« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
jeudi 2 août 2018
Bêtes à cornes
En 1915, Heidegger présente sa thèse d'habilitation écrite sous la direction du professeur Heinrich Rickert, thèse qui se présente un peu pompeusement comme un Traité des catégories et de la signification chez Duns Scot.
On sait que Duns Scot, toujours avide de se singulariser, oppose à la doctrine thomiste de l'analogie de l'être sa propre doctrine de l'univocité de l'être : le concept d'étant se définit de la même manière pour tout ce qui est, y compris Dieu. La différence entre Dieu et les créatures n'est pas de nature ontologique comme chez Thomas d'Aquin ou Maître Eckhart, elle tient simplement à ce que Dieu est infini tandis que la créature est engoncée dans une redingote d'haeccéité.
D'autre part, Duns Scot élabore une métaphysique de la singularité fondée sur le concept d'individuation, pas très éloigné du Dasein heideggérien mais sans tous les « être-quelque-chose » qui agrémenteront celui-ci chez le pétulant ontologue de la Forêt-Noire.
Enfin, Duns Scot s'oppose au nominalisme et refuse d'appeler « bête à cornes » une vache asiatique qui n'en possède pas.
Voilà, in nuce, le contenu du « Traité » soumis par Heidegger, qui lui vaut maintenant d'être appelé « Herr Doktor Professor » par ses partenaires de billard au Rheingold et de se regarder enfin lui-même comme un « vrai philosophe ».
(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire