vendredi 18 avril 2025

Enfin

 

Sayez, l'écrivain Caillois nous a fait montrer sa collection de minéraux. C'est pas trop tôt !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Solitude

 

Le mot du poëte Achille Chavée, « la solitude est un plat qui se mange seul », est astucieux mais d'une véracité discutable. Car ce plat, on peut aussi le manger — et comment ! — en compagnie d'une « grosse dondon ». Et même d'une dondon en général (pas forcément grosse).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Bobine

 

En parlant de types qui ont une drôle de bobine... il y a ce poëte allemand, là, ce Peter Rühmkorf.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Un cas tragique d'homonymie

 

Le mercredi 24 juillet 1878, vers 8 heures du soir, un meurtre a été commis à Mainbressy (Ardennes). Adéon Ducat, cultivateur, a tiré un coup de fusil sur le plasticien Hans Bellmer, le prenant pour la veuve Thiébault-Poncelet, la mère de son épouse avec laquelle il était en bisbille. La mort a été instantanée.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

jeudi 17 avril 2025

Un piètre banquet

 

Au banquet de la vie, il n'y a pas à tortiller, on a été un infortuné convive. La boustifaille était infecte — les haricots n'étaient pas salés, le pivois avait un goût de bouchon — et les autres participants étaient de vraies têtes de con.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Mariage d'André Salmon

 

Nul événement mondain ne nous aura autant irrité que le mariage d'André Salmon. Dans son poëme, Apollinaire répète on ne sait combien de fois qu'aujourd'hui son ami André Salmon se marie, et à la fin on en a plein le dos. La patience n'est pas notre fort, il est vrai — à cause de cette sacrée « mortalité de l'être mortel » qui nous met les nerfs en boule.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Empiffrez-vous

 

Absorber des aliments est une activité ridicule et dégradante. Pourtant, les gens le font. Ils bouffent. Ils s'empiffrent. Eh bien c'est ça : empiffrez-vous !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mercredi 16 avril 2025

Faible rendement de Meaulnes

 

Dans le roman d'Alain-Fournier, le Grand Meaulnes semble souffrir d'un problème de joint spi. Il perd de l'huile et manque de compression. Ce n'est pas forcément le joint spi, mais une chose est sûre : il présente une anomalie au niveau du « bloc moteur ». Pourquoi, sinon, dirait-il des choses telles que : « Apprends-le, Seurel : j'ai écrit à ma mère jeudi dernier pour lui demander de finir mes études à Paris » ? Ça ne tient pas debout !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Fin mot du bartlebisme

 

Si Bartleby « préfère ne pas », ce n'est pas pour plaire à une petite élite dont il n'a cure, ni à cette entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Il ne croit pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. S'il préfère ne pas, c'est pour la simple raison que tout le fait chier. Et on le comprend parce que justement, nous aussi !!!
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Comble de bougre

 

D'où vient que les seuls personnages littéraires selon notre cœur sont les « hommes de trop »? Les Oblomov, les Bartleby, les Ivanov et tutti quanti ? Est-ce qu'on serait soi aussi, par hasard, un « homme de trop » ? Ce serait un comble, et même un comble de bougre !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mardi 15 avril 2025

Fend l'air

 

Comme le « saltimbanque Cocteau », il mangeait des graines de paavo, Nurmi. Mais au lieu de l'endormir ou de lui inspirer des poëmes, ça le faisait courir. Il courait si vite qu'on le surnommait « Fend l'air ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Ou à la Trinité

 

On dit — mais on dit tant de choses — que l'historien Taine aimait beaucoup le bœuf mironton.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Appel de Cochin

 

Les Hollandais arrivent dans le Malabar en 1595. Ils font quelques bulles puis, en 1663, prennent le contrôle de Cochin, répondant ainsi (disent-ils), à quelque mystérieux appel.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Notation mystérieuse de Beuys

 

En avril 1961, alors qu'il est professeur de sculpture à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf, Joseph Beuys note dans son Journal : « Penser à prendre langue avec Bellmer. » Le plasticien dusseldorfois envisageait-il une collaboration ? Voulait-il inviter Bellmer à donner une conférence ? Nous ne pouvons ici que faire des conjectures.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

lundi 14 avril 2025

Langue du plasticien Bellmer

 

Hans Bellmer n'était pas qu'un plasticien original, il était aussi un bon écrivain. Thomas Mann vante sa « belle langue » (seine schöne Sprache).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Orgueil insensé des gens de lettres


Aligner des mots n'est pas sorcier, pourtant tous les écrivains sans exception « se croivent ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Aplomb incroyable du Père Huc

 

Le toupet de ce Père Huc ! On lui dit de ne pas aller au Thibet, et il y va quand même ! Il n'en fait qu'à sa tête !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

dimanche 13 avril 2025

Littérature inutile

 

Vous êtes dans une librairie, vous ouvrez un livre au hasard, et vous constatez horrifié que toutes les phrases qu'il contient sont inutiles. Vous répétez l'expérience avec d'autres volumes, une fois, deux fois, dix fois, et vous obtenez le même résultat. Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que c'est que ce « binz » ?
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Frayeur du Père Huc

 

Tandis qu'il cheminait paisiblement sur la route de Lhassa en compagnie du Père Joseph Gabet et du lama Samdadchiemba, le Père Huc vit soudain un énorme yak charger son convoi. Émotif comme il était, et craignant tout de suite le pire, le Père Huc se fit des cheveux. Heureusement, il y eut plus de peur que de mal : un chameau terrorisé perdit son bât et ce fut tout.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Connaître pi (et souffrir)

 

La mathématicienne, au motif qu'elle s'occupe de trigonométrie, assure ne pouvoir travailler qu'avec pi connu. Mais sait-elle qu'elle s'expose à ressentir de cuisantes douleurs au niveau du « fondement de l'historialité du Dasein » ?
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Le cas que rien

 

L'homme est un incorrigible optimiste. Contre tout évidence, il s'obstine à croire qu'« il est possible qu'il sera le cas que phi » — où phi désigne une proposition booléenne quelconque, par exemple « ceci est ma main ». Il ne veut pas comprendre qu'il ne sera jamais le cas que rien — que nous sommes bel et bien foutus.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

samedi 12 avril 2025

Imitation de Dacier

 

N'était qu'il faut becqueter, on enverrait tout le truc aux chiottes et on s'asseoirait dans un fauteuil relax — oui : comme Robert Dacier. Et on ne ferait rien mais alors ce qui s'appelle rien. Ah !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Walser fait des gueva

 

Le médecin-chef de la clinique psychiatrique de Herisau disait qu'il avait « le Walser qui zaifeu des gueva » lorsque l'écrivain s'agitait et se lamentait parce que la clinique n'était pas le « très techouai yonvipa » qu'on lui avait promis.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Philosophie grecque : à quel saint se vouer ?

 

Il vaut peut-être mieux se tirlipoter le clinamen avec Épicure que boire la tasse avec Archytas en essayant de dupliquer un cube ; mais après tout chacun ses goûts.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

vendredi 11 avril 2025

Plaintes du Titien

 

Quand on oubliait de lui donner sa pâtée, le Titien poussait des cris à fendre l'âme, des cris qu'on aurait dit hérités du Giorgione, en tout cas typiques du tonalisme vénitien.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Un râté du Pérugin

 

À en juger par la copie qui en est restée, le Saint Jérôme du couvent de San Martino n'avait rien de la grâce ni de l'amabilité que présente habituellement le coloris du Pérugin. On se demande ce qu'il a pu se passer pour que le peintre « déraille » à ce point. A-t-il été maléficié par le Bramante ?
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Oubli de l'épochè

 

Arcésilas de Pitane professait un scepticisme total. C'est lui, selon Victor Brochard, qui a inventé la notion de « suspension du jugement ». Mais pour être sceptique on n'en est pas moins homme, et quand il rencontrait quelqu'un de Pitane, il oubliait l'épochè et lui disait : « Alors comme ça toi aussi t'es de Pitane ? C'est fou comme le monde est petit ! » Et l'autre répondait : « Ouais, t'as vu ça ? »
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Pas ça

 

Edmond-Henri Crisinel n'a pas « victorieusement fui le suicide beau ». Au contraire, il s'est immergé dans le lac Léman jusqu'à ce que mort s'ensuive. Il trouvait que la vie n'était « pas ça ». « Ma route est d'un pays où vivre me déchire », écrit-il dans un de ses poëmes où il annonce, si l'on peut dire, la couleur.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

jeudi 10 avril 2025

Projet de « biopic »

 

Un drôle de parnassien, avec Bourvil dans le rôle de José-Maria de Heredia.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)