« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 7 octobre 2020
lundi 5 octobre 2020
Lichen
L'idée du Rien a des rapports avec l'hypne prolifère,
mais elle est plus élégante et plus filiciforme. Au surplus, elle
conduit plus souvent que ce végétal — cette « mousse cosmopolite » — à
envisager l'homicide de soi-même comme un remède à l'amertume
d'exister.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 30 septembre 2020
Méchanceté gratuite
Comme
celle de la « réalité empirique », la méchanceté de la femme est
mesquine, froide et, ce qui est plus effroyable encore, gratuite.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 27 septembre 2020
Triste engeance
Chez la femme se trouve toujours un trait de vilenie — comme dans les portraits de Goya (au dire de Théodore Hetzer).
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 9 septembre 2020
lundi 7 septembre 2020
Courroux
La bêtise compacte qui caractérise son
époque fait de l'homme du nihil un être constamment courroucé. Et quand
il rencontre des vocables tels que racisé, intersectionnel ou non-genré,
son courroux dépasserait même, au dire de Gragerfis, celui qui s'empara
de Philippe VI quand il apprit que les Anglais avaient traversé la
Somme !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
samedi 18 juillet 2020
L'illusion du viscère
L'homme qui va de médecin en
médecin car il se sent malade oublie qu'il est lui-même son meilleur
thérapeute — à condition d'avoir compris que rien n'est — et en
particulier l'odieux viscère.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
dimanche 12 juillet 2020
Conseil malvenu
Un jour, alors qu'il promenait son chien, l'homme du
nihil apostropha un « jogger » en ces termes : « Arrête ! Où cours-tu donc — quand le Rien est en toi ? En le cherchant ailleurs, tu le manques à
coup sûr. » — Mais tout ce qu'il récolta fut un regard noir et une « épithète disconvenable ».
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
dimanche 5 juillet 2020
jeudi 2 juillet 2020
Didactisme nihilique
Le mérite de
l'homme du nihil ne tient pas simplement en ce qu'il a placé aux
propylées de son acropole l'effigie grandiose du pachynihil. Par un
procédé toujours identique de scissiparité des images — margouillis
exophtalmique, clafoutis de hasard, zérumbet zététique, etc. — et des
concepts — taupicide, monstre bipède, reginglette, etc. —, il a
réussi à imposer une représentation du Rien centrée essentiellement
autour des notions énergétiques et dynamiques.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
samedi 27 juin 2020
Énergies ignées vs. pachynihil
Un jour que
Gragerfis évoquait devant lui l'importance des « énergies ignées » dans ce
qu'il est convenu d'appeler le « monde moderne », l'homme du nihil lui
répliqua vertement : « Les énergies ignées peuvent bien englober le
monde, le pachynihil le pénètre librement jusqu'en ses rouages les plus
subtils. »
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
vendredi 19 juin 2020
Couteau de Lichtenberg
Un
aphorisme fameux de Lichtenberg mentionne « un couteau sans lame auquel
manque le manche ». Si on l'étudie avec attention, on constate que cette
formule contient un paradoxe, car un couteau ne saurait se composer
d'autre chose que d'une lame et d'un manche. Nous sommes donc en
présence d'une métaphore du pachynihil.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
lundi 15 juin 2020
Circularité du Rien
« Le Rien est rond comme la
roue d'une berouette » écrit l'homme du nihil à André Salmon. Et il
ajoute : « Rien mieux que le cercle ne peut abriter cette polysémie
énergétique qui caractérise le pachynihil. Enfin, n'est-il pas évident
que le Rien forme un tout, à l'instar d'une roue ? D'une part, il
enferme en lui-même, comme une circonférence, tout sans restriction ; il
transcende tout, personne ne peut le fragmenter, ni le compléter.
D'autre part, il tourne sur lui-même, comme une roue, car il opère sans
cesse à l'intérieur de la sphère de sa propre révélation. »
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
vendredi 12 juin 2020
Genèse
« Or le pachynihil vit qu'il y avait, du
côté de l'Aquilon, une place vide et qui ne servait à rien, et il voulut
y installer le siège de sa puissance pour opérer une création plus
abondante que celle de Dieu, sans connaître la volonté qu'avait celui-ci
de créer toutes les autres créatures. Et c'est ainsi que du néant fut
tiré le fameux "autrui" du philosophe Levinas, autrement dit le monstre
bipède. »
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
jeudi 4 juin 2020
Astrologie nihilique
L'une des « idées » de l'homme du nihil vient tout droit des astrologues de l'Antiquité, par le relais de Bède le Vénérable : il s'agit de déterminer la probabilité qu'un individu en arrive — par désespoir ! — à prendre du taupicide, d'après le quantième de son jour de naissance dans le cycle lunaire !
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
jeudi 28 mai 2020
Paradoxe du crocodile
Un crocodile
s'empare d'un bébé et dit à la mère : « Si tu devines ce que je vais
faire, je te rends le bébé, sinon je le dévore. » En supposant que le
reptile soit digne de confiance, que doit dire la mère pour qu'il lui
rende l'enfant ? La réponse usuelle fournie par les individus de
tendance « nihilique » est : « rien n'est ». Le crocodile se trouve alors
dans l'impossibilité de dévorer quoi que ce soit — puisque lui-même n'est pas. Mais une réponse plus subtile est : « reginglette ». Le
saurien, complètement dérouté, perd ses moyens et prend ses jambes à son
cou.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
jeudi 21 mai 2020
Vivant
L'homme se croit « vivant » parce qu'il parle, écrit, crée
des concepts, manie la brouette, charroie des cailloux et fait des
plates-bandes... Mais un tel mode d'existence est larvaire car
terriblement limité. Ce n'est qu'après qu'il a vu le pachynihil que les
énergies transfiguratrices qu'il porte en lui jaillissent et deviennent
opérantes. De nouveaux sens se forment ainsi que des organes subtils.
L'homme retrouve son unité primordiale et s'équilibre dans son corps,
son âme et son esprit. Le voici, grâce à l'idée du Rien, affranchi de la
morsure des événements provenant de la « réalité empirique », qui
auparavant le rendaient comparable à une épave ballottée par les flots.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
mercredi 20 mai 2020
Désert
Le désert est un symbole cher aux nihiliques : il
représente le renoncement (au « fétide et rébarbatif réel ») et la pureté
(du pachynihil). Le sol du désert résulte d'une usure. Ayant perdu en
quelque sorte sa substance, il échappe à toute corruption. Situé à la
cime du dépouillement, il peut être à la fois stérile ou fécond, tout
comme l'idée du Rien.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
lundi 18 mai 2020
dimanche 17 mai 2020
Sanctuaire
Il existe des « lieux saints » où l'on ne peut pénétrer
sans préparation, et qui ne sont accessibles qu'à certaines personnes.
A. J. Festugière cite le cas de Thoas qui, n'osant pénétrer dans
l'adyton du temple de Tauride, appelle Iphigénie de l'extérieur en lui
demandant de s'avancer vers la porte. Le pachynihil est l'un de ces
lieux saints. Pour avoir le droit d'y entrer, il faut d'abord passer
avec succès l'épreuve dite « du taupicide ». Quant à ceux qui échouent, on
leur fait subir — pour leur apprendre à vivre ? — une deuxième
épreuve dite « du lavage d'estomac ».
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
samedi 16 mai 2020
Surdité
Dans son De ædificio Dei, Gerhoch von Reichersberg écrit
que « la structure de l'univers est ordonnée comme il convient » (tota
universatis structura convenienter ornatur). Interrogé à ce sujet par
Georges Charbonnier, l'homme du nihil lui répondit qu'il préférait « entendre ça que d'être sourd ».
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
vendredi 15 mai 2020
Cogito
Son sens aigu du ridicule conduisit très tôt l'homme du nihil à mettre une certaine distance entre lui-même et ses « pensées ».
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
jeudi 14 mai 2020
Comme tout
M. Bouboule : Alors, ça boume ?
L'homme du nihil :
J'expérimente une solitude au sein de laquelle on ne peut plus qu'aller
et venir à l'intérieur de son propre cerveau.
M. Bouboule : Ah ? Ça ne doit pas être drôle.
L'homme du nihil : Non, mais... c'est comme tout.
M. Bouboule : Eh oui... c'est comme tout...
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
mercredi 13 mai 2020
Au théâtre ce soir
La vie de l'homme du nihil n'est pas un mélodrame à la Pixérécourt ; c'est une comédie larmoyante à la Nivelle de la Chaussée.
(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)
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