« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
lundi 4 février 2019
Une idée aux pommes
Ce qui est « rien bath », avec l'idée de l'homicide de soi-même, c'est qu'en même temps qu'elle donne à chacun la certitude de son destin, elle lui est concurremment un impératif moral pour tous les conflits et la solution technique de toutes les difficultés.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Tellure
11 décembre. — « Lorsqu'une dissolution contient de l'acide tellureux dissout dans d'autres acides, notamment dans de l'acide sulfurique, on pourrait le déterminer en évaporant la liqueur à siccité, et en fondant le résidu sec dans un creuset de platine, ce qui volatiliserait l'acide sulfurique et laisserait l'acide tellureux à l'état cristallin. Si le tellure est à l'état d'acide tellurique dans une dissolution, on traite celle-ci, à chaud, par de l'acide chlorhydrique, jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus de chlore gazeux : alors l'acide tellurique est converti en acide tellureux, qu'on réduit, comme il a été dit, au moyen de l'acide sulfureux. » (Heinrich Rose, Traité pratique d'analyse chimique, Paris, J.-B. Baillière, 1843)
— Tout cela est vrai, sans doute, mais d'après Gragerfis, on peut aussi, quand on opère sur une dissolution de tellurates, déterminer l'acide tellurique comme tellurate argentique basique.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
dimanche 3 février 2019
Généralisation radicale et finale
Le procédé de la généralisation, par lequel la géométrie de Riemann a résorbé celle d'Euclide et la physique relativiste celle de Newton en les admettant comme cas particuliers d'une synthèse plus compréhensive, indique au suicidé philosophique la voie à suivre : il doit se généraliser jusqu'à ce que mort s'ensuive.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Gloméris
29 janvier. — « Les gloméris paraissent véritablement distincts des iules. Leur corps ne se roule point en spirale, mais se contracte en boule comme celui des cloportes, et offre en-dessous une rangée de petites écailles de chaque côté, qui recouvrent la base des pattes. Les parties de leur bouche ne sont pas encore déterminées, mais il est probable qu'elles sont analogues à celles des iules. Ce genre, établi par M. Latreille, termine les myriapodes et la branche isolée des arachnides crustacéennes. Les animaux qu'il comprend sont, les uns terrestres, et vivent sous les pierres, aux lieux montueux, et les autres vivent dans la mer. Ils semblent conduire aux cloportes dont ils diffèrent au moins par leurs pattes plus nombreuses et par leur défaut de queue. Nous pensons, comme M. Latreille, que c'est près d'eux qu'il faudrait ranger les trilobites, si leurs caractères essentiels étaient connus. » (Jean-Baptiste de Lamarck, Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, Paris Deterville, 1818)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Jugement péremptoire
Selon Gragerfis (Journal d'un cénobite mondain), « l'examen de la réalité empirique est fait pour apporter à qui s'y livre à peu près tous les dégoûts ». — Problème de cohabitation avec une belle-mère envahissante ? Fragilité psychologique ? Besoin compulsif d'« épater le bourgeois » ? Peut-on jamais savoir avec certitude ce qui pousse un homme à dénigrer la réalité empirique ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Pseudopode
Le pseudopode est une expansion du protoplasme qui sert d'appareil locomoteur ou préhenseur aux protozoaires et aux leucocytes.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Vertu civilisatrice du pachynihil
18 décembre. — « Si quelqu'un, dans un esprit de prosélytisme, s'avisait de porter l'idée du Rien chez les Sicambres, enfoncés dans leurs marais, ou chez les Alains, habitants du Caucase, ou chez les Gélons, qui boivent le lait de leurs cavales, à coup sûr elle amollirait les cœurs endurcis de ces peuples sauvages et barbares, et relâcherait leurs fibres engourdies ; leur stupide et féroce ignorance, qui, dans eux comme dans les bêtes, est inepte, brute et impérieuse, ne serait plus l'objet de nos railleries, de nos mépris et de nos craintes. » (Sidoine Apollinaire, Correspondance)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
samedi 2 février 2019
L'hygiéniste parle
« Je suis le sergent d'armement Touraine et votre chef instructeur. Ici, vous n'êtes que des vrais connards, est-ce que c'est clair ?
Tous : Chef, oui, chef !
Sergent Touraine : Ici, il est interdit de boire et de fumer ! Vous devez manger cinq fruits et légumes par jour ! Vous allez durer, bande d'enfoirés ! Est-ce bien clair ?
Tous : Chef, oui, chef !
Sergent Touraine : Mon cul, je n'entend rien ! Montrez-moi que vous en avez une paire !
Tous : Nous allons durer, chef !
Sergent Touraine : C'est ça ! Sinon, vous me ferez du parcours à en crever la gueule ouverte !! Vous me ferez du parcours à en têter du p’tit lait par le fion... »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Idée fixe
Quand je me promène, insoucieux des chausse-trapes, dans le steppe interminable des heures vagues, ma morosité me ramène à ce point fixe : l'extinction des possibles.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Graine de panais
23 décembre. — « Une dernière observation dont il faudrait justifier l'authenticité, car je ne peux la garantir, c'est qu'on doit éviter que les chats se couchent sur les sacs dans lesquels serait contenue de la graine de panais. Les agriculteurs, soit par tradition, soit par expérience, prétendent qu'elle ne pousserait pas. — Signé, le Sous-Préfet de Morlaix, Duquesne. » (Nicolas François de Neufchâteau, Résultat des expériences sur la carotte et le panais cultivés en plein champ, Paris, Bossange, 1804)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Dualisme minoen
Les scènes de défécation représentées sur les fresques de Knossos montrent bien le dualisme fondamental de la société minoenne : l'extrême élégance de l'art au service des plus nocturnes phénomènes vitaux. Tel un « boyau culier », le monde des anciens Crétois paraît être régi par des forces profondes, des impératifs dyonisiaques, des impulsions telluriques. On est loin de l'intellectualisme des Milésiens, incomparablement plus riche en fibres, solubles et insolubles !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Envahissement par le pachynihil
20 décembre. — « L'apparition de l'idée du Rien s'accompagne en général de divers symptômes : les malades sont atteints d'une morosité sombre et d'une accablante mélancolie ; ils ne peuvent triompher de l'état de tristesse qui les gagne. Il survient dans les forces un état extraordinaire de lassitude et de foiblesse, qu'aucun repos ni aliment ne sauroient réparer. — Mais presque aussi souvent, les malades n'éprouvent rien qui fasse soupçonner l'invasion profonde de cette idée affreuse ; et le pachynihil a déjà poussé des racines profondes, qu'on s'aperçoit à peine du danger qu'il entraîne. » (Jean-Louis Alibert, Précis théorique et pratique sur les maladies du Moi, Paris, Caille et Ravier, 1818)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
vendredi 1 février 2019
Un moderne Fantômas
L'excrément joue, dans l'imaginaire moderne, le rôle que tenait jadis dans le roman policier le fameux « Homme-aux-verres-fumés » si bien décrit par Pierre Véry dans Les Métamorphoses : « l'empereur de l'épouvante, le maître des transformations saugrenues, celui qui modèle à volonté son visage et dont le costume, perpétuellement changeant, défie toute description ; celui à qui ne s'applique aucun signalement..., celui sur qui les balles ne portent pas, sur qui s'émoussent les lames, qui absorbe les poisons comme d'autres le lait ». — Ces quelques traits ne peignent-ils pas le « Suisse » tout entier et tout nu ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Branle du Poitou
Indifférent au cataclysme destinal, à la tragi-comédie du devenir, comment trouvé-je encore le ressort suffisant pour bousculer le squelette vermoulu de l'historicité 1, et le mien propre ?
1. Rappelons que l'historicité « se dit du Dasein dans son avoir-à-être ».
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Saucissons
19 décembre. — « Elles [les matières accumulées] peuvent former des saucissons ayant une consistance uniforme de mortier épais, des scybales au-dessus desquelles sont des matières molles ou liquides. Le n° 363 du musée Dupuytren montre l'iléon obturé par une seule boule fécale concrète du volume d'une grosse noix. — La quantité des matières peut aller à quatre livres (Lévi), — et même à treize livres (Lemazurier). » (A. Duchaussoy, « Anatomie pathologique des étranglements internes », in Mémoires de l'Académie impériale de médecine, Tome 24, Paris, J.-B. Baillière, 1860)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Sacralité du « cas » en Afrique
Hermann Baumann discerne dans l'ensemble des mythes africains la figure d'un démiurge guérisseur, démon de la campagne et du maquis, qui trouve habituellement sa matérialisation concrète dans l'excrément. Parmi ces dieux malodorants, on peut citer, au premier plan, Kaggen des Boschimans, Nava, des Khun, Gamab, des Heikom et des Bergmada, Hise des Naron, Huwe des Khun de l'Angola, mais il faut aussi mentionner comme leur étant étroitement apparentés Tule chez les Azande, Tere chez les Banda, Mba chez les Babua, Nvene chez les Mogwandi, Azapane chez les Mangbetou et Leh chez les Barambo, participant dans une mesure variable de deux types extrêmes particulièrement nets : Kaggen, l'étron fuselé — le « cigare japonais » — qu'adorent les Boschimans, et Ananse, l'excrément en forme de tourte vénéré par les Aschanti, à l'ouest du Soudan.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Rien n'arrive (sauf la mort)
Heureux celui qui, comme Schopenhauer, pense que seul le pire arrive. En fait, rien n'arrive : c'est toujours l'ennui, le vide, la léthargie, à perte de vue...
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Férillet et le Rien
22 décembre. — « Dans ses Exercices de lypémanie, Férillet évacue sciemment les paysages urbains au profit du Rien, désert improbable parsemé de ronces, de rocs retors et de piquants, espace désespérant dont Shelley déjà disait l'oppressante mélancolie. » (Edmond Jaloux, Introduction à l'histoire de la littérature française, Genève, Pierre Cailler, 1946)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
jeudi 31 janvier 2019
Dévitalisation
L'assimilation au Rien vers laquelle tend le suicidé philosophique s'accompagne obligatoirement d'une diminution du sentiment de la personnalité et de la vie. Le suicidé philosophique mime le minéral — schiste, gneiss, feldspath, grauwacke selon les cas — et dissimule ou abandonne ses fonctions de relations. La vie recule d'un degré.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
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