jeudi 16 août 2018

Fatigue


Le soleil brille, la brise du matin vient caresser notre visage, les petits oiseaux gazouillent dans la campagne ; et pendant un instant, notre pensée qui s'éveille ne se reporte pas sur le lieu où nous sommes — le « fétide et rébarbatif réel » —, ni sur les souffrances qui couvent incessamment dans notre viscère et notre pachyméninge. Mais aussitôt que nous avons conscience de notre position, à la perspective d'une journée supplémentaire d'encellulement dans une haeccéité dont rien ne vient rompre la monotonie, notre cœur se serre, plein de tristesse et de désespoir, et nous cherchons des yeux une corde de violoncelle, une falaise du haut de laquelle nous jeter, ou un petit pan de mur jaune sur quoi nous fracasser.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire