samedi 31 décembre 2022

Quitter Bezons

 

Quand on est de Bezons et qu'on veut sortir de Bezons, il n'y a pas d'autre solution que de voyager, c'est-à-dire de transporter ses organes hors de Bezons. Mais il faut d'abord les rassembler et ce n'est pas une mince affaire !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Métaplaque métallique

 

Le poëte Ghérasim Luca a fait jore que s'il se suicidait, c'était « parce qu'il n'y a plus de place pour les poëtes dans ce monde » (cf. sa lettre d'adieu), mais si ça se trouve, c'est juste que sa gow l'avait largué. Comme même ! Du coup ! Il s'est jeté dans la Seine, du coup.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 30 décembre 2022

Un gouailleur

 

« Tu as de la gouaille, toi ?
— Oui, j'ai de la gouaille.
All right. Tu es engagé. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Anthropopithèques

 

Les vieux sont tellement affreux et les jeunes sont tellement bêtes qu'ils devraient, s'ils avaient un peu de décence, se cacher dans un trou de souris. Quant aux gens « entre deux âges », ce sont les pires, ils cumulent la bêtise et l'affreuseté et mériteraient le supplice du pal.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Participation au monde

 

Héraclite affirme que « ceux qui dorment agissent et participent à ce qui se produit dans le monde ». Si c'est vrai, ce n'est pas gai. Car alors, quel moyen reste-t-il à celui qui ne veut avoir aucune part dans « tout ça » — sinon l'homicide de soi-même ? Et encore... Peut-être que les morts, eux aussi... ?

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Empaillé !

 

Même un naturaliste hors pair aura du mal à s'empailler soi-même. C'est pourtant ce que parvint à faire le « penseur paradoxal » Frédéric Nietzsche (avec pas mal de difficultés, il est vrai, et il avait encore de la bourre qui lui ressortait des oreilles).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 29 décembre 2022

Ressemblances

 

Le poëte Baudelaire trouvait dans l'acte d'amour une ressemblance avec la torture ou avec l'excision d'un panaris, « plus qu'avec une tête de chien couché, en tout cas ».

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Complétude de la théorie du Rien

 

Gödel ment. Tout énoncé est décidable. Il suffit d'y mettre un peu du sien, de faire preuve d'un peu de « volontarisme ». Et contrairement à ce qu'il prétend, il existe bien une théorie cohérente en mesure de démontrer sa propre cohérence : celle du Rien.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 28 décembre 2022

Mots risqués

 

Il est prudent de ne pas trop répéter le vocable diplodocus. Après quelques proférations, on se sent glisser sur la pente qui mène à l'aliénation mentale. Il y a des mots comme ça, des mots un peu risqués. Aussi : anthropos (voir Tchekhov).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Boulisme impossible

 

Il vaudrait mieux ne pas connaître le monstre bipède. Car quand on le connaît, on est dégoûté à jamais de toute participation à une vie collective. On ne peut même plus jouer aux boules (sauf dérogation).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Anyone there ?

 

Croire à l'existence des autres est un pari audacieux. Le nihilique n'y risquerait pas son dernier billet de mille. Pourtant... Cette bourrelle... Ce garagiste de La Bourboule... Le mal n'est tout de même pas une illusion ! — Ou bien ?
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 27 décembre 2022

Arnaque aux bouchons

 

Le seul et unique fabricant de bouchons de bouteilles de vin, c'est Dieu (s'il existe). Tous les autres sont des imposteurs.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Assez de salamalecs !

 

Le poëte Lessing dit vrai : il nous reste à singer, en mourant, le petit babouin. En « dévissant son billard », le petit babouin nous a montré la voie. Alors assez de salamalecs ! Ou comme dirait l'autre : « Assez de mots. Un acte ! »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Mouettes

 

Les femmes sont d'un susceptible... On ne peut même pas leur dire qu'elles sont Nina, qu'Untel est Trigorine et que tel autre est Treplev, elles sont piquées au vif et ne pipent plus un mot.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Question indécidable

 

Le logicien Kurt Gödel possédait dans son jardin, à Princeton, un flamant rose en ciment « d'un kitsch achevé » (Gragerfis) dont il était très fier. Il pensait en outre que son réfrigérateur produisait des émanations toxiques, appréciait beaucoup le dessin animé Blanche-Neige, et craignait constamment d'être empoisonné. Tout cela fait-il de lui un nihilique ? La question est indécidable.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 26 décembre 2022

Combat contre le Biscayen et la mégère difforme

 

« Regarde, ami Sancho ; voilà devant nous une mégère difforme au faciès d'hippopotame et un garagiste de La Bourboule, auxquels je pense livrer bataille et ôter la vie avant qu'ils n'aient eu le temps de dire ouf. Car c'est grandement servir Dieu que de faire disparaître si mauvaise engeance de la face de la terre. Tu vas voir comme ils vont jeter le sang par le nez, par la bouche et par les oreilles. Ils ne connaissent pas Raoul, les salops ! Allez, hue, Rossinante ! »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Incipit sans suite

 

« Dans un village de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom1, des habitants sont vent debout contre un projet de poulailler. Ils dénoncent le risque d'une moins-value immobilière et s'inquiètent de possibles nuisances olfactives. Le porteur du projet et les élus tentent de les rassurer. »

1. Il s'agit de Domjean, au sud de Saint-Lô. (NdE)

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Réponse d'Allemand

 

Quand Bildad demande à Job comment il va yau de poêle, le « torturé » — comme l'appelle Kierkegaard — ne semble pas saisir la plaisanterie et répond : « Si du moins le fléau donnait soudain la mort !... Mais il se rit des épreuves de l'innocent. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 25 décembre 2022

Réminiscence de Pavese

 

Aura-t-elle tes yeux quand elle viendra, on ne sait pas, mais pour l'instant la mort ne vient pas, et ce qui est certain, c'est que le temps est long dans ces conditions. Alors on le meuble d'agissements qui peuvent à première vue paraître raisonnables, et s'ils ne le sont pas, du moins en avons-nous l'habitude.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Existence phonématique

 

La vie n'est pas un chemin pavé de roses, mais puisqu'on est là, il faut essayer d'en tirer le meilleur parti. Comment ? Par exemple en se gorgeant de phonèmes (ba, be, bi, bo, bu) — mais ce n'est qu'un exemple.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 24 décembre 2022

Texas Hold'em

 

Nihilique ! Dans cette partie de poker menteur qu'est la vie, you might as well fold, because you don't stand a Chinaman's chance

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Nevermore

 

Quoique ennuyeuse et pénible, la vie serait encore supportable si tout pouvait se réparer. Mais va te faire fiche : les cheveux ne repoussent pas, non plus que ne ressuscitent les êtres tendrement aimés (perroquet, gerbille de Mongolie) qu'un sort funeste a enlevés trop tôt à notre affection. Et ce n'est pas tout : le temps, ce salop, a ceci de désespérant qu'il est irréversible. — Si tout ça ne ressemble pas à l'invention d'un sadiste...

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Nuage

 

Hamlet : Do you see yonder cloud that’s almost in shape of a camel ?
Polonius : By the mass, and ‘tis like a camel, indeed.
Hamlet : Methinks it is like a weasel.
Polonius : It is backed like a weasel.
Hamlet : Or like a whale ?
Polonius : Very like a whale.
Hamlet : Or like... [he switches to French] une tête de chien couché ?
Polonius : Ça alors ! Mais oui ! C'est tout à fait une tête de chien couché ! Que je sois damné !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Dulcinée

 

La mort, c'est Dulcinée du Toboso : une maritorne hirsute que seul un esprit dérangé — un esprit « nihilique » — peut se représenter belle et distinguée.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 23 décembre 2022

Un si sanglant ulcère

 

Dans certaine pièce de Tchekhov, le jeune dramaturge Constantin Treplev se tue à cause d'une bourrelle qui en est arrivée on ne sait comment à se prendre pour une mouette. Non, il n'y a pas à dire, la vie, c'est vraiment quelque chose.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 22 décembre 2022

Horreur toponymique

 

Viry-Châtillon. Châtenay-Malabry. Chilly-Mazarin. Le Perreux. Ça suffit ! Assez de noms de ville grotesques ! Le « Perreux » ! Je t'en foutrai du « perreux », moi, tuouaouar !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 21 décembre 2022

Vivre qu'ils disent

 

La vie est quelque chose de tellement bête, de tellement absurde et de tellement répugnant qu'il faut puiser dans ses dernières réserves d'ironie pour ne serait-ce que sortir de son lit (et ne parlons pas d'une tête de chien couché).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Pensée comme ça

 

On croise un quidam dans la rue et l'on se demande : « Est-il possible que ce quidam présente de l'intérêt pour quelqu'un ? Et même — disons le mot soit aimé par quelqu'un ? » Et l'on se répond : « Oui, c'est possible. Tant les gens sont bizarres. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Dystopie

 

C'est triste à dire, et surtout à imaginer, mais si Anton Tchekhov, au lieu de naître à Taganrog (Russie), était né à Bezons (Val-d'Oise) ou à Chilly-Mazarin (Essonne), il n'aurait sans doute jamais écrit ce chef-d'œuvre immortel qu'est La Dame au petit chien.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 20 décembre 2022

Dangers du contrepoint

 

On court un grand risque, quand on se proclame le contrapuntiste du convulsif et du suave : le risque de passer pour un bredin. Prenez le peintre Van Gogh. Prenez le poëte Antonin Artaud dit le Mômo. Mais il y en a d'autres. — Il y en a bien d'autres...

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Brûlure existentielle

 

Plus longtemps on reste assis sur un poêle chauffé à blanc, plus on a mal au fondement de l'historialité du Dasein. Ceci, à propos des rapports du temps et de la douleur.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Rhizome

 

La femme est semblable à un rhizome qui végète sous terre, se dessèche presque, mais porte bon an mal an ses pousses vertes et ses fleurs (sauf que dans son cas ce ne sont ni des pousses vertes ni des fleurs mais bien plutôt d'infâmes vilenies).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 19 décembre 2022

Couchon

 

Depuis l'époque de l'ineffable homme des cavernes, les philosophes, les scientifiques, les écrivains, les « artistes », se sont efforcés de comprendre ce que c'est que l'être. Mais tout ce qu'ils ont réussi à faire, c'est embrouiller la question au point qu'un couchon n'y retrouverait pas ses petits.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Existence de la solitude

 

« Ça n'existe pas ? La solitude ? Comment ça, ça n'existe pas ? Pauvre con ! »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Intermède publicitaire

 

Si l'être vous fait suer, essayez le néant. C'est une solution JEUNE.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Récalcitrance de Crevel

 

« Malgré les exhortations de ses amis — au nombre desquels le peintre Salvador Dali —, Crevel n'était pas pressé de renaître. Le réel lui en avait trop fait voir. Il ne pouvait plus souffrir tout ce sacré bizeness (l'existence et tout ce qui s'ensuit). » (Ludovic Bourdin, Vie et mort de René Crevel, José Corti, Paris, 1965)

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 18 décembre 2022

Psaume 91

 

L'abri du Très-Haut est sans doute apaisant, mais le mieux, pour ne pas craindre les terreurs de la nuit, la flèche qui vole au grand jour, la peste qui rôde dans le noir et le fléau qui frappe à midi, c'est encore d'être « décédé ».

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Artichaut humain

 

Vous rencontrez quelqu'un, et comme de juste, vous avez l'impression d'avoir devant les yeux un artichaut. Alors vous enlevez les feuilles l'une après l'autre pour voir ce qui se cache derrière mais vous arrivez bientôt à la dernière feuille et vous tombez sur... le Rien ! Le néant ! Ça alors !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 17 décembre 2022

Contre Proust

 

Les fastidieux développements proustiens sur le « temps perdu » et le « temps retrouvé » ont tout des divagations d'un maniaque. Cette madeleine ! Ce dallage inégal ! Qui peut croire à de telles billevesées ? Et puis, toute cette histoire traîne en longueur. L'intrigue aurait gagné à être resserrée. Deux mille quatre cents pages ! Sommes-nous des bêtes pour être traités ainsi ? Si vous nous piquez, est-ce que nous ne saignons pas ? Si vous nous chatouillez, est-ce que nous ne rions pas ? Allons !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Exagération salomonienne

 

Dans le Livre de la Sagesse, Salomon dit du pachynihil que « ceux qui sont ses amis goûtent de pures délices » (VIII, 18). Mais n'y a-t-il pas là quelque exagération ?

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Capitons

 

Il n'y a pas que les calcéolaires et la pensée de l'homicide de soi-même qui constituent des capitons de la vie. Il y a aussi certains vocables, au premier rang desquels strapontin.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Activités propitiatoires

 

C'est souvent « en s'occupant de numismatique » que venaient à Rozanov les pensées les plus bizarres (sur la causa formalis d'Aristote, le positivisme comtien, les hésitations d'Abraham, les « demi-talents » de Marie Bashkirtseff, et cætera). Pour le nihilique, c'est un peu différent. La pensée d'ingurgiter du taupicide ou de se pendre avec ses bretelles lui vient ordinairement « en allant chercher les journaux le matin ».

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 16 décembre 2022

Don Carpaccio

 

Dilettante subtil, le nihilique répond aux impudents qui mettent en doute sa capacité à venir à bout de la réalité empirique : « Ne savez-vous pas que je suis Don Carpaccio ? »

(Samuel Slippensohn , Follicules palingénésiques)

Imitation d'Ivan Ilitch

 

On a beau dire, la mort, il y a de quoi avoir le traczir. Si nihilique soit-on, quand on la sent approcher, on a les jetons. Pour échapper au désespoir et provoquer une sorte de transfiguration, il n'y a pas trente-six solutions : il faut se réfugier dans son enfance, comme fit en son temps Ivan Ilitch. On éprouve alors un sentiment d'immense pardon, on se réconcilie avec soi-même, et on retrouve la sérénité. — Du moins s'il faut en croire Tolstoï.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Généalogie des madrépores

 

« Pachynihil ! Matrice des madrépores ! », s'exclame Philothée O'Neddy dans son fastidieux poëme Incantation — voulant sans doute dire par là que du Rien sont nées toutes choses (dont les madrépores).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un geignard

 

Si l'on était sensé, on devrait, par des actions de grâce et des hosannas, célébrer chaque instant où l'on ne souffre pas. Mais sensé, le nihilique ne l'est guère. Au lieu de célébrer, il geint. C'est plus fort que lui. Il faut dire aussi qu'il a toujours un « pet de travers » : l'existence, tout ça...
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 15 décembre 2022

Canards

 

Jouer de la flûte sur sa propre colonne vertébrale est un tour de force que le poëte Vladimir Maïakovski se vantait de pouvoir réaliser, mais auquel il dut renoncer à cause d'une dépression aiguë qui lui faisait faire des « canards » (dégoûté de tout, il soufflait au hasard, sans faire la moindre attention à la mesure ni à la mélodie).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Big sooprize

 

De toutes les choses qui arrivent à l'homme, la plus inattendue n'est pas la vieillesse, comme le croyait Trotski, mais une tête de chien couché.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Fin du barouf

 

Devant le cadavre de son père exposé dans son cercueil, l'écrivain Ernst Jünger se demande ce que signifie le silence inouï qui plane sur les morts. Et il est de fait que le monstre bipède, une fois « décédé », cesse de faire du barouf. Il devient aussi silencieux qu'un lave-vaisselle encastrable. Mieux vaut tard que jamais !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 14 décembre 2022

Confirmation

 

Le héros de Crime et châtiment, Rodion Romanovitch Raskolnikov, considérait ses semblables comme de la vermine. Aussi, quand il rencontra Grégoire Samsa sur le rayonnage d'une bibliothèque, murmura-t-il pour soi-même : « Je le savais. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)