« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 20 mars 2019
Laconisme coupable de Sulpice Sévère
13 mars. — Sulpice Sévère fait mention, à la fin de son second Dialogue, d'un concile tenu à Nîmes du temps de saint Martin ; mais il ne nous apprend rien de ce qui s'y passa.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Paniers d'osier
Selon Gragerfis — qui l'a sûrement lu dans Cassien —, le travail manuel est le seul moyen que les Pères de l'Église aient trouvé pour lutter contre la mélancolie de la vie solitaire. De son côté, l'homme du nihil est parvenu à la même conclusion ; et c'est en tressant des paniers d'osier qu'il tente de se soustraire au harcèlement de l'ennui, au vertige du temps vide. Ces paniers d'osier sont pour lui un moyen de se cramponner aux lieux que l'acédie l'invite à quitter pour les lointains séduisants du pachynihil. Mais c'est en vain : il arrive un moment où il envoie au diable la vannerie pour presser la queue de détente d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe. — Adieu paniers d'osier ! Adieu gravelle et rhumatismes ! Adieu Bourboule aimée, dont la tête hardie défie les hauteurs des cieux ! Adieu philosophie marcellienne !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Une vraie boucherie
La prismatique idée du Rien décompose le tangible et en expose les viscères exulcérés sous le portique alogique et ô combien branlant de la raison pure.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Inqualifiable perfidie de Ricimer
9 mars. — « Je n'aurois pas parlé d'un animal aussi connu que le sont les marmottes, si elles n'avoient eu quelque chose de relatif à la rhubarbe. Quand on aperçoit vingt ou trente pieds de cette plante, on est sûr de trouver plusieurs terriers de marmottes sous leurs larges feuilles ; peut-être la mangent-elles, ainsi que la racine ; toujours est-il probable que l'engrais qu'elles déposent autour ne contribue pas peu à sa vigueur, et que la terre qu'elles jettent dessus lui fait pousser de nouveaux jets et se multiplier. » (John Barrow, Voyage en Chine, formant le complément du voyage de Lord Macartney, Trad. J. Castéra, Paris, Buisson, 1805)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
mardi 19 mars 2019
Contre la psychanalyse
Gragerfis appelle les psychanalystes « une triste engeance ». Selon lui, tout est bon à ces « scélérats » pour substituer le pathologique au tragique. Ainsi, la psychanalyse étudie l'homme du nihil comme s'il était mû par son inconscient, conditionné par son passé vécu, alors qu'il est aux prises avec le pachynihil ! « Voilà qui est tout de même, déclare l'acide Stylus, un peu fort de café ! »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Soupe au lait
Les suicidés philosophiques, à l'instar des dérivés nitrés du phénol, détonent quand on les chauffe brusquement.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Glands
14 mars. — Strabon, parlant des Gaulois, met au nombre de leurs récoltes les glands, par lesquels il faut entendre, comme les Grecs et les Latins, tous les fruits des arbres glandifères.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Causalité synergique
Non seulement le suicidé philosophique, à l'instar d'un Némésius d'Émèse, reprend la theoria porphyrienne de l'interaction entre intelligible et sensible appliquée à l'action nihilique, mais il intègre les analyses de Simplicius et de Jean Philopon sur les processus de causalité synergique !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
lundi 18 mars 2019
Écartèlement
Partagé entre la frénésie lacrymale d'un Héraclite et le ricanement sardonique du protèle.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Sagesse des Anciens
19 mars. — Valère Maxime, II, 6, 7, nous fait connaître un singulier usage des anciens Marseillais : « On garde, dit-il, dans un dépôt public de la ville de Marseille, une potion mêlée de ciguë et destinée à quiconque justifie devant le conseil des Six-Cents (tel est le nom de son sénat) des motifs qui lui font désirer la mort. »
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Guérisseur souffrant
Pour le nihilique, le « spectacle de la nature » ne signifie qu'un apaisement passager de ses inquiétudes : il lui faut écouter la « voix du pachynihil » pour rencontrer la certitude (que rien n'est). Or l'autorité du Rien dont il ne prétend d'abord que transmettre fidèlement l'évidence l'investit lui-même d'une surprenante autorité personnelle : on l'appelle à l'aide, il prend la figure d'un « demi-dieu » (Gragerfis) : il est le guérisseur souffrant.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Dandysme
Répondre aux horreurs de l'existence par une apologétique de la redingote.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Doute térébrant
8 mars. — On ne sait trop si l'on doit classer Georges Chœroboscus parmi les rhéteurs.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
dimanche 17 mars 2019
Un exilé de l'infini
Chez l'homme du nihil, tout est éloignement, absence. Comme l'infortuné Bellérophon, il erre dans le vide, loin des dieux, loin des hommes, dans le stérile « désert de Gobi de l'existence ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Caghuse
26 mars. — Pour parvenir à l'ataraxie, le philosophe Ptolémée de Cyrène (qui fut le maître de Sarpédon et d'Héraclite) recommande de « graisser largement de saindoux un faitout ; d'y mettre un jarret de porc ; de l'entourer d'oignons entassés ; de saler et poivrer ; de fermer hermétiquement et de cuire pendant une heure et demie à feu moyen. » Comme l'a remarqué Gragerfis, cette « recette de vie » n'est pas sans présenter des ressemblances avec celle de la caghuse picarde.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Faut s'y faire
De longues années de cohabitation avec une « mégère difforme au faciès d'hippopotame » avaient convaincu l'homme du nihil de la véracité de cet axiome dostoïevskien : l'homme est un être qui s'habitue à tout.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
samedi 16 mars 2019
Un moderne Tchitchikov
Cadavre entre les cadavres, je dissimule ma putréfaction dans les plis d'un habit zinzolin moucheté.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Coup de sirop
7 mars. — Dans le trente et unième chapitre des Cestes, Jules Africain enseigne l'art de donner au vin la faculté de faire dormir trois jours de suite ceux qui en boivent. Il propose de le mêler avec certaine quantité d'opium et de suc de la jusquiame ou de l'Hyoscyamus des Anciens. Il croit que pour réveiller un homme endormi par cette boisson, on n'aurait qu'à lui faire entrer beaucoup de vinaigre par le nez.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Triumph des Pachynihils
Dans l'acte fulgurant du suicidé philosophique, ce qui triomphe, c'est l'envers de l'être, autrement dit le pachynihil. Tout se passe alors comme si la vérité dernière n'appartenait pas à la « vie de tous les jours » ni aux coquetèles mondains, mais au fond nocturne sur lequel cette « vie » et ces coquetèles se déroulent. Quand se taisent l'artifice et la fiction, quand la « réalité empirique » elle-même est dénoncée, quand le Moi ne produit plus ses décrets absolus et ineptes, seule demeure l'obscurité du Rien : un froid mortel se produit.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
La bon diousse de matière
6 mars. — C'est, selon Hermogène, dans la matière qu'on trouve la cause de tous les maux ; toutes les sensations qui nous affligent, les passions qui nous tyrannisent, ont leur source dans la matière. Dans la doctrine d'Hermogène, la matière est incréée, sans mouvement, sans principe, coéternelle à Dieu, et ce dernier s'en est servi pour former le monde. Le système d'Hermogène a été combattu avec la dernière énergie par le pénible Tertullien (« credo quia absurdum »).
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
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