mardi 18 décembre 2018

Une tâche surhumaine


Au début de sa carrière, l'homme du nihil ressemble à un héros dostoïevskien écartelé entre l'évidence de n'être rien et le sentiment d'être tout. Enfin... peut-être pas exactement tout, mais du moins un certain nombre de choses : parmi les corps lumineux, le soleil rayonnant ; entre les montagnes, l'Himalaya ; parmi les poëtes dadaïstes, Georges Ribemont-Dessaignes ; entre les mots prononcés, le mot indivisible « reginglette »; entre les lacs, l'océan ; entre les bêtes sauvages, le tigre ; entre les objets purifiants, le vent. Et encore : le temps sans limites, la pénitence des ascètes, le silence des secrets et la science des sages. — Mais il réalise vite que tout cela n'est pas une sinécure. Alors il se recouche — et gémit.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

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