration abondante, vomissements, diarrhée, salivation... Il faut procéder à une injection d'atropine dans les plus brefs délais, sinon on va y passer !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)