lundi 9 mai 2022

Autrice, triste était mon âme !

 

Ce que l'homme du nihil reproche aux écrivants contemporains — auteurs et autrices confondus —, ce n'est pas l'immondice de leurs idées (iels n'en ont pas), c'est le lourd badigeon de leur gros style. En comparaison, même l'inapte Zola fait figure d'orfèvre.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Nulle part

 

Le seul endroit qui corresponde exactement à la définition de la Pologne que donne Alfred Jarry, c'est... la mort. Mais oui !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Que faire ?

 

On aimerait savoir comment il faut vivre pour être le moins « malheuleux » possible. — Mais personne ne vous dit rien !
 
(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 8 mai 2022

Protiste tératogène

 

L'abbé Protiste du Voyage au bout de la nuit a quelque chose de tératogène, de sordide et de boueusement mortel (comme les véreuses pensées qui brisent aujourd'hui nos résistances et broient l'effort des justes et des sages).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Contre-révolution

 

Dans sa Critique de la Raison dialectique, le pénible Jean-Paul Sartre accuse le sous-sol de Budapest d'être contre-révolutionnaire parce qu'il ne se prête pas à la construction du métro souhaité par le dirigeant communiste Mátyás Rákosi. Pour l'homme du nihil, c'est la « réalité empirique » tout entière qui est contre-révolutionnaire — ou encore pis : « caguante ». Elle ne le laisse rien faire, ni métro ni foutre ni branle. Elle le brime à chaque instant !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Suferinta inutila

 

Peut-on souffrir autrement qu'en vain et mal à propos ? Notons au passage qu'il n'est nul besoin d'être roumain pour cela (pour douiller inutilement et mal à propos) — même si c'est certainement un « plus ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Taxonomie

 

Les hommes se partagent en deux catégories : ceux qui, leur vie durant, anxieusement, fébrilement, cherchent le sens du vocable reginglette, et ceux qui s'en fichent comme de leur première chemise (et qui souvent n'ont même jamais entendu parler de ce mot).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Coup de massue

 

« Il n'y a pas à tortiller, j'ai véritablement un Moi. Je l'ai aperçu dans une glace à la Samaritaine. Après cela, on n'a plus qu'à se jeter dans un égout. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 7 mai 2022

Règle de sagesse

 

Tous les grands sages, de Siddhartha Gautama à André Comte-Sponville en passant par Pyrrhon et Schopenhauer, ont souligné l'importance de ne compter que sur soi-même et de se contenter de ce qu'on a, même si « ça ne casse pas des briques ». On peut synthétiser leurs réflexions dans la règle suivante : « Ne cherche pas dans les autres ce que tu ne trouves pas en toi-même — fût-ce une “mijole” ou des “biberons Robert”. Il t'en cuirait — et pas qu'un peu, même. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Plus court chemin

 

Puisque — censément — la vie est espoir et la mort est oubli, on peut dire sans exagérer que le taupicide est le plus court chemin pour passer de l'espoir à l'oubli.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 6 mai 2022

Ensorcellement

 

Comme le Mômo, l'homme du nihil a la sensation d'avoir été envoûté. Sinon, comment expliquer que la « réalité empirique » lui donne une telle impression de cauchemar ? Aurait-il été marabouté par quelque Professeur Boubacar ou Diakité ? Et si oui, pourquoi ? 

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Un don fâcheux

 

L'homme du nihil a un flair de pointer pour déceler le bluff en toute chose. C'est pour cela — entre autres — que les personnes du sexe ne le supportent pas. Le bluff est pour elles comme l'eau pour le « poiscaille » : un élément vital et gare à celui qui ose le dénoncer.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 5 mai 2022

Privilège du désespoir

 

L'homme du nihil estime être assez « malheuleux » pour avoir le droit de traiter tout un chacun de « salop » et de « conifère ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Lèse-majesté

 

L'homme du nihil trouve que l'aphoriste roumain Émile Cioran écrit un peu comme quelqu'un qui aurait un révérence parler manche à balai dans le révérence parler trou de balle.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Miroir de l'éternité

 

En ce monde, il n'y a pas plus d'amour que de beurre au prose. Alors arrêtez vos conneries, bon Dieu ! « Tes dents sont comme des perles et tes yeux sont le miroir de l'éternité. » Je t'en foutrai du miroir de l'éternité, moi. Pauvre con ! 

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 4 mai 2022

Réflexion d'un homme ridicule

 

Si la « réalité empirique » était une vieille rombière, usurière de surcroît, l'homme du nihil aurait à son égard des tentations à la Raskolnikov. À vrai dire, il en a, mais il est trop lâche pour les mettre à exécution (et il faudrait se procurer une hache, etc).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 3 mai 2022

Déréliction

 

« Je n'y suis pour personne », disent, dans les films, les hommes d'affaires à leur secrétaire. — « Moi non plus », soupire l'homme du nihil, prenant soudain conscience de l'exorbitante solitude où l'a entraîné sa misanthropie.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Pandémonium

 

Le Moi, l'haeccéité, l'autrui du philosophe Levinas : « monstres dont à regret je cite ici le nom » 1.

1. Racine, Bérénice, acte II, scène 2.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Être ou ne pas être

 

Vivre est une humiliation ininterrompue — à cause de la malédiction d'être « comme ci et comme ça » et d'en avoir conscience à chaque instant. Être « décédé » n'est sans doute pas jojo non plus, mais cela semble a priori moins humiliant (à vérifier).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Vie impossible

 

À ceux qui ont le sentiment — hautement « malaisant » — qu'ils vont clamecer sans même avoir vécu, Gragerfis recommande de lire du Fernando Pessoa ou du Luc Pulflop « histoire de se sentir moins seuls ». Il dit aussi qu'il ne faut pas se tracasser, car quoi qu'on ait fait de sa vie, on meurt toujours sans avoir vécu.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 2 mai 2022

Hommage à Ferdine

 

Le « monstre bipède », là, c'était pas à croire... Lili, moi, Bébert, La Vigue... Tout le monde aux astibloches !... sautez ! rigodon !...

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Éloge du félidé

 

Le chat est tout ce que l'homme n'est pas : digne en toute circonstance ; indomptable ; et il se colle au prose la propagande du gouvernement.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Maudites commissions

 

La vie serait à peu près supportable si l'on n'était pas obligé d'aller faire les commissions de temps en temps (la petite, la grosse et celles pour la bouffetance). On n'aurait plus besoin de sortir de son lit et on pourrait dormir... dormir...

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Centres d'intérêt

 

Les gens qui ont des « centres d'intérêt » sont insupportables. Ils veulent vous obliger à partager leurs marottes alors que l'on dépense déjà toute son énergie à résister à la « réalité empirique » qui cherche par tous les moyens à vous rendre maboule. Aux chiottes, les « centres d'intérêt » ! Du balai !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 1 mai 2022

Une obsession prenante

 

La haine de l'existence peut à elle seule occuper et combler toute une vie.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Assuétude au spleen

 

En 2007, des chercheurs de l'Université de Bordeaux ont montré que la mélancolie possède un pouvoir d'addiction plus élevé que la cocaïne. Dans leurs expériences, des rats avaient le choix entre les œuvres complètes de Leopardi et des doses croissantes de cocaïne. Sur cent rats testés, quatre-vingt-quatorze ont choisi de dévorer les écrits du bossu de Recanati (que certains voient comme un précurseur de l'existentialisme) plutôt que de se « bourrer le pif » pour voir « la vie en beau ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Objectification du nihilique

 

« L'enfer, c'est les autres », a dit le pénible Jean-Paul Sartre. Et de fait, l'infernal croque-mitaine lévinassien — le fameux « autrui » —, par sa manie scrutatrice, transforme l'homme du nihil en une chose, en un vulgaire « objet dans le monde » ! Le salop !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Sirop cérébelleux

 

La vengeance a ceci de commun avec le suicide que c'est l'idée qui en est douce plus que le fait lui-même. — Malgré tout : tremble, bourrelle !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Glaïeuls

 

Toutes les questions importantes (sur le sens de la vie, l'immortalité de l'âme, la temporalité du temps, etc.) sont évidemment des questions sans réponse. Mais les « celles et ceux » qui ne se les posent pas sont des gougnafiers et mériteraient bien d'être traités de « glaïeuls ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)