mardi 29 novembre 2022

Bartlebification de l'étant

 

Commettre l'homicide de soi-même n'implique pas nécessairement de faire gicler le sang sur les murs. On peut se suicider « à la papa ». On respire toujours, mais on ne participe plus à « tout ça ». On a rendu son tablier. C'est ce qu'on pourrait appeler la « bartlebification de l'étant existant ». Satisfaction guaranteed or your money back.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Nostalgie du minéral

 

À côté d'un rotond caillou, tout paraît inopportun, mal venu.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Gage de tranquillité

 
Pour échapper aux complications de l'amour et de l'amitié, être une personne déplaisante, c'est encore ce qu'il y a de mieux. Sinon, il y a toujours la solution de puer des pieds (ou de la gueule) — mais ce n'est pas donné à tout le monde.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Poubelles de la littérature

 

Voici Hugo. Tout le monde l'adore parce qu'il a écrit les Misérables, Notre-Dame de Paris et tout un tas de conneries du même acabit. Et voici Antonin Artaud dit le Mômo. Lui a écrit l'Ombilic des limbes et personne ne peut le blairer.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 28 novembre 2022

Portrait craché

 

« Être un homme corrosif, avoir en soi une volonté d'acier, une haine de diamant, une curiosité ardente de la catastrophe, et ne rien brûler, ne rien décapiter, ne rien exterminer ! » — Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas le « Grandiloque des Carpates » qui a écrit ces lignes, mais le pénible Hugo. Pour une fois : bien dit, Victor ! Tu nous as bien peint. Pas un mot à changer (sauf peut-être la volonté d'acier).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Friends

 
L'amitié. N'est-il pas étrange qu'un concept aussi contraire à la nature humaine jouisse d'un tel crédit ? Pour stupide que soit le monstre bipède, il ne peut pas ignorer qu'autrui est un faux jeton patenté. S'il s'évertue nonobstant à avoir des « amis », c'est parce qu'il cherche chez eux la confirmation de sa propre existence. IL A LA FROUSSE, LE SALOP !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Cumulard

 

D'après La Rochefoucauld, un homme à qui personne ne plaît est bien plus « malheuleux » que celui qui ne plaît à personne. Que dire alors de celui qui cumule !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Désespoirs (métaphysique et autre)

 

Le « désespoir métaphysique » permet encore au « désespéré » d'agencer de belles phrases et de faire le malin. Mais le désespoir qui accompagne la mort d'un animal de compagnie tendrement aimé (par exemple une gerbille de Mongolie), ce désespoir-là vous ôte pour toujours le goût de faire des phrases (sur l'être, le néant, et tout ce qui s'ensuit).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 27 novembre 2022

La mort

 

Vu la façon dont les choses se goupillent dans ce « monde de néant », il serait peut-être sage de ne s'attacher à rien, quitte à trouver le temps long. En tout cas, à rien de vivant. Car n'importe la créature à laquelle vous vous attacherez — fût-ce un simple perroquet —, on vous la prendra tôt ou tard. La mort, la mort, la mort, la mort !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Mousserons du doute

 

Quand, dans les Frères Karamazov, le père Théraponte demande : « Et les mousserons ? », ne croirait-on pas entendre Sextus Empiricus disserter sur le « ou mâllon » (Esquisses pyrrhoniennes, I, 188) qui signifie dans le vocabulaire du scepticisme « pas plus ceci que cela », ou « pourquoi ceci plutôt que cela » ? 

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Espadrilles

 

Quand on a la conscience d'être un raté, un « homme de trop », on peut aussi bien porter des espadrilles (tant qu'à faire, autant y aller carrément).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Incroyable coïncidence

 

C'est un coup du sort étrange : tous les hommes dont on a ouvert le crâne avaient un cerveau, et non seulement ça, mais leur cerveau ressemblait à s'y méprendre à une tête de chien couché.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 26 novembre 2022

De la certitude

 

Ludwig Wittgenstein, à force de pratiquer le doute systématique, en était arrivé à se demander si cette chose qui pendait au bout de son bras était bien réellement sa main. Mais la maladie emporta le philosophe quelque temps après, et l'affaire fut ainsi réglée.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Orthodoxie

 

Ô starets Zosime ! Et toi, higoumène Paphnuce ! (interrompu)

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Bourrelles

 

À qui se complaît dans le malheur, la femme offre des perspectives quasi illimitées.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Littérature comparée

 

Tolstoï est peut-être un meilleur styliste que Dostoïevski, mais son personnage d'Anna Karénine n'arrive pas à la cheville de Sonia Marmeladova quand il s'agit d'évoquer une purée de fruit sucrée et épaisse, par exemple une compote préparée avec de la pulpe de coing.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

vendredi 25 novembre 2022

Fantôme

 

« Autrui lévinassien ! J'ai crié avec toi, j'ai pleuré avec toi. Que ne puis-je arriver à croire en ta vie ? » s'écrie le nihilique, s'inspirant peu ou prou de Benjamin Fondane.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Fard rouge

 

Pour faire bonne figure au « bal masqué du néant », l'écrivain allemand Ernst Jünger préconise de s'appliquer du fard rouge, confirmant ainsi qu'il est un « bredin ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Conseil aux mutilés de cul

 

Mutilés de cul ! Ne vous assoyez pas sur les chaises d'Ionesco ! Le néant y est central et vous risqueriez de vous retrouver le cul (ou l'absence d'icelui) par terre ! Ces « chaises » sont un concentré de vide ontologique ! Alors attention, hein !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Derechef

 

La comtesse de Ségur est fatigante, avec ses derechef. Au bout d'un moment, cela vous porte sur les nerfs. Derechef par-ci, derechef par-là... Assez de derechef ! Du possible ! Du possible, sinon nous étouffons !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 24 novembre 2022

N'attendons pas Godot

 

Vladimir et Estragon sont des minables, mais leur intelligence limitée leur a tout de même permis de « piger la coupure » : dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort, la seule chose à faire est de se pendre. Quant à Godot, il peut bien aller se faire foutre, le salop.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

États d'âme

 

Comme ce serait bien, si le moral de l'homme n'était conditionné que par sa santé physique ! Mais tout l'affecte, les phases de la lune, le sec, l'humide, et jusqu'aux sordides manigances d'une mégère difforme au faciès d'hippopotame...

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Infernale connaissance

 

À l'instar de saint François, le nihilique considère que la connaissance est l'œuvre du diable. Pour sa part, il préférerait ne rien connaître (sauf peut-être l'almanach, pour savoir quand il y a de la lune et quand il n'y en a point).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Col du fémur

 

Oh, ces gens qui veulent « se réaliser » !... Qui rêvent de « s'épanouir » !... Que ne se cassent-ils le col du fémur !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 23 novembre 2022

Aux chiottes les dons

 

Seul est respectable celui qui ne fait aucun usage de ses dons. Il ne se met pas en avant. Il a le sens du ridicule. Mais le mieux est encore de n'avoir aucun don. Les « dons » ! Je t'en foutrai des dons, moi, tuouaouar !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Présence du vide

 

Le pachynihil est surtout effrayant dans les rues, dans les endroits illuminés. Mais il se fait sentir dans les âmes aussi — et comment !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Vérité de l'être

 

Il y a quelque chose de moral dans la vieillesse. Elle rappelle l'homme à sa véritable condition — qui est celle d'un perdant de la mondanisation (au sens du philosophe Karl Löwith).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Puisque tout pue...

 

Aimer quelque chose ou quelqu'un, c'est presque toujours faire preuve de mauvais goût.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 22 novembre 2022

Démon des vibrations

 

Au commencement était le Verbe, nous dit l'Évangile de Jean. Le Verbe c'est-à-dire... la vibration. Dieu peut donc être vu comme... le démon des vibrations ! Tout s'emboîte !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)