vendredi 12 mars 2021

Carmen

 

À un autre endroit, l'homme du nihil dit que l'homicide de soi-même « n'est pas sans rappeler le carmen, ce chant fluide de la chanson éolienne qui peu à peu se ritualise dans le distique ». — Et c'est bien le cas, en effet !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 28 février 2021

Pouvoir de la mijole

 

Grâce à ses « biberons Robert », à son fondement — de l'historialité du Dasein ? — et à sa « mijole », la femme, malgré son incurable stupidité, est parvenue à établir son empire sur le monde. Ô vanité ! ô néant ! « ô aueuglement estrange des hommes, gloriatur in malitia sua ! »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 17 février 2021

Lectures inutiles

 

Quoique douloureusement conscient de « l'opulente inanité d'une érudition complètement étrangère à sa destinée » — destinée qu'il identifie au taupicide —, le nihilique lit sans discontinuer. Hélas ! de chaque livre, il ressort « gros-jean comme devant ». L'auteur, soit fait le malin, soit « met à côté de la plaque » ! Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 12 février 2021

Gelée blanche

 

Ce n'est pas « au séjour des frimas » que l'homme du nihil va chercher le calme — comme Macedonio Fernández, il tient à son confort thermique — mais dans la suprêmement onctueuse pensée de se détruire.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 8 février 2021

Réclame

 

« Vous êtes fatigué d'être ceci ou cela ? Retrouvez la sérénité primordiale du Rien grâce au taupicide foudroyant Moulin. Dix grammes, en une seule prise. Une solution jeune. » (Sur une brochure publicitaire vantant le « taupicide foudroyant Moulin »)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 1 février 2021

Un destin clownesque

 

Rien de ce qui est humain n'échappe au ridicule, sauf peut-être la souffrance — en particulier celle due à un panaris.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 29 janvier 2021

Radiations

 

Le rayonnement de l'idée du Rien, moins abondant que le rayonnement cosmique solaire, est toutefois suffisamment énergétique 1 pour pénétrer profondément dans la pachyméninge du sujet pensant et induire des réactions nucléaires — il peut notamment engendrer la pensée de se pendre avec ses bretelles.

1. Le psychologue américain John Tussord évalue son énergie à 10 gigaélectronvolts par nucléon.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 17 janvier 2021

Melancholia

 

Le philosophe Baruch Spinoza, un jour qu'il était « gonflé à bloc », aurait déclaré que « la gaieté ne peut avoir d'excès, et elle est toujours bonne ; la mélancolie, au contraire, est toujours mauvaise. » Ce à quoi Leibniz, qui était toujours d'humeur sombre et voyait dans la vie un « margouillis exophtalmique » (eine exophthalmische Margouillis) aurait rétorqué : « Oh ! Oh ! Comme tu y vas, mon ami ! »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 10 janvier 2021

Poétique de l'indicible

 

L'homme du nihil voit dans l'homicide de soi-même une poétique de l'indicible, comparable selon lui à celle de Catulle. « Comme le poëte romain, écrit-il, l'homicide de soi-même rassemble la violence et la grâce, cultive l'implicite et le détour, et sait user à l'occasion d'une oralité ludique et festive. » — Qui pourrait le nier ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 6 janvier 2021

Un taiseux

 

D'après Gragerfis, les investigations philosophiques de l'homme du nihil l'avaient conduit à penser que « ce qu'on ne peut dire, il faut le taire, et ce qu'on pourrait éventuellement dire, il faut le taire aussi car tout le monde s'en fout de toute façon. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 3 janvier 2021

Pensées coupables

 

Si la créature refuse de coopérer à sa grâce — comme c'est le cas de l'homme du nihil —, Dieu ne peut vouloir son salut parce qu'étant souverainement juste, il doit punir le péché. C'est donc la faute de l'homme du nihil — qui, au lieu de travailler à sa rédemption, se complaît dans des ruminations sur l'haeccéité, la temporalité du temps, le taupicide, l'intentionnalité husserlienne, etc —, si Dieu ne le sauve pas.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 1 décembre 2020

mardi 24 novembre 2020

Couleur

 

Selon Gragerfis, "le vert est une couleur possible du Rien".

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 16 novembre 2020

Schéol

 

Comme le schéol des Hébreux, la femme est un lieu — un être ? — creux, souterrain, insatiable.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 15 novembre 2020

Un terrible destin

 

L'état du nihilique ressemble à celui d'un ver qu'on écrase. Réduit à la condition des morts, il est enfermé dans la « réalité empirique » comme dans un tombeau. Dans son Journal d'un cénobite mondain, Gragerfis dit qu'il est « semblable au vil lambeau d'une ceinture pourrie » (d'autres auteurs le comparent à un tas d'ossements desséchés). Son malheur est sans ressource et sa plaie incurable, car malgré ses efforts pour adhérer à quelque chose, il n'est pas fichu de sortir de l'idée que rien n'est.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 8 novembre 2020

dimanche 1 novembre 2020

Haeccéité

 

« Si j'ai la sensation d'être pourvu de caractéristiques, matérielles et immatérielles, qui font de moi une chose particulière, me voilà renfrogné, malplaisant et inaccessible. » (Montaigne, Lettre à Étienne de La Boétie)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 30 octobre 2020

Déréliction

 

L'homme du nihil définit notre époque « le temps de la déréliction » : Dieu s'est détourné de nous et nous laisse à notre destin, celui de créatures du pachynihil. Il ajoute que la prétendue « réalité empirique » n'est qu'un attrape-nigaud et que « tout pue ». Cependant, « malgré mon pessimisme bien connu, je ne suis pas désespéré », affirme-t-il. Mais d'après Gragerfis, il bluffe.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 26 octobre 2020

Extrémité d'affliction

 

Dans la violence de la douleur que nous inflige la cauchemardesque « réalité empirique », à qui pouvons-nous avoir recours, si ce n'est à la puissante et invincible protectrice des personnes affligées, l'idée du Rien ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 24 octobre 2020

Interlude

Jeune femme s'apprêtant à lire les œuvres complètes de Hermann von Trobben
 

samedi 17 octobre 2020

Leçon de ténèbres


La vie de l'homme du nihil est une leçon de ténèbres que la jeunesse insouciante serait bien inspirée de méditer (et même — si ce n'est pas trop demander — de réciter à chaque nocturne des matines).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 16 octobre 2020

Radical


Pessimiste, comme Hobbes, sur la nature humaine, l'homme du nihil prône le taupicide comme remède à la méchanceté naturelle des hommes (au lieu d'un « contrat social » générateur de droits et de lois). — Dix grammes, en une seule prise.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 14 octobre 2020

Propos de comptoir


« Mimile, j'ai idée que la vie est un genre de boustrophédon.
— Ouais. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 12 octobre 2020

Un terrible constat

 

D'après le naturaliste Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse — qui savait de quoi il parlait pour avoir méthodiquement observé les mammifères et les oiseaux dans le département de la Haute-Garonne —, « la femme se distingue des autres êtres organisés par une acariâtreté et une mauvaise foi qui défient l'imagination. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 7 octobre 2020

lundi 5 octobre 2020

Lichen

 

L'idée du Rien a des rapports avec l'hypne prolifère, mais elle est plus élégante et plus filiciforme. Au surplus, elle conduit plus souvent que ce végétal — cette « mousse cosmopolite » — à envisager l'homicide de soi-même comme un remède à l'amertume d'exister.

(Fernand Delaunay, Glomérules)