« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
dimanche 28 avril 2019
Un acte unique et inutile
Un chef-d'œuvre qu'on peut reproduire à l'identique n'est qu'une marchandise culturelle, un instrument de simple décoration et d'ostentation : il se vulgarise en entrant dans une série. Mais dans l'homicide de soi-même, il n'y a jamais de répétition : ce qu'il crée est chaque fois unique, il ne supporte pas le trivial. Une autre de ses qualités est qu'il ne sert à rien. En ce sens, il est une protestation contre l'utilitarisme, trait fondamental de ce que Gragerfis appelle notre « barbarie ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Au fou
L'hylozoïsme épicurien évoque le mensonge inconscient des déments.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
samedi 27 avril 2019
Civilisation de l'infâme
Comme une bactérie, la technique phagocyte les valeurs les plus sacrées et en produit un bloc d'absurdité massive qui ose se présenter comme un produit de la raison, une nécessité dûment expertisée. Le Dasein est entré, environné de savantes machines, dans ce que Marcel Jutique appelle la « civilisation de l'infâme » — un domaine étouffant, opaque, où aucun être humain ne peut survivre sans régresser au rang du protiste. Pour échapper à ce destin, il n'y a en vérité qu'une porte de sortie : celle qui ouvre sur le pachynihil.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Interlude
Les théorèmes, axiomes et autres lemmes vous font caguer ?
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vendredi 26 avril 2019
Palpes du suicidé philosophique
L'homicide de soi-même n'est pas un phénomène culturel comme les autres : il dévoile, plus que d'autres, les rapports du Dasein avec la « réalité empirique », avec l'« autrui » du philosophe Levinas, et surtout avec soi-même. Les suicidés philosophiques sont doués d'antennes, de « palpes » qui leur permettent de sentir ce qui, dans ces rapports, est trop scabreux ou trop ténébreux pour atteindre la conscience commune. En se supprimant, ils nous révèlent à nous-mêmes, ils nous font ressentir nos malaises encore inconscients et, ce faisant, ils leur donnent du poids.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Vague projet
Se consacrer à l'étude des dislocations de l'écorce terrestre et, particulièrement, des montagnes.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Cri primal
En s'anéantissant, le suicidé philosophique crée une œuvre vide, sans sujet, sans « motif », d'autant plus vraie et plus profonde qu'elle défie tout commentaire. L'homicide de soi-même dit ce que la « raison discursive » est incapable de dire — fût-ce par des mots tels qu'énantiose ou régolite. Mais ce qu'il dit se cache au plus profond : c'est une sorte de cri primal, hurlement libérateur qui restitue au Dasein le dynamisme spirituel des origines.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
En attendant le taupicide
Pour l'instant, je n'oppose à l'horreur de l'être-en-soi qu'un ricanement nerveux. Mais... patience, escalier !
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
jeudi 25 avril 2019
Chamboule-tout existentiel
L'idée du Rien renverse les décors, dépouille, met à nu, évite les consolations du sentiment et les antiques illusions du « beau ». De là sa vertigineuse emprise ontologique : elle se garde de décorer l'existence, elle en dénonce l'inacceptable énigme.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Dévoilement par le Rien
On entre dans le steppe insondable du pachynihil quand on cesse de croire comprendre : « La compréhension, dit Musil, fait place à un étonnement inépuisable, la moindre expérience (ce flacon de taupicide...) devient incomparable, unique au monde. » C'est cela que dévoile l'idée du Rien : un terrain devenu invisible tant nous l'avons recouvert de pathétiques et dérisoires décors.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mercredi 24 avril 2019
Caractère funeste du « Suisse »
« Quant à l'excrément, je crois que le démon ne pourrait pas susciter un hérésiarque plus funeste que ce pontife. » (Rosemonde Gérard, Méditations poétiques)
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Alternative au langage philosophique
Impropre à exprimer le « sentiment de la vie », le langage philosophique, étant nécessairement conceptuel donc abstrait, s'est de plus en plus écarté de l'existence concrète, de l'expérience vécue. Incapable de se dire, de s'exposer, la « vie intérieure » alors s'efface, devient aussi inconsistante que celle d'un « ouaouaron féru de l'apostrophe hurluberlue » (Jutique), ou bien elle explose en ces « balbutiements sacrés » que produit le revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe. — L'homicide de soi-même ! Existe-t-il langage plus expressif et contondant ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Opiniâtreté nihilique
Les dérisoires manigances du viscère n'entameront pas notre détermination : nous n'accomplirons rien.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
mardi 23 avril 2019
Bas les masques
La « raison pure » prétend nous protéger de la présence inquiétante, sauvage du Rien : « Nous avons figé, épaissi les notions abstraites et les avons finalement confondu avec l'insaisissable réel », affirme Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain. Embrasser le pachynihil consiste à enlever ce masque, à rejeter cette réalité familière, mais mensongère, et à nous mettre en présence des « choses mêmes » (pour parler comme Husserl). C'est là un geste spécifiquement métaphysique ! L'idée du Rien s'impose alors comme un regard neuf (ou un retour à un très ancien regard) qui, au lieu d'éloigner, rapproche — de l'infini infundibuliforme.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Incomplétude et glomérulosité du réel
« Étrange réalité ! Quelque chose semble manquer en elle... » (Erwin Schrödinger, L'esprit et la matière, p. 191) — Ce jugement est confirmé par Gragerfis qui précise dans son Journal qu'« il a toujours trouvé à la réalité empirique quelque chose de louche et même de gloméruleux ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
lundi 22 avril 2019
Inferno
L'enfer, ce sont les gros viscères anonymes de la matière.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Étonnement
À chaque instant, l'étonnement rajeunit le regard : « rester là comme un enfant à m'étonner et me réjouir en silence quand je suis dehors sur la plus proche colline » : telle est pour Hölderlin l'attitude du poëte. Et de même l'homme du nihil :
« n'importe quoi me surprend : une touffe d'herbe sous des
arbres, l'ombre, la couleur pâle, presque surnaturelle, du
pachynihil, la temporalité du temps, la mortalité de
l'être mortel, l'haeccéité... »
Eh oui, cher homme du nihil. L'idée du Rien a le pouvoir de nous faire redevenir des enfants émerveillés et joyeux. Mais il arrive que s'y mêle le sentiment du mystère, et même la sorte de crainte qu'inspire toute rencontre authentique avec l'« absolu ténébreux ». Alors... achtung bicyclette !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Cœnure
Au dire de Gragerfis, le cœnure serait la larve d'une espèce de ténia vivant dans le cerveau des moutons et dans la cavité viscérale des lapins.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
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