Le mathématicien Henri Poincaré plongé dans la
Mathématique du néant de Włodzisław Szczur et se disant qu'il n'a jamais
lu « un tel ramassis de conneries ».
« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 19 mai 2021
samedi 15 mai 2021
Solipsisme
« Si la prétendue
réalité empirique n'est en fait que la projection de mon conscient
intérieur, alors je devrais d'urgence consulter un psychiatre pour
masochisme exacerbé », déclare Gragerfis dans son Journal d'un cénobite
mondain. — Mais ce psychiatre ne serait-il pas, lui aussi, une
projection du « conscient intérieur » gragerfissien ? On n'en sort pas.
C'est à se taper la tête contre les murs !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 13 mai 2021
Idiosyncrasie du nihilique
L'homme du nihil
diffère essentiellement du vulgum pecus par sa Weltanschauung — d'une
noirceur et d'une amertume extrêmes —, ses capsules glabres, ses
pédoncules rameux et multiflores, enfin par ses feuilles constamment
alternes, au moins au sommet. Autre trait remarquable : son
inflorescence générale est centripète, comme en témoigne l'emploi qu'il
fait à tout propos des vocables reginglette, gloméruleux, zingibéracé,
etc.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 12 mai 2021
Un être fouisseur
À l'instar du phacochère,
l'homme du nihil se nourrit surtout d'herbes, de racines et de fruits
sauvages. Il mange souvent dans la position agenouillée. C'est un ennemi
des philosophes, car il bouleverse les champs de concepts des « amis de
la sagesse » et autres « hommes de la Nature et de la Vérité » avec ses
défenses recourbées.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 11 mai 2021
Racines
Il faut surtout attribuer la force prodigieuse de l'idée du Rien au libre développement de ses racines pivotantes, qui semblent pénétrer jusque dans les profondeurs de la pachyméninge, à tel point qu'il n'a jamais été possible d'en atteindre les extrémités (tandis que l'idée du quelque chose n'a que des racines superficielles, dirigées horizontalement). De là, nul doute, la manière dont l'homme du nihil résiste à la tempête, lorsque l'homme de la Nature et de la Vérité, moins fort, moins élevé, s'incline souvent vers l'est, par l'effet du vent.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 4 mai 2021
Interlude
Le « Grandiloque des Carpates » lisant l'Océanographie du
Rien de Raymond Doppelchor et tentant de comprendre la notion de « sinapisation du réel » qui s'y trouve développée.
mercredi 21 avril 2021
Antidote
Selon l'homme du nihil, « le vocable
reginglette est, avec le taupicide, le seul antidote possible à
l'angoisse métaphysique qui mine le sujet pensant, et à cette misère
existentielle où les philosophes Kant et Hegel, avec leurs terribles
"concepts", ont plongé l'humanité. »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 12 avril 2021
Sourcils sévères du nihilique
« On
appelle nihiliques les individus dont toute la philosophie se borne à
affirmer que rien n'est. Leurs caractéristiques les plus marquantes
sont : un regard féroce, une grande sévérité sur les sourcils, un grand
silence, une profonde méditation, un désir de la solitude, un amour et
une haine opiniâtres, des présages funestes et des songes tristes. »
(Pierre-Joseph Buc'hoz, Mémoire sur la manière de guérir la mélancolie
par l'homicide de soi-même, Paris, 1806)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 2 avril 2021
Cachot
Ferrière a défini le cachot « un sépulcre
funeste où l'on enferme des hommes vivants, où l'on ne gît que sur la
paille ». Mais cette définition ne convient-elle pas, plus généralement,
pour caractériser le « fétide et rébarbatif réel », ce que les philosophes
appellent la « réalité empirique » ?
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 29 mars 2021
Abstention
Selon le père Bourdaloue, « la pensée du
purgatoire, en nous donnant une idée de la sévérité de la justice
divine, porte notre cœur à la pratique de toutes les vertus
chrétiennes ». Cela est vrai en général, sans doute, mais la crainte de
la justice divine n'empêche pas le nihilique de mettre vices et vertus
dans le même sac et de ne pratiquer ni les uns ni les autres, convaincu
qu'il est que « tout pue ». Sa règle de conduite est « d'attendre que ça se
passe » (l'univers, le soir, lui paraît lourd de non-promesses).
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 22 mars 2021
Objet de propriété
L'homme du
nihil ne pense pas sans frémir qu'il n'est qu'un objet de propriété :
comme une chaise, un presse-purée ou — si l'on veut aller par là —
le mot ours. Mais il doit se rendre à l'évidence : il ne s'appartient
plus, il est l'esclave de cette « cré bon diousse d'idée du Rien » qui le
bourrelle incessamment.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 19 mars 2021
Précipice
« Que penseriez-vous, mes
chers enfants, d'un homme qui ne se plairait que sur le bord des
précipices, qui y établirait sa demeure et y dormirait paisiblement ?
Vous diriez que cet homme est un imprudent, un insensé ; qu'à force de
tourner autour de l'abîme, il finira par y tomber, et qu'il sera victime
de sa témérité. Voilà l'état de l'homme du nihil : il marche, il
s'assoit, il s'endort sur le bord d'un précipice ; et ce précipice,
c'est... l'idée du Rien. Mais oui ! » (Jean-Baptiste Martin, Recueil
d'instructions pour la première communion, Bourg, Bottier, 1841)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 15 mars 2021
L'art de déplaire
Si quelqu'un mérite le nom de « porphyrogénète dévoyé », c'est bien l'homme du nihil. En effet, il est
né dans la pourpre et... il est dévoyé. Mais oui !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 28 février 2021
Pouvoir de la mijole
Grâce à ses « biberons
Robert », à son fondement — de l'historialité du Dasein ? — et à sa « mijole », la femme, malgré son incurable stupidité, est parvenue à
établir son empire sur le monde. Ô vanité ! ô néant ! « ô aueuglement
estrange des hommes, gloriatur in malitia sua ! »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 23 février 2021
mercredi 17 février 2021
Lectures inutiles
Quoique
douloureusement conscient de « l'opulente inanité d'une érudition
complètement étrangère à sa destinée » — destinée qu'il identifie au
taupicide —, le nihilique lit sans discontinuer. Hélas ! de chaque
livre, il ressort « gros-jean comme devant ». L'auteur, soit fait le
malin, soit « met à côté de la plaque » ! Ô vanité des vanités ! Ô rictus
bestial de l'existence !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 12 février 2021
Gelée blanche
Ce n'est pas « au séjour des frimas »
que l'homme du nihil va chercher le calme — comme Macedonio Fernández,
il tient à son confort thermique — mais dans la suprêmement onctueuse pensée de se détruire.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 8 février 2021
Réclame
« Vous êtes fatigué d'être
ceci ou cela ? Retrouvez la sérénité primordiale du Rien grâce au
taupicide foudroyant Moulin. Dix grammes, en une seule prise. Une
solution jeune. » (Sur une brochure publicitaire vantant le « taupicide foudroyant Moulin »)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 4 février 2021
lundi 1 février 2021
Un destin clownesque
Rien de ce qui est humain n'échappe au ridicule, sauf peut-être la souffrance — en particulier celle due à un panaris.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 29 janvier 2021
Radiations
Le rayonnement de l'idée du Rien, moins abondant que le
rayonnement cosmique solaire, est toutefois suffisamment énergétique 1
pour pénétrer profondément dans la pachyméninge du sujet pensant et
induire des réactions nucléaires — il peut notamment engendrer la pensée de se pendre avec ses bretelles.
1. Le psychologue américain John Tussord évalue son énergie à 10 gigaélectronvolts par nucléon.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
1. Le psychologue américain John Tussord évalue son énergie à 10 gigaélectronvolts par nucléon.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 14 janvier 2021
dimanche 3 janvier 2021
Pensées coupables
Si la créature
refuse de coopérer à sa grâce — comme c'est le cas de l'homme du nihil —, Dieu ne peut vouloir son salut parce qu'étant souverainement
juste, il doit punir le péché. C'est donc la faute de l'homme du nihil — qui, au lieu de travailler à sa rédemption, se complaît dans des
ruminations sur l'haeccéité, la temporalité du temps, le taupicide,
l'intentionnalité husserlienne, etc —, si Dieu ne le sauve pas.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 1 décembre 2020
mardi 24 novembre 2020
dimanche 15 novembre 2020
Un terrible destin
L'état du nihilique ressemble à celui
d'un ver qu'on écrase. Réduit à la condition des morts, il est enfermé
dans la « réalité empirique » comme dans un tombeau. Dans son Journal d'un
cénobite mondain, Gragerfis dit qu'il est « semblable au vil lambeau
d'une ceinture pourrie » (d'autres auteurs le comparent à un tas
d'ossements desséchés). Son malheur est sans ressource et sa plaie
incurable, car malgré ses efforts pour adhérer à quelque chose, il n'est
pas fichu de sortir de l'idée que rien n'est.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 8 novembre 2020
dimanche 1 novembre 2020
Haeccéité
« Si j'ai la sensation d'être pourvu de
caractéristiques, matérielles et immatérielles, qui font de moi une
chose particulière, me voilà renfrogné, malplaisant et inaccessible. »
(Montaigne, Lettre à Étienne de La Boétie)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 30 octobre 2020
Déréliction
L'homme du nihil définit notre époque « le
temps de la déréliction » : Dieu s'est détourné de nous et nous laisse à
notre destin, celui de créatures du pachynihil. Il ajoute que la
prétendue « réalité empirique » n'est qu'un attrape-nigaud et que « tout
pue ». Cependant, « malgré mon pessimisme bien connu, je ne suis pas
désespéré », affirme-t-il. Mais d'après Gragerfis, il bluffe.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
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