samedi 10 mai 2025

Proverbe roumain

 

Il vaut mieux manger une délicieuse soupe au vermicelle avec Mircea Eliade que faire le branque avec Brancusi.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

vendredi 9 mai 2025

Automatismes cioranesques

 

À cause du négateur Émile Cioran, on ne peut pas ramer sur l'étang de Soustons sans penser à la phrase « all is of no avail », ni descendre dans la rue sans que nous vienne aussitôt à l'esprit le mot extermination. On est devenu un véritable automate de Vaucanson !
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Wovon man nicht sprechen kann

 
 
Comme plus tard Ludwig Wittgenstein, Confucius refusait de parler des choses qui se trouvent « au-delà des mots » car il avait une peur terrible, presque panique, de « passer pour un con ».
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Rue Racine

 

On traverse la rue Racine, et immanquablement, on pense au négateur Émile Cioran traversant la rue Racine et pensant à la tombe de Celan. C'est pratiquement un réflexe conditionné.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Situation embarrassante

 

Quelqu'un qui vous dit « frère, il faut mourir », que lui répondre ? Qu'on est au courant ? Mais alors on risque de passer pour un « monsieur-je-sais-tout ». Peut-être simplement « ah ? »
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

jeudi 8 mai 2025

Simplification schopenhauerienne

 

Schopenhauer va un peu vite en besogne. C'est trop résumer, de dire que la vie est un pendule qui oscille de la souffrance à l'ennui. Certes, il y a la souffrance, il y a l'ennui, mais il y a aussi... les grosses dondons ! Et ça... — c'est le pis.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Immortalité de Grünberg

 

Dans un de ses poëmes, Longfellow parle du « long et mystérieux exode de la mort ». Mais — car il y a un mais — cela ne s'applique pas au poëte Carlos Grünberg. En effet, la mort ne l'a pas totalement englouti puisque ses vers sont dans notre mémoire. En tout cas ils y étaient jusqu'à récemment.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

L'homme et la mer

 

« Homme libre !
— Oui ? C'est à quel sujet ?
— Homme libre, toujours tu chériras la mer.
— Ah bon ?
— Oui. La mer est ton miroir. Tu contemples ton âme dans le déroulement infini de sa lame.
— Pas possible ?
— Si. Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
— Eh bien dis donc, alors... »
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Affliction

 

Parmi les camélidés d'Amérique du Sud, l'espèce la plus désespérée n'est ni la vigogne ni l'alpaga ni le guanaco, mais une variété particulière de lama, le lama sabachthani.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

mercredi 7 mai 2025

Suffocation du Quichotte

 

Lorsqu'il se fait rosser par des muletiers furieux que Rossinante se soit trop approchée de leurs bêtes, Don Quichotte suffoque d'indignation. Anticipant de quatre siècles George Floyd, he can't breathe !
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Faldistoire et utopie

 

Pour avoir le droit de poser son fiacre sur un faldistoire, il faut être évêque. Autant dire que ça ne va pas être de la tarte.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Les mots et la chose

 

Quand on lit la phrase Celan s'est suicidé, cela paraît assez bénin, mais il faut se représenter les cris, les pleurs, la bousculade, l'eau entrant dans les voies respiratoires du poëte... Ç'a dû être assez horrible, en fait.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Moutons des tabors

 

Il y a des jours où on se sent tellement mal qu'on aurait envie d'imiter Jésus et de s'écrier : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » Mais on ne le fait pas, car si c'est pour que notre appel se mêle au cri perdu des moutons des tabors, ce n'est pas la peine, ça ne servira à rien.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

mardi 6 mai 2025

Leurre de la poésie

 

La poésie n'existe pas. La meilleure preuve de son inexistence est qu'il est impossible de la définir. À l'instar de la solution consistant à boucher les trous de la tartine avec du beurre, de la margarine ou de la crème de marron, elle est un leurre : on peut écrire autant de sonnets qu'on veut, le réel coule par les côtés.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Des charmes et des pins

 

Le pin est un résineux à feuilles en aiguilles groupées en faisceaux, dont les fructifications sont des cônes constitués d'écailles. Le charme, quant à lui, est un arbre de taille moyenne, à feuilles caduques, appartenant à la famille des bétulacées. Il est assez répandu dans les forêts d'Europe centrale. Même un benêt ne saurait les confondre.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Merci Jorge

 

Chaque fois qu'il le peut, Jorge Luis Borges nous rappelle que le poëte Cansinos Assens était capable de saluer les étoiles dans une vingtaine de langues. Et il fait bien car c'est le genre de choses que, distrait par les vicissitudes de l'existence, on a vite fait d'oublier.
 
(Gilbert garistre, Aveux et anatropes)

Mots qui font bien

 

Les gens qui emploient des mots comme obsidional ou égrégore sont des gens qui ne peuvent pas parler comme tout le monde.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

lundi 5 mai 2025

Le pal pour Zola

 

Le gars Zola Émile nous a trop fait suer avec ses ahuris de rougon-macaques. Nous le condamnons au supplice du pal. Nous t'en foutrons des Gervaise et des Lantier, nous, tuouaouar.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Faldistoire falciforme

 

Breton a fait fausse route, avec sa beauté convulsive. Ce qu'il aurait dû dire, c'est : « Le faldistoire sera falciforme ou ne sera pas ». En effet, pour être à la fois grandiose et confortable, un siège d'évêque doit être en forme de faucille. C'est clair, net et incontestable (contrairement à la beauté).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Solitude de Claudel

 

Muni d'un saucisson à l'ail, vêtu d'une robe de chambre à ramages, Paul Claudel parcourait à grands pas, tel un prophète hébreu, les couloirs méandreux de la neurasthénie. Comble de déchéance, le saucisson n'était pas pour la « briffe », c'était pour se sentir moins seul.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Matins du monde

 

Pour se venger de l'être, dire Pascal Guignard. — Jouer de la viole de gambe. — Ne pas prendre les vignettes.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

dimanche 4 mai 2025

Mède

 

Quelqu'un qui s'intéresse au mazdéisme, ce n'est pas une raison pour le traiter de Mède. Rodin l'a fait avec Bourdelle et il lui en a cuit.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Un athlétique fresquiste

 

En plus d'être un remarquable décorateur de fresques, un peintre de retables et un excellent coloriste, Andrea del Sarto pratiquait la gymnastique. Il faisait des sauts périlleux, des rondades et même des « flips ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Magritte encore biffé

 

Dans En lisant en écrivant, Julien Gracq dit que Magritte se situe à la limite du domaine strictement pictural, parce que l'idée et l'humour tiennent presque toute la place dans ses tableaux. Il le biffe, pour ainsi dire ! Alors qu'on avait bien précisé qu'il ne fallait ni le biffer ni l'abaisser ! C'est un monde !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Assez de salamalecs

 

Nous disons Kharkov et non Kharkiv, nous disons Kiev et non Kyïv, nous ne nous en laissons pas conter. Nous disons aussi la Rhodésie, la Haute-Volta, Calcutta et Bombay. Assez de salamalecs !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

samedi 3 mai 2025

Sens sûr de Maussion

 

Le peintre Charles Maussion n'était pas de Sens-sur-Seille (Saône-et-Loire) mais de Nantes. Ce qui ne l'empêchait pas d'avoir un sens très sûr (de l'harmonie des formes et des couleurs).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Des peintres pas baisants

 

Élie Faure dit que les peintres italiens de la Renaissance n'étaient pas baisants. Un mot de travers et on se faisait enguirlander par le Ghirlandaio quand ce n'était pas rosser par le Rosso ou coller une châtaigne par le Mantègne. Le seul qui était civilisé, c'était le Pérugin (un peu aussi le Primatice).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Bout de l'an

 

Le collaborationniste Francis Bout de l'An — qui fait une brève apparition dans Le Laboureur et ses enfants — ne connut pas celui de 1977 car il mourut en septembre.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Gênance d'écrire

 

On se fiche de savoir pourquoi les écrivains écrivent, on voudrait juste qu'ils cessent. C'est horriblement gênant, toute cette histoire !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)